Qui joue encore du véritable Heavy Metal de nos jours ? Je veux dire, qui joue encore le Heavy Metal tel qu’il doit être joué lorsqu’on respecte ses codes sans se vautrer dans ses poncifs ? MAIDEN ? Les plus objectifs vous diront qu’ils n’ont rien produit de notable depuis le premier départ de Bruce Dickinson, les plus chafouins remonteront même jusqu’à Powerslave. JUDAS PRIEST ? C’est une possibilité, leur dernier album ayant remporté l’adhésion et les louanges critiques. MANOWAR ? Impossible de les prendre au sérieux à la lecture de leurs titres pitoyables. Et si l’on met de côté la vague vintage qui n’en peut plus de pomper des plans déjà éculés depuis le second LP de RAVEN, il ne nous reste pas grand-chose. En poussant les choses un peu plus loin, je pourrais parler d’ARMORED SAINT, l’un des derniers gardiens de la flamme qui n’a pas besoin de rappeler d’anciens membres pour continuer d’attirer les foules. Et au-delà de ça, c’est encore dans l’underground, chez ces musiciens qui jouent par passion et non par fausse dévotion que l’on trouve les derniers templiers, la plupart du temps venant de pays qui à la base, n’ont jamais été de gros exportateurs. Prenons le Danemark par exemple, patrie de Lars Ulrich. Qui serait capable de citer un groupe notable ayant émergé de ses côtes dans le style depuis MERCYFUL FATE ou les PRETTY MAIDS ? Peu évidemment, ce qui n’empêche pas la scène nationale de laisser ses instrumentistes mouliner dans les caves pour publier des albums mémorables. Et c’est justement au nord que vous risquez de tomber sur les esthètes glorieux de PECTORA, qui malgré un sobriquet en forme de sirop pour la toux s’illustrent dans un sous-genre global qui n’a jamais supporté la médiocrité.
PECTORA dans les faits est un quintet (Kenneth Steen Jacobsen - chant, Morten S. Nielsen & Søren Weiss Kristiansen - guitares, Laurids Leo Münier - basse et Nicolas Kraunsøe Frandsen - batterie), fondé en 2011, et qui pour l’instant ne s’était pas vraiment démarqué par sa productivité. Deux EP en six ans d’existence (Burgeon of Hate en 2013 et Redemption en 2017), pour une émergence à peine digne d’un entrefilet dans un fanzine photocopié, avant que les petits malins de Mighty Music n’aillent dénicher leur premier longue-durée pour en faire profiter le monde entier. Et une fois encore, le label danois nous enchante de sa clairvoyance, révélant là un des groupes les plus attachants d’un créneau classique, à cheval entre rigueur rythmique et séduction mélodique. Et là est bien l’atout principal de ces musiciens qui refusent la facilité de la nostalgie à tout prix, préférant traduire dans un langage contemporain un idiome ancestral, sans se contenter de ses codes les plus évidents. Produit par le groupe lui-même, mixé et masterisé par le grand Sebastian « Seeb » Levermann (ORDEN OGAN, RHAPSODY OF FIRE, RIOT V & BRAINSTORM), Untaken est une petite merveille de synthèse globale qui se paie le luxe de résumer une décennie entière de ses morceaux aussi variés qu’authentiques. On y sent un réel amour du Heavy Metal des 80’s, qui échappe toutefois à la cryogénisation par un talent manifeste pour transposer sans dénaturer, des influences multiples mais homogènes, une dextérité individuelle au service d’un collectif soudé, et surtout, l’envie de jouer autre chose qu’une simple repompe de MAIDEN, KING DIAMOND, SAXON et autres représentants de la NWOBHM, histoire de se voir apposer un sceau de crédibilité.
Aussi lourd qu’ANGEL WITCH, aussi rapide que les premiers TANK, aussi dense que la période de gloire de JUDAS PRIEST, aussi gracile que le MAIDEN le plus harmonieux, solide comme n’importe quel LP de l’industrie allemande, Untaken est quasiment un cas d’école, qui peut d’une minute à l’autre faire émerger le souvenir de Red, Hot & Heavy ou celui de Nightfall. Pesant sans être Doom, mélodique sans glisser vers la FM, dur mais souple, ce premier effort témoigne de huit années passées à peaufiner un répertoire sans faute, et se veut festival de riffs et de percussions rythmiques efficaces et créatifs. Dominés par la voix puissante mais toute en retenue de Kenneth Steen Jacobsen, ces huit morceaux sont autant de témoignages de la vitalité d’un Metal qu’on aime toujours aussi noble, aux arrangements subtils de tierces et d’arrondis de basse joviaux, et il n’est alors guère étonnant de constater que les PECTORA admettent un champ d’influences aussi large. On trouve dans leur setlist d’apprentis des noms comme JUDAS PRIEST, SAXON, HAMMERFALL, BLACK SABBATH, JOE BONAMASSA, KADAVAR, IRON MAIDEN, GUNS N ROSES, TOOL, AXEL RUDI PELL ou ACCEPT, et en secouant ce cocotier de stars, on obtient effectivement quelque chose qui se rapproche de ce premier jet, à peu de choses près. Bien sûr, la patte du nord est papable, notamment dans cette souplesse de son qui sait rester rond même dans les moments les plus furieux (et dans le genre Power Metal RIOT-style survitaminé, « Collide » se pose là), mais aussi cette faculté de traiter le Heavy sans condescendance de facilité, en lui adjoignant des mélodies imparables et des changements de rythme symptomatiques de la première vague Speed européenne (« Unkindled Flame »).
Et un groupe capable de vous prendre à la gorge avec une entame aussi évolutive et dramatique que « Untaken » mérite sans conteste toute votre attention. Syncopes, riffs en sniper, mid tempo martelé mais dansant, progression intelligente et harmonique, pour sept minutes de présentation qui passent comme dans un rêve. Et plus l’album avance, plus on comprend que les PECTORA ont tout compris, en combinant la délicatesse et la rudesse, pour élaborer une recette en mid tempo complexe, mais étonnamment persuasive (« The Fare », et pour le prix c’est pas cher). Bien sûr, les titres sont longs, mais les idées de plomb, et on sent parfois quelques accointances seventies parfaitement délicieuses (« No Regrets », deux décennies réunies pour un même alibi). Chœurs travaillés mais sonnant frais et authentiques, allusions Thrash pour un déroulé final emphatique (« The Arrival », il y a du MANILLA ROAD et du METALLICA là-dedans, mais pas seulement), qui en plus s’amuse à reprendre la violence bluesy du PANTERA à son compte, sans en avoir l’air. De quoi compléter un tableau déjà chargé mais aéré, et achever de construire une réputation en quarante-sept minutes. Alors oui, on joue encore du vrai Heavy Metal de nos jours, mais sans le prendre pour une cause acquise. On le défend, on le déforme, on l’adapte, mais on l’aime comme au premier jour, alors que tout restait à faire par passion et amour.
Titres de l'album :
1. Untaken
2. Collide
3. Haunted Memory
4. The Fare
5. Running Out Of Days
6. Unkindled Flame
7. No Regrets
8. The Arrival
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22