Casting The Die

Solstice

07/05/2021

Emanzipation Productions

Voilà une nouveauté qui fait plaisir, d’autant que peu avaient pu l’anticiper. Il faut dire que SOLSTICE n’est pas le genre de groupe à publier des albums avec régularité, ce qui lui a sans doute coûté un statut beaucoup plus prestigieux que celui dont il bénéficie aujourd’hui. Mais les amateurs de Death/Thrash sévère et groovy n’ont jamais oublié les sensations ressenties à l’écoute de son premier éponyme, qui à l’époque l’avait catapulté « espoir brutal de l’année ». Il faut dire qu’à l’instar d’EXORDER ou DEMOLITION HAMMER, les américains avaient de quoi impressionner l’amateur de violence intelligente, et si les départs et retours des membres n’avaient pas handicapé le projet, SOLSTICE serait aujourd’hui la référence la plus solide de l’underground.

Lancé en 1990 du côté de la Floride de Miami, SOLSTICE n’avait pas perdu de temps, et un an à peine après sa première démo, avait poussé les meubles dans le salon du Thrash avec un premier LP éponyme qui frappait aussi fort qu’une horde de huns déménageurs. Considéré à juste titre comme l’un des hauts-faits de la brutalité maîtrisée des nineties, Solstice, l’éponyme, reste encore aujourd’hui l’une des pierres angulaires d’un genre particulièrement exigeant, de ceux qui tassent la concurrence au fond de la poubelle des souvenirs. Mis sur pied par trois musiciens particulièrement capables, Rob Barrett, Alex Marquez, et Dennis Munoz, SOLSTICE n’a pas vraiment eu le temps de prendre son envol, puisque à peine le premier chapitre de son histoire écrit, deux de ses membres se sont envolés pour tutoyer les cieux en compagnie de MALEVOLENT CREATION, l’autre star Death/Thrash des années 90. Rob Barrett prit encore une fois la tangente en 1993 pour soutenir la production bouchère de CANNIBAL CORPSE, et c’est donc un groupe désuni à la formation rafistolée qui a continué son parcours pour nous offrir le lapidaire Pray en 1995, avant de disparaître corps et âme jusqu’en 2009, et le retour inopiné de To Dust. Et onze ans après cette dernière livraison, les deux seuls membres fondateurs restant reviennent sur l’arrière de la scène avec un quatrième long, qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les premières années de folie du groupe.       

Nous retrouvons donc en 2021 les deux anciens, le batteur hyperactif Alex Marquez (CREATE A KILL, EXCESSIVE BLEEDING, WRECK-DEFY, MURDER SUICIDE, ex-WRECKAGE, ex-RIGHTEOUS PIGS (live), ex-CEPHALIC CARNAGE, ex-DEMOLITION HAMMER, ex-DETHRONED, ex-HELLWITCH, ex-HYPGNOSTIC, ex-MALEVOLENT CREATION, ex-RESURRECTION, ex-THE MORTUARY SOCIETY, ex-THRASH OR DIE, ex-PESSIMIST (live), ex-SARGON, ex-BRUTALITY, ex-ANTAGONIZED, ex-DIVINE EMPIRE, ex-ANGER, excusez du peu, il a été très occupé) et le guitariste Dennis Munoz, flanqués de deux nouvelles recrues, dont l’impressionnant guitariste/chanteur Ryan Taylor (MALEVOLENT CREATION, ex-ATOMIK, ex-COMBAT, BODY BLOW, ex-CONDITION CRITICAL, ex-THRASH OR DIE, ex-LICH KING (live), ex-URBAN WARFARE), qui a rejoint le quatuor alors qu’il n’avait que dix-sept ans. A la basse, le doigté expert de Marcel Salas, et Casting The Die de retrouver l’impulsion bien velue d’un passé pas du tout révolu pour nous mener sur la piste d’un Thrash de maniaque, méchant comme une teigne, mais précis comme une frappe chirurgicale.     

Inutile dès lors de tourner autour du pot, même si Casting the Die n’a pas l’envergure et le charisme de Solstice, il n’en reste pas moins une œuvre fédératrice et solide comme le roc. Les trois minutes et trente-six secondes de « The Altruist » nous rappellent immédiatement pourquoi nous sommes tombés sous le charme de ce groupe unique il y a trente ans ou presque, et le son de l’album, immense et précis ne fait qu’augmenter ce sentiment de nostalgie brutale. Rythmique véloce, riffs solides, chant hargneux, rauque, qui évite les growls putassiers pour rester dans un registre hurlé qui convient parfaitement aux compositions. C’est carré, logique, les parties de double font trembler les écouteurs, et la rage des guitaristes fait plaisir à entendre. Mais c’est bien « Transparent » qui déclenche les hostilités de façon sérieuse, avec son groove imparable, et sa basse ronde et claquée. L’air est chaud, bouillant même, le phrasé de Ryan Taylor est tel un scalpel qui vous tranche la gorge, et le festival de licks en arrière-plan confère à l’ensemble un climat de folie instrumentale presque palpable.

La cohésion de l’album, sa variété dans l’approche, ses quelques fantaisies (l’intro délicieuse de « Who Bleeds Whom » et son riff nostalgique qui n’est pas sans rappeler le « Change (in the House of Flies) des DEFTONES) en font un quatrième tome d’une solidité à toute épreuve, testament de nineties qui ont encore leur mot à crier. Le quatuor n’a pris aucun risque, a privilégié les attaques les plus franches et concises, et s’est éloigné de la déviance d’un EXHORDER qui avait lâché sa véhémence en route pour adopter les contours plus smooth d’un southern Metal mélodique en bouche. Ici, le seul crossover accepté est celui qui confronte le Death/Thrash au Groove le plus fluide, et l‘alternance de saccades classiques mais efficaces et de passages plus lubrifiés fonctionne au premier degré, d’autant que les morceaux sont striés de soli mélodiques parfaitement probants.

D’aucuns se diront sans doute que pour un comeback inespéré, le combo est resté bien sage et en terrain conquis. Mais j’affirme que SOLSTICE sur Casting The Die fait le meilleur SOLSTICE possible, et qu’il y parvient sans problème. Accentuant parfois ses traits de caractère les plus irascibles, en lâchant quelques blasts sur « Outlast », redonnant ses lettres de noblesse au title-track qui se doit de définir les grandes lignes d’un album (« Cast the Die »), le gang floridien signe donc l’album du retour que nous étions en droit d’attendre de lui, et propulse la concurrence de la jeune génération dans les rayons les plus reculés de la bibliothèque du savoir bestial. Sans vraiment s’aventurer hors de ses terres, mais en osant une basse slappée dans un contexte de colère brute, SOLSTICE prouve que ses longues absences n’ont pas nui à sa rage, et que les décennies n’ont pas entamé son enthousiasme.

Un album qui se savoure, encore et encore, qui va mettre tout le monde d’accord, d’accord, et si ça continue encore, et encore, c’est que tout ça n’est que le début. D’accord.  

  

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. The Altruist

02. Transparent

03. Who Bleeds Whom

04. Lifeline

05. Ignite

06. Outlast

07. Seven

08. Embellishment Exposed

09. Cast the Die

10. Eyes Sewn Shut

11. Scratch


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par mortne2001 le 11/05/2021 à 18:22
88 %    609

Commentaires (7) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
11/05/2021, 19:39:16

Voilà un album sur lequel je vais sérieusement me pencher ! L'éponyme de 1992 - découvert ici même grâce à toi cher Mortne - tourne quasi en boucle en ce moment ! Quel boucherie ! 

La quintessence du Death / Thrash Metal (dans cet ordre là c'est important) pour moi. Miam.


Arioch91
membre enregistré
12/05/2021, 10:01:17

Je ne suis pas friand de cette association de styles, sauf exceptions.


metalrunner
@92.131.223.166
14/05/2021, 21:42:03

Du haut niveau et toujours la hargne vite du live.


metalrunner
@92.131.223.166
14/05/2021, 21:43:51

J ai oublie de parler de la basse incroyable pour une fois que cette instrument est mis en avant.


Humungus
membre enregistré
15/05/2021, 22:50:11

"Un album qui se savoure, encore et encore, qui va mettre tout le monde d’accord" : Pas d'accord.

Cet album n'a clairement vraiment rien avoir avec la réjouissante et primale brutalité d'un "Solstice".

Et la fameuse "basse slappée" y est d'ailleurs malheureusement pour beaucoup à mon sens... Même les solos de gratte sont dans une bien trop grande démonstration technique. Pas ma came donc.


PS : Pis cette pochette... On en cause de cette pochette ?


Humungus
membre enregistré
15/05/2021, 22:50:47

à voir *


LeMoustre
@93.4.16.166
17/05/2021, 10:09:26

Ah mais j'aime beaucoup perso, cet dualité entre rythmiques primaires, et cette virtuosité jamais envahissante dans les soli et autres parties de basse en avant. Il se dompte avec déléctation et puis bon, en attendant un retour de DH, c'est un bon défouloir quand même. Miam

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antidebilos

"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules

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Ivan Grozny

Tournée vue à Paris, merci pour le report.

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Orphan

Tres bonne news des le matin. 

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A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.

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