Don’t Look Down

Arc Of Life

18/11/2022

Frontiers Records

Fans de progressif, réjouissez-vous, puisque nous fêtons aujourd’hui le retour d’un des groupes les plus remarquables de ces trois dernières années. Un deuxième album qui mérite un accueil cinq étoiles de la part des fans d’ARC OF LIFE, collectif monté par des membres de YES, soit le chanteur Jon Davison, le chanteur/bassiste Billy Sherwood et le batteur Jay Schellen. Le premier album éponyme montrait évidemment des signes de maturité somme toute assez logiques, et exigeait une suite à la hauteur des attentes, même si celles-ci n’ont duré qu’une petite année. Mais c’est avec un plaisir certain que nous accueillons en cette fin 2022 Don’t Look Down, nouveau numéro d’équilibriste entre le passé et le présent, entre la tradition et la modernité.

Si vous avez dégusté Arc of Life, vous savez déjà que le combo n’adhère pas aux théories du Néo-Progressif, plus humble que son aîné. Ici, on actualise et on lifte par un traitement sonore idoine, mais on garde ces structures mouvantes et ces évolutions libres qui définissaient le genre dans les années 70, décennie de gloire pour le style. Et en tant que membres actifs d’une des plus grosses légendes, Jon, Billy et Jay perpétuent donc cette tradition de préciosité dans la technique, et de fluidité dans la mélodie. C’est ainsi que Don’t Look Down ressemble à un jardin d’Eden parsemé de fleurs harmoniques magnifiques et d’arbustes rythmiques en pleine pousse.

On admire donc le savoir-faire d’un quintet augmenté de Dave Kerzner (ex-SOUND OF CONTACT) aux claviers et Jimmy Haun (ex-YES, ex-CIRCA) à la guitare. Les cinq hommes n’ont donc rien changé à leur formule, ou presque. Si Arc of Life proposait dix chansons pour une heure de musique ou presque, Don’t Look Down n’en offre que six, pour la même durée. Et pour cause, puisque le morceau éponyme conclusif accuse les dix-sept minutes, ce qui en fait le haut-fait d‘un album sublime de bout en bout, et subtilement plus ambitieux.

La donne n’a pas vraiment changé, le décor et l’accueil non plus, et l’empreinte de YES se fait toujours autant sentir dans les couloirs de ce château aux ors brillants de mille feux. On se retrouve entre amis et en terrain connu en découvrant « Real Time World », même si ce morceau de prise de contact fricote avec les dix minutes en proposant de nombreux plans et digressions personnelles. Le son, une fois encore parfait fait rebondir la basse sur la grosse caisse, tandis que les guitares, changeantes et lumineuses se taillent la part du lion et affrontent un clavier qui finalement, est plus leur allié que leur ennemi. La beauté frappe le regard, et la précision les tympans, et si les adorateurs de la cause Metal Progressif accuseront le coup d’une telle quiétude, les fans de Progressif pur et dur seront aux anges et arboreront un sourire de circonstance.

Il est donc utile de le préciser une nouvelle fois, ARC OF LIFE n’est pas un groupe de Metal progressif, mais bien de Rock progressif. Si on le comprend assez facilement et rapidement, il faut bien imprimer cette notion dans sa mémoire, et ne pas attendre un sursaut de puissance qui ne viendra jamais. Ici, la puissance s’exprime autrement que par un jeu rythmique agressif et une distorsion prononcée, et repose sur un principe de jeu collectif qui densifie le son dans les passages collégiaux. Ainsi, le diptyque « All Things Considered » / « Colors Come Alive » pourra rebuter les plus violents, puisque le groupe anglais a choisi une voie pastorale avec des couleurs musicales automnales et un rythme paisible de balade en campagne anglaise.

Evidemment, la tutelle du géant YES plane au-dessus de ce voyage au long-cours, et les musiciens ne cachent en rien le respect qu’ils vouent à leur groupe majeur. Et si YES a connu bien des incarnations différentes depuis sa naissance, ARC OF LIFE en propose une sorte de synthèse survolant les époques pour nous amener à aujourd’hui, période plus exigeante concernant les œuvres ambitieuses. « Let Live » est d’ailleurs ce qui se rapproche le plus de ce que le groupe mythique nous offrait dans les années 70, avec ce beat en mid nerveux et ces cassures mélodiques à la basse séduisante.

Les deux albums sont donc cohérents dans leur expression, mais je ne peux m’empêcher de penser que ce petit dernier à quelque chose de plus. Une magie plus tangible, un sentiment diffus de perfection dans l’humilité, et des allures de vrai classique. Expérience et envie combinée donnent des résultats probants, et si « Real Time World » se pose en guide dès le début de l’album, c’est évidemment « Arc Of Life » qui s’occupe de la fin du voyage en prenant soin de n’oublier aucun bagage.

Qui dit album progressif classique, dit épilogue gargantuesque et explosif. Sur ce titre éponyme, les cinq musiciens se lâchent comme jamais, abandonnent toute mesure pour nous entraîner aux confins d’un monde entre hier et demain, avec encore une fois en exergue des arrangements sublimes, et une basse à la Chris Squire qui roule des graves et tangue avec le bateau. Traversée du Styx, cette ultime intervention est extraordinaire de dextérité, développe des arguments irrésistibles, et se love au creux des plus grands achèvements seventies. Il n’est pas difficile de voir que le pedigree de ces musiciens leur permet toutes les audaces instrumentales, même si les nappes vocales ont aussi leur mot à dire.

ARC OF LIFE n’a eu d’autre ambition sur cet album que de proposer un disque généreux, mélodique, acrobatique, faisant honneur au genre qui lui a donné naissance. Un disque qui nécessite de nombreuses écoutes pour en saisir tous les détails, du plus infime au plus riche, mais qui impose désormais le nom d’ARC OF LIFE au panthéon des jeunes groupes qui montent. Sans surprise, mais avec un brio extraordinaire.   

 

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Real Time World

02. Don’t Look Down

03. All Things Considered

04. Colors Come Alive

05. Let Live

06. Arc Of Life


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par mortne2001 le 07/11/2022 à 17:43
88 %    400

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