Vous allez immédiatement vous calmer. Et relire avec attention le nom figurant tout en haut de cette chronique. Parce que je vous vois venir bande de petits sagouins. Vous allez me faire le coup du « Oh, sérieux ? Un nouvel album d’ANNIHILATOR ? Chouette, je viens juste de recevoir mon argent de poche et l’épicier n’a plus de Dragibus ! ». Jef Waters n’a rien à voir avec ce papier, qui annonce le comeback improbable d’un des seconds couteaux US des années 80. ANIALATOR avait stylisé son nom pour ne pas être confondu par la plèbe, et aujourd’hui encore, certains étourdis font le lien sans réfléchir. Alors qu’un peu d’attention évite les amalgames trop rapides. D’un côté, le Canada, une discographie énorme, et une influence indéniable sur la scène. De l’autre, deux EP’s américains, une compilation sur Xtreem Music, et rien de plus.
Jusqu’à aujourd’hui.
Les fans n’ont pas toujours été tendres avec ces texans originaires de Corpus Christi. Leurs deux premiers EP’s n’ont pas forcément reçu l’accueil qu’ils pensaient mériter, et le souvenir d’un groupe vaguement générique a commencé à s’évaporer, malgré un nouveau baptême durant les nineties. Autant dire que ce retour n’a pas fait les choux gras de la presse spécialisée, qui ne s’est peut-être même pas aperçu du retour des américains.
Pourtant, ils sont bien là. Sur Xtreem Music évidemment, et avec quelque chose de totalement inédit. Un premier long qui s’est cruellement fait attendre, et qui vient enfin sanctionner une carrière erratique marquée par de longs hiatus. 2024, l’heure de la revanche pour ANIALATOR ? Pas celle qui poussera dans l’ombre ANNIHILATOR pour s’emparer de son marché, mais une revanche quand même, locale, de proportions modestes, et qui tient plus de l’achèvement tardif que de l’exploit mastiff.
Alex Dominguez, bassiste et dépositaire du nom après un procès vite réglé s’est donc entouré de nouveaux visages pour parvenir enfin à enregistrer cet album que ses fans attendent depuis les années 80. La composition des morceaux a d’ailleurs coûté cher au groupe, dont le line-up s’est irrémédiablement effrité, et ce sont donc de nouveaux partenaires que nous retrouvons aujourd’hui. JD De La Rosa et Fernando Salinas aux guitares, Tony Gomez au chant et Daniel Garcia à la batterie, soit de solides outsiders au passif conséquent (BLAST PERVERSION, KING IN YELLOW, KRYPTIK MUTATION, DAGGRA, E.T.D., HEXELLA, P.L.F., TOTAL HUMAN GENOCIDE DIVISION 218, SKREWFACE, SEVERANCE). Largement de quoi fêter ce retour en grandes pompes, taille 46, et efficaces pour mettre deux ou trois coups de pieds au cul.
Thématiquement, ANIALATOR n’a pas tant changé. On retrouve la fougue, l’envie, la puissance, mais aussi cette tendance à utiliser des plans génériques pour imposer une ambiance classique. Si Death Is Calling sonne plus personnel et efficace que Anialator I et II, il n’en reste pas moins très traditionnel dans le fond. Heureusement pour nous, ce formalisme s’ancre dans une brutalité vraiment impressionnante, et symptomatique de la génération VIO-LENCE, INCUBUS, et autres thrasheurs défonceurs de bitume. En alternant les humeurs, le quintet texan s’éloigne un peu des automatismes de sa jeunesse, et propose enfin des classiques potentiels, comme cet irrésistible et subtilement Core « Terror Tactic », qui gesticule catchy comme un EXODUS lancé sur un ring de boxe improvisé.
Ceci étant posé, toute l’affaire sent bon le vintage, l’optique old-school (justifiée ici, il faut le souligner), et les riffs tranchés dans le vif. D’ailleurs, « Kill Till Death » fait l’apologie des saccades les plus précises, avec son intro qui semble défier DARK ANGEL sur son propre territoire de diversité rythmique. ANIALATOR se montre sous un jour flatteur, et développe de beaux arguments pour valider son comeback imprévisible. On se laisse donc aller à une rêverie Thrash de première bourre, qui malgré certains automatismes, fonctionne comme des électrochocs infligés à un pauvre interné.
Quelques mélodies éparses, une façon de plaquer des notes stables sur un beat épileptique, et le reste coule évidemment de source. Les racines Crossover sont bien là, et participent via quelques plans fluides et une basse grasse et limpide au bon fonctionnement du projet, bien plus intéressant qu’il ne l’était à l’époque. Le son est quant à lui parfait pour ce genre de réalisation, net, clair, avec un bel équilibre entre les parties prenantes.
Tout n’est pas encore parfait, mais dans la jungle des nouveautés nostalgiques, Death Is Calling a de quoi se faire une bonne place. L’exécution est au-dessus de tout soupçon, les guitares sont bavardes, la section rythmique solide et inventive, et les intentions claires : groover, bousculer, jouer avec les BPM et les humeurs ombrageuses, pour accoucher de brûlots comme « Memories of Terror », furieux et chaud come la braise.
Basé sur un principe simple de confrontation des approches, avec d’un côté la violence ouverte et de l’autre la séduction encore verte, Death Is Calling enthousiasme, galvanise, et valide une reformation initiée il y a une dizaine d’années. La variété des plans, la puissance soufflante, et la rage en nage font de ce premier album ce qu’il aurait dû être il y a fort longtemps, mais qui avec le temps a gagné en maturité et professionnalisme. Il n’est donc pas plus mal qu’ANIALATOR n’ait pu l’enregistrer à l’époque, le résultat eu été trop immature et linéaire.
Voilà. Avec tout ceci, je pense que la méprise n’aura plus lieu d’être. ANIALATOR, pas ANNIHILATOR. La différence ne pourra plus vous échapper.
Titres de l’album :
01. Kill Till Death
02. Memories of Terror
03. Iron Grinder
04. Hear the Death Call
05. Battlefield Messiah
06. Relentless
07. Terror Tactics
Merci pour la chronique ! J'ai du mal à me passer de cet album.
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