Dirty Southern Winter

Gortaigh

27/11/2016

Autoproduction

l y a des gens comme ça, qui ne peuvent pas rester oisifs. J’en fais partie, mais à ma propre échelle, somme toute assez raisonnable.

D’autres au contraire, se sentent obligés de pousser l’hyperactivité à son paroxysme. Prenez notre ami russe,  Oakim, mentor solitaire de la créature GORTAIGH. Rien qu’en 2016, l’homme a publié vingt-deux œuvres plus ou moins longues et concises, ce qui en fait quand même un des individus au rendement le plus élevé de l’underground bruitiste.

J’avais déjà traité de son cas dans une précédente chronique, plus tôt dans l’année, mais entre-temps, l’olibrius à quand même pris le sien pour sortir pas moins de onze EP, trois compilations, deux splits et un single…Hallucinant ?

Oui, quand même.

J’avais abordé son travail par la face Sé Amhráin, EP publié en mars de cette année, et j’avoue qu’à l’époque, son cas m’avait grandement intrigué.

Le musicien se targuait d’enregistrer tous les sons lui traversant la tête, et si j’étais dubitatif alors, je le suis beaucoup moins maintenant. Il est évident que dès que l’homme a une idée, il la couche sur fichier, ce qui lui permet de proposer sans arrêt de nouvelles interventions, pertinentes ou non.

Je reviens donc dans son giron pour découvrir son dernier-né (mais jusqu’à quand ? Après-demain ?) Dirty Southern Winter, qui célèbre quelques collaborations sur la thématique de la rigueur d’un hiver du sud de la Russie.

Il faut tout de suite préciser qu’Oakim n’a pas changé de leitmotiv, et qu’il se conforme à ce triple précepte érigé en postulat sur sa page Vk, « Sale, mal, lentement » (traduction Google soumise à conditions). Roi du Sludge poisseux, pesant et crade, GORTAIGH tente de repousser à chaque sortie les balises de l’excès, en jouant toujours plus pesamment, puissamment, et chichement. Le son rachitique de ses productions colle à l’éthique lo-fi en vigueur dans les strates inférieures des enfers BM, et le bruit émanant de ses instruments ressemble de plus en plus à des bidouillages d’infrabasses, vaguement striées d’une distorsion à l’agonie…

Pas ou peu de progression en quelques mois, mais des featuring qu’il convient de souligner. On retrouve au casting de cet énième EP Djeka Ferecov des BROKENCHELUST, un certain Sadhu, et Domilition (pas plus d’informations non plus), se partageant le chant tandis que le maître se charge de l’instrumentation.

Ces mêmes vocaux sont la plupart du temps inintelligibles, ce qui ne fait qu’ajouter à l’opacité de la musique, qui trouve un thème et lui colle au train, si possible pendant de très longues minutes. Plus de dix pour « Dirty » en ouverture et qui mérite bien son nom de baptême, et douze et quelques pour « Southern », le second. Le fait est qu’en écoutant sans regarder le timecode, on se retrouve vite à la fin du second morceau sans avoir constaté que le premier était fini depuis longtemps, ce qui en dit long sur l’homogénéité du style, ou de sa monotonie.

Et pourtant, comme la dernière fois, le charme opère, et un troublant parfum se dégage de cette réalisation hypnotique, qui pourtant fait fi des variations et autres cassures de ton, mis à part quelques accentuations de temps à autres qui font encore plus mal aux oreilles.

Des changements de tempo à peine perceptibles mais tangibles, des hurlements moins sous-mixés, pour une litanie qui fait vraiment du tort aux tympans et mélange la lourdeur macabre d’un ENCOFFINATION au psychédélisme lo-fi d’un BORIS.

Mais « Winter », seul morceau ne bénéficiant pas d’un apport extérieur propose quelques démangeaisons un peu plus prononcées, même si la structure de base reste toujours aussi lourde et quasiment inamovible. Mais là est le mantra choisi par Oakim, qui ne dévie jamais de sa trajectoire. Néanmoins ce morceau, par son choix de proposer des riffs un peu plus médium et un rythme un peu moins systématique se démarque, avant que la clôture « Seeping Farkness, Ripping Cold » ne lâche quelques effluves et réminiscences du Folklore de l’est via quelques cordes soulignées d’arrangements grondants.

Difficile de juger de la progression éventuelle d’un one-man-project comme GORTAIGH, qui avec Dirty Southern Winter ne fait que continuer son travail de sape en creusant toujours plus profond dans la terre boueuse d’un Sludge vraiment lo-fi.

Ultra saturée, sa musique n’en demeure pas moins intéressante dans son refus d’ouverture, et rares sont les groupes à se montrer aussi intenses sans être trop redondants ou grotesques pour pouvoir espérer attirer et maintenir l’attention.

A réserver toutefois aux inconditionnels du Sludge le plus Doom, à la limite du Psychedelic Funeral, ou à ceux qui n’ont pas les oreilles en crépon mais bien en béton.

 Il vous le dit lui-même. « Sale, mal, lentement ». Mais souvent. Alors, vous pouvez faire le tri et ne garder que ce qui vous séduit.


Titres de l'album:

  1. Dirty (feat. djeka BROKENCHELUST)
  2. Southern (feat. Sadhu)
  3. Winter
  4. Seeping Darkness, Ripping Cold (feat. Domilition)

Bandcamp officiel



par mortne2001 le 23/12/2016 à 11:59
65 %    1074

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Oakim
@85.174.213.200
17/04/2018, 16:09:54
New LP from Gortaigh: https://hiazm.bandcamp.com/album/letters

Poem and Sludge

Oakim
@85.174.213.200
17/04/2018, 16:10:22
https://hiazm.bandcamp.com/album/letters

Next LP from Gortaigh

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20