Il faut toujours entretenir de bons rapports de voisinage. On a toujours besoin d’œufs, de sel, d’un aspirateur à feuilles ou d’un conseil bricolage. Les anglophones appellent ça keeping up with the Joneses. Et c’est très vrai. Alors, au moment de parler du nouvel album des WALNUT GROVE DC, je m’empresse de préciser que ces lascars vivent à côté de chez moi, à La Rochelle. Ceci n’intéresse que moi évidemment, mais cette proximité géographique est si rare que je n’ai pu m’empêcher de la souligner. Bien qu’elle n’ait aucune incidence sur la musique pratiquée.
Un groupe qui traîne son groove depuis un certain temps, et qui a déjà fait montre de qualités de géant. Thibaud Carter (basse), Franck Besse (batterie), Sylvain Bonnin (chant/guitare) et Alexandre Ardoin (guitare) sont des gens qui ne s’embarrassent pas de fioritures ni de lettrines de deux pouces de haut. Leurs déclarations d’intention sont rédigées à la main, souillées par quelques tâches noircies et autres substances qu’on trouve dans un garage à motos. Ces greasers pragmatiques et légèrement je-m’en-foutistes tracent leur route dans la nuit, pour mieux se reposer de jour, tels des vampires de l’asphalte qui traquent leurs victimes sans relâche.
Soutenus par Solstice Promotion, WALNUT GROVE DC nous présente non la dernière compilation de Charles Ingalls et son violon, mais bien ce nouveau long qui ne l’est pas du tout. Moins de trente minutes de gras, bien emballé dans un noir doré, qui évoque tout autant l’art déco qu’un épisode des premières saisons de Peaky Blinders. Classe et crade ? L’expression me convient tout à fait, et décrit avec une certaine acuité le contenu d’un disque qui ne fait pas semblant de transpirer et de râler.
Pour les néophytes et les retardataires, WALNUT GROVE DC mise tout sur les riffs et le collectif. Loin des couvertures tirées par des musiciens autocentrés, Deeper est une affaire communautaire qui reprend à son compte l’épaisseur des guitares du Desert Rock, et la grossièreté d’une basse qui n’accepte aucune manière. Le tout sonne à peu près aussi roots et rude qu’un tube de MOTORHEAD repris par les CORROSION OF CONFORMITY, et si le fil rouge est suffisamment gros pour qu’on le suive sans peine, les titres la prennent quand même pour proposer des idées complémentaires.
Et c’est un vrai plaisir de retrouver la voix au papier de verre de Sylvain Bonnin, qui éructe toujours aussi viril et mal embouché. Le frontman assume sa position, et campe sur les siennes, le micro fermement posé sur son socle et les mains occupées par le manche et le corps. Cette gravité de ton passé à la ponceuse industrielle, cette fermeté dans la main droite (ou gauche d’ailleurs), ce sens du rythme inné transforment ces morceaux en hymnes à la liberté et aux grands espaces. Et dans une ère de claustrophobie et de paranoïa extrêmes, cette liberté fait du bien par la fenêtre ouverte.
Un genre de sas de sécurité que l’on ouvre pour faire baisser la pression.
Qui est maintenue, sans ambages. On soulignera quand même des similitudes frappantes entre les chapitres, mais cette unicité de ton est aussi la force d’une œuvre simple et humaine qui n’a d’autre but que vous faire dodeliner de la tête tout en tapotant du pied. Du Rock, du vrai, joué certes avec une distorsion excessive, et dominé par une énorme basse qui claque plus qu’une simple contrebasse, mais Rock quand même, entre binaire stable et envolées de bâtard.
« Room 330 » par exemple, se satisfait très bien des invectives de feu notre Lemmy, tout en se montrant allusif à toute la scène Speed Rock des années 70/80. Beaucoup d’énergie, de l’acide de batterie, les mains crades et le regard fixe, les mecs ne sont pas là pour analyser les flux bancaires mais bien pour boire une bière, si possible avec vous et quelques gueuses triées sur les volets.
WALNUT GROVE DC se montre donc très agressif, instinctif, et surtout, viscéral. Avec un son qui évoque le live le moins trafiqué et piqué directement sur la console, Deeper s’aventure plus profond sans devenir obscène ou titiller la prostate. Les émotions sont réelles, entre un VULCAIN tombé dans le bac des huiles usagées et un 7 WEEKS plus apprenti que jamais. Le plaisir ressenti est donc proportionnel au degré d’alcool contenu dans votre verre. Un verre qu’on avale par petites goulées pour ne pas se cramer (« Tumble Weed », lourd, lourd, et un peu lourd aussi), en matant un film improbable au AT THE DRIVE IN du coin (« 50 Foot Women »).
Voilà tout ce qu’on peut dire d’une poignée de morceaux costauds qui donnent chaud. Et avec ces températures qui commencent à s’aventurer sous le zéro, ce tord-boyaux représente la seule source de chaleur à disposition. Avec un peu de cambouis en cadeau.
Titres de l’album:
01. 50 Foot Women
02. Never Break
03. Room 330
04. Tumble Weed
05. Turn Around
06. Mint Julep
07. No More
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19