Cursed Existence

Wargore

12/06/2020

Autoproduction

Aujourd’hui, c’est la fête des pères. Oui, je sais, le temps que cette chronique soit publiée nous aurons déjà oublié Noël et la Saint Sylvestre, mais je tenais à le signaler. Non que je veuille présenter à mon père la chronique du jour, étant relativement certain que le Death old-school n’est pas sa tasse de viandox préférée. Mais si j’avais été père aujourd’hui, j’aurais aimé que mes enfants me réveillent au doux son de ce premier album des brésiliens de WARGORE, ce qui aurait définitivement prouvé qu’ils avaient bon goût. Nonobstant cet aparté nostalgique (et totalement virtuel), je suis assez content de vous introduire à la dernière nouveauté lusophone en vogue, qui reprend peu ou prou quelques ingrédients bien connus des recettes de l’extrême. Fondé en 2016 à Cascavel, ce quintet brutal a d’abord accepté la case EP en nous révélant Between Evil and Death il y a trois ans, avant d’accepter de franchir le pas complexe du premier longue-durée, qui prend ici la forme de neuf titres pour une sobriété exemplaire. Aucune précision d’influences pour ces sud-américains brutaux, sauf celle d’un Death nostalgique, ce que l’on ressent dès l’entame franche et bestiale de « Cursing the Existence ». Contrairement à ce que leur nom semble indiquer, les WARGORE ne se vautrent pas dans le Brutal Death ou le Death Gore nauséeux, mais bien dans un Metal de la mort classique et factuel, unissant les scènes anglaise et brésilienne dans un même élan de puissance. Produit proprement, Cursed Existence semble se rappeler des premières exactions des allemands de MORGOTH mais aussi des lamentations cruelles de BENEDICTION, sans oublier leur propre patrimoine de Black Death occulte, que l’on sent en filigrane en tendant bien l’oreille.

Tout comme le Thrash vintage, le Death old-school est de ces appropriations qui ne laissent que peu de marge de manœuvre. En écoutant ce premier effort, le fan reconnaîtra immédiatement les premières années du style, lorsqu’il cherchait encore à se démarquer de son ascendant Thrash. Il n’est ainsi par incongru de penser à THANATOS, renforcé d’une vilénie sourde à la AUTOPSY en écoutant « Feeding the Dead », et si aucune surprise fondamentale ne vient agrémenter le déroulé, aucune déconvenue majeure n’est à déplorer. Le groupe se contente de rentrer dans le vif, alignant les sempiternels riffs concentriques et circulaires, et s’en remettant à une rythmique solide pour ne pas vaciller. Le quintet (Otavio Augusto        - basse, Gustavo Prates – guitar, Antonio Fagundes – guitare, Jamil Miranda – chant, et Gustavo Milani – batterie), qui compte en ses rangs des membres de ZOMBIE CREW, affiche donc une santé optimale et une fascination absolue pour le Death des origines, avant qu’il ne soit contaminé par les virus gore, technique ou progressif. Ici, tout est réduit à l’état brut, sans fioritures, et si parfois les morceaux semblent manquer de personnalité, quelques accélérations bien senties et le chant sourd de Jamil Miranda, mixé légèrement en arrière-plan confèrent à l’œuvre une patine mystique et occulte assez appréciable. De là, tout le monde aura saisi le caractère conventionnel d’une sortie qui ne cherche pas à se faire remarquer par son culot, mais plutôt par son respect des règles. Le tout s’ingurgite assez facilement grâce à des morceaux convaincants comme « Cotard Delusion », mais il est certain d’un autre côté que la linéarité de l’approche pourra vite lasser les plus exigeants.

Similarité des riffs, conformisme des rythmiques, classicisme des thèmes, Cursed Existence est un exercice de style réussi dans la forme mais décevant dans le fond. On aurait aimé que le groupe se détache un peu de ses influences pour proposer un produit certes casher, mais plus goûtu. Prévisible du début à la fin, ce premier effort malgré sa durée raisonnable finit par être méchamment redondant, malgré des changements de rythme fréquents et des breaks plus fins. Il faut dire que malgré deux guitaristes présents, les riffs se ressemblent tous, adoptant la technique du plané/piqué, et l’atmosphère générale manque de ce parfum de déliquescence des grands classiques. Le choix des tempi n’est pas des plus heureux non plus, la régularité des cassures entraînant un effet hypnotique pas vraiment captivant, et les chansons déroulent leur violence sans vraiment se montrer effectives. Les plans les plus probants restent ceux bénéficiant d’une cadence conséquente, et parvenu à « Endless Grief », la patience complaisante laisse la place à un ennui assez prononcé. Pourtant, le quintet ne manque pas de qualités, personnelles évidemment, mais les compositions sont souvent des prétextes à des alignements d’idées convenues, qui se répètent avec régularité, et l’effet de bestialité recherché tombe un peu à l’eau à la longue. Le groupe n’a plus alors qu’à ramer pour maintenir notre attention, en essayant d’insuffler un peu d’intensité (« Raped »), mais on aurait aimé un chant moins systématique, et doublé pour intensifier les interventions, et surtout, plus de riffs purement Thrash comme sur cet épilogue assez malin (qui laisse enfin la basse rouler un peu). Mais excusons ces erreurs qui sont assez normales sur un premier LP, totalement autoproduit, et encourageons les brésiliens de WARGORE à poursuive leurs efforts pour un second album plus personnel et moins passe-partout.      

Titres de l'album :

01. Cursing the Existence

02. Visions of Pain

03. Like a Fetus

04. Feeding the Dead

05. Cotard Delusion

06. Cocaine

07. Coexisting Gears

08. Endless Grief

09. Raped


Facebook officiel


par mortne2001 le 11/07/2022 à 14:40
70 %    550
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36

LeMoustre

Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

01/07/2025, 15:38

senior canardo

ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

01/07/2025, 14:19

Buck Dancer

Prost. Celtic Prost.

01/07/2025, 03:16

Gargan

Quand tes parents écoutaient Bal Sagoth et Demilich   

30/06/2025, 20:17

Nique ton cul

Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!

30/06/2025, 19:47

LeMoustre

Toujours aussi bon.Pas de label ?

30/06/2025, 14:35

Ivan Grozny

Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.

30/06/2025, 11:36