Un groupe qui reprend un standard de MANOWAR avec Ross The Boss ne peut pas être foncièrement peureux. Un groupe qui se mesure aux standards de production Heavy Metal des années 80 ne peut pas être foncièrement craintif. Un groupe qui assume un patronyme comme BURNING WITCHES et qui intitule son troisième album Dance with the Devil ne peut pas être foncièrement taxé d’évolutionniste. Alors, quelle idée majeure dégager de ce postulat introductif ? Pas grand-chose, puisque les suissesses sont connues du grand public Metal depuis des années, et que la seule évocation de leur nom fait frémir les vestes en jean des metalleux les plus introvertis et chétifs. Compensant la musculature d’un Eric Adams par une attitude totalement bravache, les originaires de Brugg négocient donc le dangereux virage du troisième album avec la bonne optique. En appuyant à fond sur la pédale des (faux) clichés et en assumant totalement leur fascination pour le rétro-vintage pur jus. C’est simple, à l’écoute de Dance with the Devil, on se croirait replongé comme dans un rêve au milieu d’une foire de notre adolescence, le casque du walkman vissé sur les oreilles, avec du ACCEPT ou MERCYFUL FATE à fond dans les tympans. Je me revois encore fasciné par ces rares étals de patches, de dossards, et ces magnifiques présentoirs de badges, me demandant lequel choisir entre le rutilant METALLICA ou le pimpant RUNNING WILD, tout en sachant très bien que j’avais les moyens de voler les deux. Et cette transposition onirique est parfaitement logique, puisque en tant que tel, les BURNING WITCHES sont plus qu’un groupe, elles sont un concept, une trademark, une appellation contrôlée passéiste passionnée, un voyage dans le temps parfaitement balisé pour n’oublier aucun souvenir en route. Mais une fois ce décor planté, passons aux choses sérieuses et aux détails qui nous intéressent.
Nucléaire Explosion, label comme on les aime tant, n’a pas flanché au moment de mettre le paquet sur la promotion de Dance with the Devil. Et pour cause, ils savent pertinemment ce qu’ils refourguent. Et le célèbre label allemand de bomber le torse en vendant aux fans un groupe suisse plus allemand que les casquettes d’Udo ou les cheveux de Doro. Parlant de ce troisième et crucial album, les musiciennes en déclarent sans ambages que « le troisième album est, bien sûr, très important, mais nous avons très facilement géré cette pression. Le groupe s’est montré très soudé au moment d’écrire et d’enregistrer les nouvelles chansons. ». Et à l’écoute des douze morceaux - dont une reprise - de Dance with the Devil, aucun doute à avoir : les musiciennes savent de quoi elles parlent et dont montre d’une honnêteté sans failles. Pourtant, le danger pointait le bout de son nez. A l’image d’une de leurs influences, IRON MAIDEN pour ne pas les nommer, les suissesses ont dû aborder la composition de leur troisième LP avec une nouvelle vocaliste, Laura Guldemond, intégrée l’année dernière. Certes, la parution en 2019 de l’EP Wings of Steel, et ses trois chansons enregistrées lors du Wacken Open Air de la même année, avait permis à Jeanine Grob (basse), Lala Frischknecht (batterie), Romana Kalkuhl (guitare) le trio de base de 2015 et Sonia Nusselder (guitare, depuis 2018) de tester le matériel et de tâter le terrain. Mais on sait que le petit jeu du changement de vocaliste peut être très dangereux, spécialement lorsque le chanteur sortant jouissait d’un timbre reconnaissable. De ce côté-là, pas d’inquiétude à avoir. Laura Guldemond, fraichement intronisée maîtresse de cérémonie nous prend par les tripes dès le début de l’album, ne nous les relâchant qu’à intervalles très raisonnables. Avec son timbre agressif et aigu, la chanteuse se permet de multiples allusions, à Doro évidemment, mais aussi à Udo, à King Diamond et quelques autres dignes représentants de la caste Heavy Metal, allant même jusqu’à singer avec capacité les grognements Death d’Angela. Bilan donc positif pour ce changement, qui nous permet d’apprécier des compositions plus que probantes.
Car là est le seul but de ce genre d’entreprise nostalgique : les chansons. A partir du moment où vous choisissez de mettre l’originalité de côté, vous avez plutôt intérêt à soigner les morceaux. Sur les onze compos de Dance with the Devil, presque aucune n’est dispensable. Toutes ont un cachet, une personnalité, et le quintet a soigné la diversité en abordant de front ou biais tous les aspects du Heavy moderne et classique. Tout y passe, le Heavy traditionnel, le Power Metal mortel, la ballade amère, le Speed pas vraiment pépère, et même quelques citations plus occultes et limites BM de cirque sur le très puissant « Sea Of Lies », que PRIMAL FEAR aurait pu entonner en duo avec CRADLE OF FILTH. Mais ce sont évidemment les burners burnés que l’amateur va traquer, et avec une entame aussi radicale et franche que « Lucid Nightmare », l’affaire est déjà dans le sac avant d’avoir été pesée. Riff qui pétarade et s’amuse de son classicisme, entame rythmique qui éclate la caisse claire, avant l’accélération de rigueur sur fond de sextolets enragés. Une fois en place, la voix démoniaque de Laura se frotte aux aigus possédés, et se veut plus germaine qu’une saucisse perdue à côté d’une bière, mais loin des clichés les moins pardonnables du Metal d’outre-Rhin, le Heavy des suissesses et subtilement sombre, légèrement malsain, mais surtout, galvanisant et entraînant. « Wings Of Steel » répète d’ailleurs peu ou prou la même recette, et cavale d’un tempo épileptique à la LIVING DEATH, évoquant les prémices de la scène Speed de Berlin et environs. Et si la griffe est sauvage, la cicatrisation est chirurgicale. Les mélodies sont soignées, mais ce sont surtout les arrangements qui épatent. Le groupe a toujours l’idée pertinente pour maintenir la pression, qu’il s’agisse d’un simple cri ou d’une partie de guitare bien sentie.
C’est bien simple, dès « Six Feet Underground », on sent les clous qui poussent sur le poignet. L’ambiance est à ce point surchauffée qu’il nous faut bien la délicatesse de « Black Magic » pour refroidir les conduits, avec une prouesse vocale toute en nuance de Laura. Car loin de brailler comme une Doro au chômage et enragée, la chanteuse module et varie, s’adapte aux couleurs, transcendant le Hard-Rock le plus formel (« The Sisters Of Fate »), pour mieux nous inquiéter de son timbre sournois lorsque le climat s’assombrit (« Necronomicon »). Et même parvenus à la fin de l’album, nous tressaillons encore des chœurs d’outre-tombe de « Threefold Return », avant de déposer les armes sur l’appropriation fière et noble de l’invaincu « Battle Hymn » de MANOWAR. En reprenant ce morceau, BURNING WITCHES offre plus qu’une simple reprise, et s’affirme comme l’ultime défenseur d’un Metal avec un grand M. Alors, non. Les BURNING WITCHES ne sont ni peureuses, ni craintives, et encore moins évolutionnistes. Elles sont juste Metal. Et Dance with the Devil est ce qui se rapproche plus d’une danse avec Lucifer en compagnie des icônes et en dépit des clichés.
Titres de l’album :
01. The Incantation
02. Lucid Nightmare
03. Dance With The Devil
04. Wings Of Steel
05. Six Feet Underground
06. Black Magic
07. Sea Of Lies
08. The Sisters Of Fate
09. Necronomicon
10. The Final Fight
11. Threefold Return
12. Battle Hymn (feat. Ross The Boss & Michael Lepond)
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
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Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
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21/05/2025, 07:33
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20/05/2025, 22:13
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12