Petite précision si d’aventure le nom de Jesse DAMON n’agitait pas vos neurones. Jesse est un musicien qui a de la bouteille, et qui a commencé sa carrière internationale dans les années 80, en œuvrant au sein du combo plus ou moins obscur SILENT RAGE. SILENT RAGE ne faisant pas partie de la A-list des eighties, je ne vous en voudrais pas d’être passé à côté, mais sachez quand même qu’après un premier LP éponyme publié en 1987, le groupe signa avec le nouveau label créé par Gene Simmons pour distribuer Don’t Touch Me There en 1988. Bon album, qui connut son petit succès, mais qui scella surtout l’amitié entre Jesse et Gene, à tel point que DAMON signa « Thou Shalt Not » sur Revenge de KISS. Mais la carrière de ce sympathique musicien ne saurait être résumée à cette amitié fameuse, puisque Jesse, depuis plus de vingt ans publie des albums solo de grande qualité, collaborant avec un autre artiste célèbre, Paul Sabu. C’est ainsi que depuis 2003 Jesse DAMON aligne des albums impeccables, six au total avec ce petit dernier. The Hands That Rocks initia son envolée en solitaire, Nothin’ Else Matters poursuivit en 2004, immédiatement suivi de Rebel Within, avant un long silence de sept ans jusqu’à Temptation In The Garden Of Eve. Depuis, l’homme semble avoir retrouvé sa régularité, avec Southern Highway en 2016, puis ce Damon's Rage cette année. Toujours flanqué de son capitaine en second Sabu (qui se charge des chœurs, de la basse, des claviers et de la programmation), Jesse se consacre donc aux deux choses qu’il sait faire le mieux, chanter et jouer de la guitare, tout en restant fidèle à une optique adoptée il y a de nombreuses années. Jouer un Hard-Rock facile d’accès, aux mélodies gorgées de soleil, et aux refrains hautement addictifs. Nous avons donc droit à un véritable festival de Rock vitaminé, à la bonne humeur transpirant des portées, autant empreint d’AOR que de Hard californien, les deux styles que le guitariste/chanteur affectionne plus que tout.
Revenu dans le giron d’AOR Heaven (qui s’était déjà occupé du cas de Temptation In The Garden Of Eve), Jesse DAMON affiche donc une confiance toute légitime, ayant foi en ces douze nouveaux morceaux. Certains disent même depuis quelques semaines que le musicien s’est fendu de son meilleur album, mais seul le temps rendra son jugement. Il n’en reste pas moins que Damon's Rage présente bien des qualités, les mêmes soulignées par les albums précédents, avec toujours cet équilibre très stable entre puissance et délicatesse. Habile guitariste, chanteur convaincant au timbre un peu râpeux, DAMON est en quelque sorte un archétype AOR de première catégorie, qui trouve logiquement sa place au sein de l’écurie AOR Heaven. Pour autant son approche du style évite le mielleux dégoulinant des claviers envahissants, et on sent que la guitare n’a pas l’intention de se laisser marcher sur le manche dès « Play To Win ». Comme il l’affirme dans un refrain plein d’entrain, Jesse joue pour gagner, et avec une entame pareille, c’est un full aux as qui se plaque sur le tapis vert. Synthétisant des décennies de parcours musical, Jesse prouve que sa collaboration avec Paul Sabu fonctionne toujours à plein régime, nous ramenant à la glorieuse époque d’un Hard-Rock résolument optimiste et fédérateur. Inutile dès lors de perdre son temps en comparaisons, les groupes s’affiliant au travail de Jesse étant légion, et chacun de les reconnaître selon ses goûts personnels. On pense toutefois de temps à autre à BON JOVI évidemment, lorsque nos oreilles se posent sur le délicat et synthétique « Shadows Of Love », qui aurait largement eu sa place sur le légendaire Slippery When Wet, mais dans un style aussi balisé, il est toujours difficile de s’éloigner des canons du genre.
L’avantage de ce genre d’album est cette variété qui nous permet de voyager dans les arcanes de la musique populaire américains des années 80. Ces années dominées par des charts envahis d’harmonies musclées, lorsque les JOURNEY, LOVERBOY, STARSHIP, WHITESNAKE trustaient les premières places, et qui trouvent toujours un écho nostalgique aujourd’hui. Il n’y a pourtant pas grand-chose de nostalgique dans le Rock joué sur Damon's Rage, qui s’il n’est pas vraiment en rage, diffuse suffisamment d’énergie pour convaincre. On se laisse happer par la brillance d’un « Electric Magic », tout comme on accepte la délicatesse extrême d’un quart d’heure américain sur le tendre « Love Is The Answer ». L’amour est donc la réponse à tous les maux selon Jesse, et si les mots sont rarement les plus importants sur ce type d’album, la musique laisse opérer la magie, et nous réserve quelques surprises plus foncièrement Rock que Hard (« Tell Me Lili », un peu Bryan ADAMS dans le déroulé). Les surprises sont plus ou moins rares en AOR, le but du jeu n’étant pas de sonner plus original que ses voisins, mais plus efficace et mélodique. A ce petit jeu, Jesse ne craint pas grand monde, en tout cas tant qu’il sera capable de pondre des hymnes comme « Here Comes Trouble », ou des morceaux utilisant les mélodies les plus symptomatiques des BEATLES (« Lonely Tonight »). La fin de l’album, au propos plus nuancé et aux différences plus marquées nous permet de tenir l’heure de jeu sans avoir à reprendre notre souffle, et le très LED ZEP « Flying Dutchman » fait honneur à la légende du Hollandais volant avec sa guitare emphatique et sa rythmique plombée.
Sans casser les codes, mais sans les respecter à la lettre, Jesse signe donc un album impeccable, faisant totalement l’impasse sur l’originalité pour mieux se concentrer sur l’efficacité. Ce qui n’empêche pas quelques prouesses à la guitare, une osmose chant/clavier assez remarquable, et quelques incartades Hard-Rock du plus bel effet (« Adrenaline »). Des chœurs bien dosés qui n’envahissent pas l’espace, et un final étonnant de psychédélisme planant (« Wildest Dreams »), pour un cocktail global revigorant, qui panse les plaies d’oreilles souvent soumises à des traitements plus rudes. Mais en évitant une fois encore le piège de la guimauve déguisée en pomme d’amour, Jesse DAMON signe un nouveau manifeste Rock/AOR de première qualité, qui fait honneur à sa discographie pourtant déjà très riche.
Titres de l’album :
01. Play To Win
02. Love Gone Wild
03. Shadows Of Love
04. Damon’s Rage
05. Electric Magic
06. Love Is The Answer
07. Tell Me Lili
08. Here Comes Trouble
09. Lonely Tonight
10. Flying Dutchman
11. Adrenaline
12. Wildest Dreams
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49