Decrepitus

Omago

18/06/2021

Autoproduction

Projet international à cheval entre le Brésil et le Chili, OMAGO nous propose donc une tranche de mort très classique, et très influencée par la vieille école des années 90, lorsque le style était encore un tant soit peu analogique et ne cédait pas encore aux facilités de brutalité modernes. Mis sur pied par le chanteur chilien Eduardo Jarry, OMAGO profite donc d’une collaboration typiquement sud-américaine pour développer de solides arguments bestiaux, chirurgicaux dans l’interprétation au biseau, mais suffisamment violents pour convaincre tous les fans de Metal de la mort le plus traditionnel. Accompagné par deux autres musiciens capés, Eduardo Jarry nous présente son premier longue-durée, témoin d’une foi indéfectible envers un Metal non édulcoré, rappelant le meilleur de BOLT THROWER, SUFFOCATION, DEATH, PESTILENCE, ASPHYX et tous les cadors de la scène brutale des nineties.

Autour de lui, deux musiciens solides à la réputation en béton. A la guitare, et à la basse, le petit prodige brésilien Victor Hugo Targino (THYRESIS, WOODEN BRIDGE, ex-FORAHNEO, ex-DISSIDIUM, ex-METACROSE (live), ex-SOTURNUS (live)), roi du riff qui charcute et du solo en parachute, et le batteur Demetrius Pedrosa (METACROSE, THYRESIS, ex-DISSIDIUM, ex-EGREGORA, ex-ROADIES), soit le backing-band idoine pour se reposer sur de solides épaules instrumentales. En résulte un premier album qui sent bon le sadisme en vogue il y a quelques décennies, et les exactions de tueurs en série lâchés dans un foyer de jeunes filles au pair ukrainiennes.

Mixé et masterisé par le légendaire Dan Swanö, qui a conféré à l’œuvre une patine épaisse et un relief conséquent, Decrepitus est tout sauf un monolithe décrépi par le temps, et s’affirme comme une gigantesque construction défiant les cieux de sa vilénie. Arborant en sus un magnifique artwork signé de la main experte de Marcelo Vasco, artiste brésilien ayant déjà mis sa créativité au service de SLAYER, KREATOR, DARK FUNERAL ou TROOPS OF DOOM, Decrepitus charcle donc dans tous les coins de la pièce pour ne laisser aucun survivant. On apprécie donc ce formalisme qui ne se déguise pas en fausse innovation, puisque le trio ose offrir un regard neuf sur des théories anciennes, en faisant preuve de respect mais d’assez de personnalité pour se dégager de la masse.

Avec à peine trente-cinq minutes de musique, ce premier jet joue la concision, et a fait le bon choix. Ce qui nous permet d’apprécier non seulement la cohésion, mais aussi la diversité des approches, qui trouve son acmé sur l’impitoyable et saccadé « Burn the Books ». Véritable hit de l’outrance, ce titre joue avec les atmosphères, proposant du confiné mélodique à la MACHINE HEAD de Burn my Eyes, avant de nous exploser les tympans d’une accélération totalement gratuite, mais jouissive. Loin d’une simple démarcation de grand classique, Decrepitus, sans vraiment chambouler les rangs de la classe old-school ose donc deux ou trois choses plus intimes, mais privilégie quand même la violence la plus rodée (« Decrepitus », hymne qui tombe à point nommé à mi-parcours).

Et question hymnes, l’album offre de quoi hurler comme un goret, puisqu’en ouverture, « Sore Loser » se pose là avec sa rythmique immense et son chant raclé comme la gorge d’un porc avant le coup de surin fatal. Les riffs, formels, sont propulsés par la batterie infatigable de Demetrius Pedrosa qui connaît bien son boulot, et qui impose des fulgurances d’une fluidité incroyable. Un peu de MORBID ANGEL pour la religion de la mort, pas mal d’influences bataves pour l’underground et la sècheresse de ton, OMAGO connaît ses classiques, mais les récite avec inspiration.

Résultat, le temps passe très vite, et les croches aussi, spécialement lorsque les deux instrumentistes se sentent pousser des ailes. « No Reconciliation » malgré son titre risque pourtant de réconcilier les fans de nouveauté et les nostalgiques, en traçant un trait d’union entre les époques. C’est fast, c’est raw, mais c’est pro, ça ne grogne pas dans le vide, ça ne recycle pas bêtement de vieilles idées trop éculées, et ça domine du chef et des soli pas mal de leaders old-school actuels. Pas de temps à perdre, pas de minute à gâcher, on fonce, mais on fonce avec intelligence, en baissant dans les tours pour ne pas cramer le joint de culasse. Alors, le mid tempo se fraie un passage vers les intros (« Kingdom of Cowards », plus catchy qu’un live d’OBITUARY), le Thrash parvient parfois à se rappeler à notre bon souvenir (« Cold »), mais la mort plane toujours très bas, prête à nous emporter vers des enfers personnels vraiment effrayants (« Brother Against Brother »).

Bon coup de semonce pour ce projet unissant le Brésil et le Chili, pour un Death efficace, accrocheur, et pas seulement assemblé de parties ramassées dans les charniers de l’histoire. Mais après tout, on imagine assez mal Dan Swanö cautionner le travail d’un docteur Frankenstein du pauvre. Même par curiosité morbide.

   

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Sore Loser

02. Headless

03. Vile Schemer Vile

04. Burn the Books

05. Decrepitus

06. No Reconciliation

07. Kingdom of Cowards

08. Cold

09. Worst Blind

10. Brother Against Brother


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 26/02/2022 à 17:50
80 %    557
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
LeMoustre

Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)

07/07/2025, 13:18

labbe

j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant ! 

07/07/2025, 12:48

Humungus

Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)

07/07/2025, 07:36

Benstard

Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy. 

06/07/2025, 21:25

Oliv

C’est toujours parodique ou c’est mieux 

06/07/2025, 19:11

Oliv

Merci Ozzy pour tous 

06/07/2025, 19:10

DPD

Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..

06/07/2025, 14:20

metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20