Beyond the Macabre

Paganizer

24/06/2022

Transcending Obscurity

Swedish Death et je n’ai pas besoin d’en dire plus.

Tous les fans ont déjà des images sonores bien précises en tête, d’ENTOMBED à DISMEMBER, en passant par UNLEASHED ou GRAVE. Quatre influences majeures que les jeunes musiciens épuisent jusqu’à la lie, et qui constituent le terreau fertile de la nostalgie, imposée à grands coups de pelle dans le cimetière des idées nouvelles. En matière de Swedish Death, il n’y a qu’une école finalement, celle de la HM-2, du chant raclé à l’agonie, en passant par les riffs dégelés et les rythmiques stables. Sans oublier évidemment ces mélodies maladives, ramenées en Suède par la première vague de Melodeath, et la combinaison est donc plutôt simple. Et celle opérée par les originaires de Gamleby l’est, sans conteste.

PAGANIZER est une AOC qui accuse aujourd’hui plus de vingt ans d’âge, presque vingt-cinq pour être précis, et qui nous livre avec Beyond the Macabre son douzième album, trois ans après un The Tower of the Morbid dont je vous avais entretenu en ces colonnes. J’avais même poussé le vice de l’information jusqu’à la compilation estampillée 2020 Compiled Ammunition, qui a depuis connu pas mal de suites, sous le même format, ou bien en EP et splits en tout genre. Mais rassurez-vous, comme Julio Iglésias, PAGANIZER n’a pas changé, reste toujours le monstre morbide qu’il était, à tel point que ce nouvel album a lui aussi de faux airs de compilation, le groupe ayant trouvé sa vitesse de croisière depuis longtemps.

Son nickel, attitude ferme, violence de congélateur, PAGANIZER n’a pas dévié d’un iota de sa trajectoire, destinée à percuter les électrons libres de l’époque, et de nous ramener à l’orée des années 90, lorsque le Death suédois faisait la nique à son cousin américain du fin fond des studios Sunlight. Les choses n’ont pas changé, tampon old-school oblige, mais l’efficacité est encore plus probante que par le passé. En comblant par la puissance ce qui lui fait défaut en originalité, PAGANIZER nous délivre une fois de plus notre pesant de drogue macabre, de celles qui vous propulsent dans un univers Lovecraftien peuplé de monstres et autres menaces de l’ombre.

Beyond the Macabre n’est finalement que la retranscription fidèle de son titre. Aller au-delà du macabre pour retrouver l’essence de cette bestialité clinique et rigide, pour faire plaisir aux amateurs de passé toujours pas enterré. En faisant la jonction entre les diverses générations de Death national, le quatuor (Rogga Johansson - chant/guitare, Matthias Fiebig - batterie, Martin Klasén - basse et Kjetil Lynghaug - guitare) propose donc du formel respectueux mais aussi du plus personnel et teigneux, et si les spécialistes de la cause balaieront d’un revers de formule l’importance de ce concept, les autres, moins regardant et pointilleux se satisferont de ce gigantesque melting-pot de références qui groove, qui aplatit et qui éviscère dans la neige.  

Je suis d’accord, on pourrait résumer la chose par le lapidaire : c’est du Rogga Johansson. Et si cette assertion est restrictive, elle n’en est pas moins vraie pour autant. Au sein de PAGANIZER, Rogga continue d’empiler les pierres pour sa tour de Babel, et ne délivre qu’un seul message : le Death, c’est true ou ça n’est pas du tout. Alors, inutile de souligner que PAGANIZER est un projet comme un autre pour le prolifique musicien, puisque tous ses groupes se ressemblent, et gravitent dans la galaxie nostalgique d’un Death joué simplement, avec les tripes encore fumantes, et quelques mélodies tournoyantes comme des vautours au-dessus d’une charogne.

D’autant que PAGANIZER est l’un des projets les plus fiables et stables de Rogga. Et ceux qui en ont marre de subir ses assauts répétés peuvent passer leur chemin, ils ne nous manqueront pas. Tous les morceaux présentés ici semblent avoir connu des versions béta sur d’autres disques du superman de la mort, et finalement, on sait d’avance à quelle sauce on va être bouffé. Mais l’énergie insufflée au projet, son authenticité revendiquée en font une formule diablement efficace,  qui nous rappelle pourquoi la Suède est devenue notre patrie d’adoption entre 1989 et 1995.

C’est redondant à l’extrême (« Menschenfresser »), oppressant et gravissime (« Down the Path of Decay », « Beyond the Macabre »), parfois ambitieux (« Unpeaceful End »), mais toujours plaisant pour qui aime un bon quart d’heure de slows dansés avec les années les plus essentielles du mouvement cruel suédois. Alors, en fin de compte, on n’apprend rien de nouveau, Rogga continue d’empiler les projets et les albums, mais se ressourcer a quelque chose de cathartique spécialement lorsque la fontaine de jouvence est gardée par de tels passionnés.         

    

Swedish Death, et je n’ai pas besoin d’en dire plus.

        

Titres de l’album :

01. Down the Path of Decay

02. Left Behind to Rot

03. Meatpacker

04. Sleepwalker

05. Succumb to the Succubus

06. Raving Rhymes of Rot

07. Beyond the Macabre

08. Menschenfresser

09. You Are What You Devour

10. Unpeaceful End


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par mortne2001 le 03/04/2023 à 17:44
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