Il n’aura fallu qu’un seul morceau à Gall et Exile pour m’embarquer dans leur nouvelle aventure. Ceci étant dit, l’exploit n’est pas si grand, puisque leur création, AETHYRICK, fait partie des groupes que j’admire le plus sur la scène Black Metal finlandaise. Cinquième album, belle constance pour le duo, qui depuis 2018 s’accroche à l’actualité via des œuvres pleines, ésotériques, et diablement (sic) accrocheuses. La recette n’a pas changé en 2024, et Death Is Absent est évidemment symptomatique de la démarche des deux musiciens. Une solide base norvégienne, des velléités mélodiques prononcées, et un véritable amour du style pour accoucher de morceaux ambitieux, progressifs, mais terriblement généreux.
Produit à compte d’auteur, ce cinquième tome renoue avec la grandeur des pays nordiques, celle qui avait permis aux premiers acteurs des ténèbres de se voir intronisés rois du mal et de la pénombre. Si bien sûr la trame reste traditionnelle, ce sont encore une fois ces arrangements brumeux qui tirent l’œuvre vers le haut, avec en exergue cette guitare intarissable et cette batterie dont la grosse caisse semble sortir des enceintes.
Enrobé dans un son gigantesque, Death Is Absent est un état des lieux de luxe pour le duo finlandais. « The Fire That Sires the Sun », ouverture immédiate ne perd pas de temps en conjectures, et installe les blasts dès sa première mesure. Cette poigne est la marque de fabrique d’artistes confirmés, sûrs de leurs options, qui n’ont guère besoin d’une intro à rallonge pour nous plonger dans leur marasme. Une fois encore, le contraste entre les passages classiques et oppressants et ces envolées rythmiques aux harmonies étranges est frappant, et constitue le ciment de cette construction aussi solide qu’un bunker, mais ouvragée comme une villa abandonnée du début du 20éme siècle.
Sans vraiment savoir qui fait quoi, AETHYRICK se dispense toujours aussi bien de précision, et fonctionne à plusieurs niveaux de lecture. On peut y voir une certaine forme d’avant-garde lorsque les dissonances déforment le tableau, comme un effort formel et bien troussé, comme une expérience de dosage parfait, et en tout cas, comme un album qui se laisse infuser dans l’âme comme un poison lent.
Pas de déviation inutile, pas de bavardage de remplissage, Death Is Absent est un concentré de pulpe de haine et de misanthropie, mais aussi un jus frais de poésie morbide et de contemplation nostalgique. On imagine très bien les deux musiciens encapuchonnés s’enfoncer dans une forêt quelconque, pour rejoindre un lieu tenu secret, et y élaborer des recettes artistiques très personnelles. L’image est frappante, et utilisée de façon promotionnelle, et décrit avec acuité ces sons tournoyants qui agressent comme des ennemis invisibles. Le chemin est donc droit mais pentu, avec ses phases de glissement dangereux, mais nul besoin de boussole. Ce sont vos sens qui vous guident.
Où ?
Au milieu de nulle part, où plutôt exactement là où AETHYRICK le souhaite. Dans un purgatoire aussi cruel qu’amer, formidablement bien dépeint par le colossal « Beyond All Death » qui se permet de voir au-delà de la mort. La vilénie de lignes vocales évidemment raclées, cette batterie qui prend une place considérable, ces riffs congelés mais romantiques, tout contribue à mettre en place un décorum de tragédie personnelle, vécue seul, à un moment charnière de l’existence.
Ce testament unique s’appuie sur une science exacte du niveau sonore. Bien qu’extrêmement puissant, ce cinquième long respire, se meut, sinue et frappe au moment opportun. S’ensuivent donc des périodes de douleur intense, dont les échos se terrent sous le monstrueux et emphatique « Midwinter Masks », mid tempo appuyé à la lancinance obsédante.
Six longs morceaux, du brio, une régularité dans la modulation, pour donner l’impression d’avancer à pas de géant tout en restant très prudent. Avec en apport ces synthés qui ne servent que de ligne mélodique ponctuelle, et un héritage BATHORY très bien digéré (« The Hands of Fate »), Death Is Absent est l’avant et l’après, le pendant et le dépendant, et plus simplement, l’un des meilleurs albums de Black traditionnel de cette rentrée 2024. On y trouve toutes les nuances de gris que l’on chérit, l’effort de composer autre chose qu’une simple complainte pénible et prévisible, et l’amour de l’artisanat de deux hommes immergés dans leur passion.
Constant de son ouverture à son terme, Death Is Absent s’autorise même avec une morgue déconcertante un final d’une qualité rare. L’aspect le plus abordable du duo y est mis en valeur, via une guitare mélodique disputant l’espace aux claviers sans leur marcher sur les touches, alors que la voix bénéficie d’une réverbération cryptique.
AETHYRICK est un grand du Metal finlandais, et compte bien garder sa place. Avec des albums d’une telle valeur, le duo n’a pas à craindre pour sa réputation. Mystère et humeur macabre, sonnet aux rimes riches mais au propos austère, Death Is Absent pose comme base l’absence de mort, qui en soit, peut symboliser un éternel recommencement. Ou un chemin unique et sans fin.
Titres de l’album:
01. The Fire That Sires the Sun
02. Empyrean Silver
03. Beyond All Death
04. Midwinter Masks
05. The Hands of Fate
06. Only Junipers Grow on My Grave
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04