Comme déjà dit des centaines de fois, le chroniqueur se base parfois sur des éléments très superficiels pour juger de l’importance d’une sortie. Une sale pochette peut éventuellement l’éloigner d’un bon album, et celle décorant le premier LP du projet presque solo BLACK ROSE MAZE est de celles qui n’incitent pas le réfractaire au Metal symphonique à faire un effort et saisir son clavier. Avec cette cantatrice en robe d’apocalypse sur fond de décor de soie, ou l’inverse, ce LP empestait les vocalises en arabesque et les riffs prétextes à une mise en avant d’un talent vocal supposément hérité de l’opéra le plus puriste, soit l’ennui total pour qui attrape des boutons rien qu’à l’évocation des noms NIGHTWISH ou THEATRE OF TRAGEDY. Mais heureusement, les bios sont là pour donner des indices supplémentaires, et c’est très logiquement qu’après avoir lu les arguments promotionnels relatifs à cette sortie, j’ai jugé plus qu’opportun de lui consacrer quelques lignes. Si je vous dis Alessandro Del Vecchio à la production, basse, claviers, composition, vous aurez immédiatement rattaché la chose au label Frontiers, et ce réflexe est effectivement le bon. Mais si le producteur maison est impliqué jusqu’au bout des cheveux dans ce projet, ce groupe n’en est pas pour autant le nouveau super concept lancé par Serafino, mais le premier véritable effort anglophone solo de la chanteuse Rosa Laricchiuta. Face à vos minois plein d’interrogations que je devine derrière mon écran, je tiens à préciser que Rosa est parfaitement inconnue dans nos contrées, mais qu’elle est déjà une star montante dans son Canada natal. Née à Montréal, la chanteuse a en effet rallié la finale du télé-crochet « La Voix », l’équivalent de « The Voice » chez nos cousins du froid, et elle a pu partager la scène avec des pointures de la trempe de DEF LEPPARD, Kelly CLARKSON, Jean LELOUP et son idole, Melissa ETHERIDGE.
Déjà auteure d’un premier effort solo en français en 2015, qui portait seulement son prénom, la chanteuse a ensuite privilégié la langue de Shakespeare pour son second EP, Free, paru en 2017, puis elle s’est mise au travail pour offrir à son public de plus en plus fourni une véritable œuvre ambitieuse, rassemblant un maximum de ses compositions, mais aussi d’autres offertes par Clif Magness (Steve PERRY, Avril LAVIGNE), Nasson (CHAOS MAGIC, SINNER'S BLOOD) et bien évidemment Alessandro Del Vecchio (HARDLINE, JORN, REVOLUTION SAINTS). Un album aux couleurs d’un Hard Rock moderne, incisif, qui n’oublie toutefois pas l’importance des grands anciens, et qui porte évidemment la griffe de sa célèbre maison de disque, rappelant par la même le premier LP d’ELECTRIC MOB, avec un autre concurrent de The Voice, Renan Zontan. Frontiers se recyclerait-il dans le formatage Hard des gloires de la télévision ? C’est ce qu’il semblerait, mais n’oublions pas avant tout que si ces artistes sont allés aussi loin sur les marches de la célébrité du petit écran, c’est qu’ils ont une voix, de celles qu’on n’oublie pas, et autant dire que de ce côté-là, Rosa Laricchiuta est plutôt gâtée par la nature. Son timbre ressemble à une synthèse de toutes ces chanteuses qu’on aime tant, les Doro, Pat Benatar, Alannah Myles, et toutes celles qui n’oublient pas la puissance au placard, sans délaisser la délicatesse et les modulations. On a même parfois le sentiment d’écouter un album chanté conjointement par David Coverdale et Lita Ford, tant l’organe de la canadienne à cette dualité androgyne qui lui offre un éventail de possibilités impressionnant.
Musicalement, les pistes proposent bien sûr un Hard Rock typiquement européen, fier, racé, légèrement lyrique sur les bords, et symptomatique de toutes les productions italiennes de ces dix dernières années. Avec un son élaboré par le maître des lieux en personne, BLACK ROSE MAZE sonne imposant, avec ses guitares rugissantes et sa rythmique surpuissante, mais en bon capitaine, Alessandro s’est aussi adapté à la personnalité artistique de sa chanteuse, lui offrant des espaces plus grands parfois en refusant la compression trop prononcée, ce qui permet à Rosa de proposer un Pop-Rock qui lui est plus coutumier (« Only You »). Mais ne vous y trompez pas, l’ensemble sonne comme un véritable album de Hard-Rock, convaincant, agressif, mais qui a été agencé avec intelligence pour laisser place aux différentes états d’esprit de l’interprète. C’est ainsi que cet éponyme commence par un véritable hymne qui font les vraies entames de concert les plus probantes, et « In The Dark » de nous secouer la tignasse tout en nous donnant un aperçu du talent vocal de Rosa. Son chant puissant et légèrement éraillé parfois convient parfaitement aux écrins qu’elle s’est elle-même taillés, et s’adapte à merveille aux compositions extérieures, tout en s’accordant encore une fois d’un duo, avec la légende Jeff Scott Soto, venu taper le duel sur « Laws Of Attraction ». Entre Hard dur, AOR renforcé, et Pop-Rock boosté, BLACK ROSE MAZE montre tous les aspects de la personnalité de cette chanteuse attachante, au coffre impressionnant, et le voyage évoque parfois JOURNEY, REVOLUTION SAINTS, et d’autres références plus cachées que chacun saura dénicher au moment voulu.
Le problème de ce genre d’album est généralement sa trop grande diversité, ou au contraire, sa trop évidente linéarité. Allessandro et Rosa ont très intelligemment évité le problème, le premier en élaborant un son s’adaptant à tous les styles mais gardant un fil rouge fermement en main, et la seconde en proposant des chansons variées, mais toute unie par un même thème : sa propre expérience, et son combat dans l’ombre pour enfin vivre de sa passion, après des années de petites scènes. Car si Rosa s’est fait remarquer à la télévision, elle n’en a pas moins ramé pour en arriver là, ce qui fait que son interprétation bénéficie d’une incroyable maturité. On le sent vocalement sur des morceaux comme « Let Me Be Me », en forme d’aveu, ou « Look At Me Now », plus intimiste et révélateur des intentions de la chanteuse. Se faire remarquer oui, mais par son talent et non son opportunisme, et tout l’album passe agréablement, réservant parfois des surprises, comme cet endiablé « Maze », plus Heavy que la moyenne, et avec un backing-band solide (Andrea Seveso - guitare, Michele Sanna - batterie et bien sûr Alessandro Del Vecchio - basse et claviers, la crème des requins transalpins), Black Rose Maze enchante, touche, émeut parfois, donne des fourmis dans les pieds (« You Can't Stop Me »), et nous laisse avec des étoiles dans les oreilles et des nuits mélodiques enivrantes (« Call Me Now »). Un premier album solide, qui témoigne du passé d’une chanteuse enfin parvenue au stade de révélation indéniable, et dont la voix n’a pas fini de faire chavirer les cœurs de rockeurs du monde entier.
Titres de l’album:
01. In The Dark
02. Laws Of Attraction (Feat. Jeff Scott Soto)
03. Let Me Be Me
04. Free
05. Look At Me Now
06. Maze
07. Let Me Go
08. Only You
09. Earth Calling
10. You Can't Stop Me
11. Call Me Now
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19