Blodsbaand

Blodsbaand

17/07/2020

Autoproduction

Premier album pour ce collectif norvégien, qui dès le départ, souhaite échapper à toute catégorisation trop précise. Si le groupe accepte de se voir placé dans un créneau Stoner qu’il aurait du mal à nier, il réclame quand même le droit d’inclure dans sa musique des éléments de Thrash ainsi que de Hard Rock contemporain, ce qui confère à ce premier album une aura très particulière. Fondé en novembre 2012, BLODSBAAND aura donc patienté huit ans pour nous proposer son premier LP, sans qu’une démo ou autre EP ne soit recensé sur les sites spécialisés. On peut donc estimer qu’ils ont largement eu le temps de roder leur répertoire dans les salles de répétition ou sur les petites scènes, et c’est armé d’un professionnalisme certain qu’ils abordent cette première et importante étape de leur carrière. Le quatuor (Sindre Strandengen Støle - chant et guitare, Knut Andreas Kristensen - guitare, Jarl Sindre Ledang - basse et Jens Noteng - batterie) utilise donc bien des codes pour nous offrir une musique moins prévisible que celle de certains de leurs homologues, même si leurs influences se font parfois bien sentir au détour d’un riff, d’une tierce ou d’une impulsion vocale. En lâchant plus de cinquante minutes de musique, les norvégiens ont pris un gros risque, et pourtant, leur album ne lasse jamais, grâce à cette volonté de ne pas s’attacher qu’à un seul et unique courant. Ne vous attendez donc pas à une énième digression fat ou Desert Rock vous entraînant sur la piste de KYUSS, car les gaillards ont d’autres ambitions, classiques certes, mais assez notables. C’est ainsi qu’ils n’hésitent pas à durcir leurs morceaux pour les faire se rapprocher des débuts du Thrash de 83, tout en admettant l’importance de la NWOBHM qu’ils citent parfois en faisant allusion aux maîtres de THIN LIZZY. De tout donc, mais pas n’importe quoi pour un premier éponyme savamment agencé et intelligemment composé.

On le sait, le travers habituel de ce genre d’album est sa propension à laisser traîner une idée unique pour la transformer en jam session, idée parfois fertile et spontanée, mais souvent redondante et gênante. Ce principe ne s’applique que très rarement ici, lorsqu’un thème parvient à s’imposer pendant quelques minutes, mais pas forcément sur les segments les plus développés, comme le prouve le plutôt court « Tired » qui ressemble à s’y méprendre à un ad lib du SAB de 71/72, mais qui dégage un parfum de naturel enivrant. Deux titres seulement s’éternisent sur Blodsbaand, « Creature » et « Butterfly », totalisant seize minutes à eux deux, mais le reste du tracklisting privilégie les morceaux raisonnables, au groove contagieux, et aux effluves seventies très prononcées. Ce qui n’empêche pas « Universal War » de sonner comme un leftover obscur de METALLICA période Kill Em’All, avec son riff calqué sur celui de « The Four Horsemen », et on comprend donc assez rapidement que la culture musicale des quatre norvégiens leur permet des audaces que leurs concurrents préfèrent laisser au placard de la tradition. Ici, pas de purisme qui tienne, les querelles de clocher n’ayant pas place dans cette optique, et les musiciens de piocher au hasard des décennies de quoi alimenter leur imagination, qu’elle vagabonde du côté des seventies ou qu’elle s’attarde sur les néons des eighties. Instrumentistes capables mais humbles, les BLODSBAAND ne sont pas là pour faire de la démonstration stérile, mais bien pour jouer du Rock, ce que l’entame « Heart of Thunder » prouve sans ambages de ses riffs maousses et de son ambiance de fête collective aux citations multiples. On croit reconnaître sur ce morceaux des tics symptomatiques des SMASHING PUMPKINS, d’autres de TROUBLE, des instincts nous ramenant aux lourdeurs des QOTSA, mais aussi des réflexes plus typiquement MASTODON ou ST VITUS, sans que le groupe ne sombre dans la lourdeur facile d’un plombage Doom pénible. On se demande même si les CHANNEL ZERO et SOUNDGARDEN n’ont pas refilé deux ou trois trucs aux mecs pour qu’ils sonnent plus contemporains et alternatifs que la moyenne, mais en tout cas, le résultat est aussi probant que délicieux en oreilles.

Comme vous l’avez compris, Blodsbaand n’est pas l’album standard de Stoner où tout est prévisible du début à la fin, de la progression globale au moindre petit détail. On passa sans vergogne de petits quickies fast n’rock à des morceaux plus développés et ambiancés, à l’image de ce trépidant « Vinterkrig » et sa guitare acoustique délicate en introduction. Le groupe fait donc preuve d’imagination, mais aussi d’une terrible énergie qui les rapproche encore plus du Punk, sans ce côté sommaire et brut qui aurait pu entacher les mélodies les plus subtiles. N’hésitant pas à faire appel à une double grosse caisse à la Philty Taylor, les norvégiens ne se brident jamais, mais laissent quand même le chant faire le boulot en imposant des harmonies simples, mais méchamment mémorisables. Il n’est d’ailleurs pas interdit de penser parfois aux voisins de GRAVEYARD, les réflexes bluesy en moins, ou même à une version plus légère du CORROSION OF CONFORMITY des nineties, sans oublier les plus récents HAUNT pour ces va-et-vient du côté de la NWOBHM. De tout donc, mais surtout pas n’importe quoi, et lorsque la montre refuse de s’arrêter, la créativité en fait de même, et c’est avec délice que nous apprécions le crescendo de « Butterfly », qui loin du vol erratique du papillon, nous propose un ballet dans les airs, réconciliant Scott Gorham et SATAN. Assez proches parfois d’un mix entre CHANNEL ZERO, IRON MAIDEN et 7 WEEKS, les BLODSBAAND sont donc des esprits libres qui n’ont pas oublié que seul le Rock, le vrai, compte et doit être au centre des débats. Qu’il soit joué Hard ou cool, peu importe, seul compte le résultat, qu’il déborde de feeling et d’énergie (« Sky »), ou qu’il emprunte au Heavy Metal des origines sa puissance et sa hargne (« Void »).

La prod’, assez neutre ne s’ancre dans aucune époque en particulier, mais soigne les guitares aux petits oignons, en leur offrant un son terriblement clair. Le final « Sky Death and Glory » en profite d’ailleurs pour proposer une synthèse de tout ce qui a précédé, avec ces passages presque Punk dans les chœurs, et ces accélérations qui font trembler les pieds. Un premier album sauvage, affranchi de toute contrainte, mais qui respecte certaines règles, dont celle d’une qualité constante. Un groupe à part, à suivre, auquel on s’attache très vite, et qui nous rappelle que débarrassé de tous ses artifices, les Rock reste encore la forme de rébellion la plus pure.      

 

                  

Titres de l’album:

01. Heart of Thunder

02. Universal War

03. Wizard

04. Vinterkrig

05. Tired

06. Creature

07. Butterfly

08. Sky

09. Void

10. Sky Death and Glory


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par mortne2001 le 28/03/2021 à 19:15
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