Unholy Street Ceremony

Beer Breath

23/03/2022

Autoproduction

Voilà un retour qui fait bien plaisir, celui des franciliens de BEER BREATH. Il y a déjà quatre ans, je prenais acte de leur fougue en chroniquant leur premier EP Story of a Decayed Life, et j’attendais avec une impatience non feinte la confirmation de ces bonnes impressions. Il est donc tout à fait charmant de retomber sur ces musiciens au détour de 2022, une fois encore armés jusqu’aux dents, encore saines malgré le décapsulage en règle de nombreuses canettes de bière. BEER BREATH, de loin, donne encore le sentiment d’être une assemblée de pochtrons limant le zinc des bistrots en rabâchant des histoires entendues cent fois. Mais de près, et une fois l’haleine chargée encaissée, ils présentent un visage tout à fait différent, beaucoup plus sobre dans l’incarnation, et totalement sain dans la composition.

D’où ce nouveau petit bouquet de saynètes, sept au total, comme pour le premier album. Des saynètes au goût du jour, traitant de cas de société, de problèmes du quotidien, et toutes les saloperies cachées par les industriels, le gouvernement et autres consortiums et lobbies avides de dividendes. En singeant le trait de Géricault et son radeau de la méduse, les franciliens nous offrent donc le spectacle d’un naufrage déjà vécu, et qui aujourd’hui s’est transformé en galère à mener où le vent veut bien nous porter. Musicalement, la donne est la même, avec toujours en exergue ce mélange de Thrash, de Death, et tous les extrêmes qui tiennent sur l’embarcation de fortune, pour une colère qui éclate à la moindre note et à la moindre impulsion de grosse caisse.

Unholy Street Ceremony est donc un nouveau tableau extrême brossé avec beaucoup d’acuité par les quatre marsouins agités (Charogne - basse, Anciles - batterie, Captain - chant, Maxime "Pantin" L'Hoir - guitare). On y retrouve les ingrédients qui avaient fait monter la mayonnaise il y a quatre ans, mais aussi de sérieux progrès dans l’utilisation des condiments les plus épicés. Difficile dès lors de situer les BEER BREATH sur un échiquier quelconque, leur art tenant tout autant d’un Death moderne et précis que d’un Thrash vraiment méchant, furieux et venimeux. Et dès la première attaque éponyme, les cloches sonnent et l’anti-venin fait la guirlande dans le sac à dos : « Beer Breath », l’un des deux morceaux les plus longs de l’album est une entrée en matière dantesque, truffée d’effets sonores dignes d’un b-movie glauque et sale.

On prend note immédiatement d’un son monstrueux, qui amalgame chaque instrument dans un ragout géant, sorte de blob du terroir qui avale tout sur son passage. BEER BREATH, après quatre ans de silence gueule encore plus fort qu’avant, et ne compte pas jouer les seconds rôles. Il faut dire que cette affaire a été rondement menée, et avec un professionnalisme admirable. On tremble sous les coups d’une double grosse caisse sans baisse de régime, on chope un torticolis de fou en essayant de suivre les changements de thème et de tempo, et on s’écorche la gorge à imiter ce vilain Captain qui hurle comme un négrier sur une galère. Les quatre compères présentent un profil très uni, et ce deuxième album/EP fait montre d’une maîtrise et d’une précision rare dans la violence la plus extrême. Beaucoup plus brutal, beaucoup plus viscéral, Unholy Street Ceremony est une messe noire de rue célébrée la bière atomique à la main, avec une foi sans faille en ce Dieu porcelaine qui accueille bien des décharges après des nuits trop agitées.

D’aucuns argueront que le tout est classique, ce qui n’est pas faux mais pas totalement vrai non plus. Si la trame de fond est assez formelle, les arrangements et bruitages divers densifient encore un peu plus le propos, et accentuent ce sentiment de chaos qui se dégage de toutes les pistes. Nous faisons donc face à un vrai travail consciencieux, caché derrière un esprit potache sur le papier, mais socialement concerné. Bien sûr, les calembours sont sympathiques (« 8,666 », il fallait oser la bière bon marché et satanique qui bourre avant de bourrer…par derrière), les déformations assez finaudes (« Seven Healthy Sins », ou les sept péchés dans la capitale pour garder la santé), et les aveux sincères (« Freedom by Being Wasted », ou comment s’affranchir des carcans de la société en picolant plus que de raison).

Et l’un dans l’autre, entre ces astuces de guitare bien senties, ces quelques mélodies masochistes qui se laissent fouetter jusqu’au sang, ces syncopes qui donnent le tournis comme sur des montagnes russes en bois d’occasion (« Insane »), et un final glauque comme une partie de fléchettes entre David Vincent et George Corpsegrinder (« Last Kiss of a Coward »), BEER BREATH prouve une fois de plus qu’il n’est pas qu’une galéjade pour alcooliques en manque de degrés, mais bien un projet viable, monté par des musiciens qui n’aiment rien de plus que le tongue-in-cheek, mais qui abordent toujours l’aspect artistique avec sérieux.    

    

Alors les gars, merci d’être revenus, et la prochaine tournée est pour moi. Enfin avec vous. Bref, vous m’avez compris.

 

        

Titres de l’album :

01. Beer Breath

02. 8,666          

03. Seven Healthy Sins           

04. Freedom by Being Wasted           

05. Insane

06. Great a Tuborg      

07. Last Kiss of a Coward


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 06/07/2022 à 17:52
78 %    904

Commentaires (3) | Ajouter un commentaire


GROUIK
@37.166.169.154
06/02/2024, 00:39:19

une belle découverte


Vivement le prochain Ep. Ça envoie du lourd
@37.166.28.128
26/03/2024, 00:15:45

Putain c'est vachement bien 


Bastos
@37.165.142.166
02/07/2024, 01:19:59
Putain ça défonce 

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Dede

Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer 

09/07/2025, 23:09

Dede

Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)

09/07/2025, 23:07

NecroKosmos

Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)

09/07/2025, 21:39

Salmigondis

Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)

09/07/2025, 20:31

totoro

Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)

09/07/2025, 18:22

Jus de cadavre

Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)

09/07/2025, 15:34

Jus de cadavre

"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)

09/07/2025, 15:26

DPD

@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.

09/07/2025, 13:52

Saul D

Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....

09/07/2025, 13:52

Ivan Grozny

J'aime beaucoup ce groupe, hâte d'écouter ce nouveau disque !

09/07/2025, 13:17

Ivan Grozny

News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)

09/07/2025, 13:16

Jus de cadavre

"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)

09/07/2025, 12:20

labbe

ça va en faire du selfie à la con sur internet... 

09/07/2025, 10:44

Dom

C'est justement peu-être l'affiche 2025 qui a convaincu  :)

09/07/2025, 10:34

Humungus

Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"

09/07/2025, 10:30

l\'anonyme

Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ? 

09/07/2025, 10:13

GPTQBCOV

@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant... 

09/07/2025, 06:45

DPD

@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.

09/07/2025, 01:12

LeMoustre

Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru

08/07/2025, 23:59

DPD

Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.

08/07/2025, 22:44