Quand on parle de Death Metal hollandais, on pense immédiatement à PESTILENCE, ASPHYX, SINISTER, soir une approche formelle et traditionnaliste, et surtout à Martin Van Drunen, le pionnier du genre aux côtés de Patrick Mameli. Difficile de résumer la scène nationale aux seuls noms évoqués plus haut, mais force est de reconnaître que le brave Martin a fait le tour de la question brutale dans son pays en deux groupes et quelques années. Seulement depuis, l’horloge de la mort ne s’est pas arrêtée de tourner, et les musiciens nationaux ont pris la relève à bras le corps, assumant cet héritage avec tout le respect lui étant du. Et de cette nouvelle génération a émergé une créature hideuse des bas-fonds d’Amersfoort, pour propager les effluves d’un Death Metal toujours aussi putride et malaisant, BODYFARM, qui de son nom évoque une vieille ferme perdue dans la province d’Utrecht, et dernière demeure de victimes ayant croisé le mauvais psychopathe sur le mauvais chemin. Formé en 2009, ce groupe très actif de la scène batave n’en est pas à son coup d’essai, et nous délivre aujourd’hui son quatrième longue-durée en dix ans, ce qui achève de faire de lui une référence de la scène européenne. Et pas étonnant de constater son rayonnement en tendant les oreilles sur ses productions, qui de Malevolence en 2012 à Battle Breed en 2015 n’a jamais démenti les standards de qualité indispensables à la bonne compréhension d’une brutalité musicale sans pitié, mais très intelligemment contrôlée. Et quatre ans après leur dernier effort, ces musiciens savaient très bien qu’il fallait frapper un grand coup, et ont donc mis tous les atouts de leur côté, histoire que vous ne passiez pas près du leur sans les remarquer. Alors, de la production à l’artwork, en passant par la composition, les BODYFARM ont soigné leur réapparition, et nous délivrent avec Dreadlord un message très simple. Le Death Metal n’est toujours pas mort, continue de répandre les fléaux brutaux dans son sillage, et s’accorde très bien d’une remise à niveau pour s’adapter à l’air du temps, tout en continuant d’honorer son passé.
Je le disais, tous les aspects de ce retour pas si inopiné ont été soignés. D’abord, on retrouve aux finitions deux légendes de la scène. Dan Swanö au mixage et au mastering, et évidemment Dan Seagrave au graphisme, ce qui achève de conférer à ce quatrième LP une aura magique, un peu comme si l’auditeur était revenu dans le temps pour retrouver l’impulsion impitoyable du style qui avait tant agité sa jeunesse. Mais une production et un joli dessin n’ont jamais permis à un album médiocre de se frayer un chemin vers les tréfonds de la reconnaissance morbide, et c’est pour cette raison que le quatuor (Quint Meerbeek - batterie, Thomas Wouters - guitare/chant, Alex Seegers - basse et Bram Hilhorst - guitares) a méchamment peaufiné ses compositions, sans leur faire perdre de cette patine sauvage qui caractérise les meilleurs jets du genre. On retrouve donc ce mélange de Death suédois et plus généralement européen, à mi-chemin des exactions froides de la scène de Goteborg et celle moins rigide des Pays-Bas, pour un melting-pot UNLEASHED/PESTILENCE, avec de sérieux clins d’œil au linceul d’ASPHYX. Et en tant qu’amateur indécrottable du Death des fondations, j’oppose l’argument suivant à toute critique formulée gratuitement : comme ses quatre aînés, Dreadlord est une réussite totale, qui parvient à capter l’air d’un passé fétide et l’atmosphère glauque d’un présent putride. Avant d’attaquer la créativité, saluons le son gigantesque de l’ensemble, qui ne lèse personne, et qui permet aux guitares d’occuper le premier plan. Et celles-ci ont des choses à dire, des riffs lourds et pesants à lâcher, et des soli à cramer d’une vitesse déraisonnée. Thomas et Bram ne font pas semblant de mouliner, et savent qu’ils peuvent se reposer sur l’efficacité d’un batteur qui n’a pas oublié de cogner, et qui sait lâcher les blasts lorsque la température menace de tout brûler. Sûrs de leur fait, les musiciens n’hésitent d’ailleurs pas à se passer d’intro, et rentrent immédiatement dans le vif du sujet avec l’implacable « Dreadlord », manifeste de haine pour désaxés de l’humanité en manque de brutalité. Tous les éléments sont en place, des allusions plus que poussées aux débuts de PESTILENCE (ce morceau a l’intensité et la brutalité qu’on chérissait tant sur le vicieux « Dehydrated » de Consuming Impulse), aux accélérations brutales plus symptomatiques de l’école d’embaumeurs scandinaves, et le résultat est sans appel : ce quatrième LP sera la tuerie annoncée avant que l’on puisse faire quoi que ce soit pour l’éviter.
Evidemment, tout est classique. Rien ne vient bouleverser l’ordre mondial, et les instrumentistes s’appliquent à donner leur propre opinion sur des philosophies anciennes. Mais en acceptant de combiner le meilleur du Death US contemporain et la crème de son versant européen d’il y a presque trente ans, Dreadlord est un déferlement de haine bien vivant, dominé brutalement par la voix incroyablement puissante de Wouters, l’un des meilleurs vocalistes du genre. Le mixage de Swanö permet à la basse de Seegers de ne pas pointer aux abonnés absents, et le massacre peut alors prendre forme, autour de soli introductifs d’outre-tombe et de cavalcades rythmiques fécondes (« Rites Of Damnation »). L’intensité qui se dégage de cet album est telle qu’on a le sentiment que les notes vont s’échapper des enceintes comme des asticots d’un corps un peu trop froid pour un mois d’août, et les huit mois passés à la conception de cet album se ressentent à chaque intervention, rendant les morceaux parfaitement imperfectibles, et dégoulinant de puissance. La valse continue sans aucune hésitation, et si les plans se répercutent d’un titre à l’autre, le quatuor a toujours l’intelligence de les moduler pour ne pas trop friser la redite. Ainsi, l’aplatissant « Manhunt » se montre aussi terrifiant qu’accrocheur, grâce au phrasé diabolique de Thomas, MC de l’enfer qui maîtrise parfaitement son gosier. Mais avec des variations de tempo qui tombent toujours à pic pour prouver que le groupe est aussi à l’aise en version lourde (« We Sailed To Death »), des transitions acoustiques de toute beauté et tout sauf gratuites (« Eternal »), et des boucheries qui vous vendent des tripes, des abats et encore des tripes (« The Horsemen »), on satisfait notre instinct voyeuriste et sadique par procuration. Et mon Dieu, que c’est bon.
BODYFARM se permet même quelques fantaisies à la DARKTHRONE/HELLHAMMER (« Angelreaper »), des allusions au patrimoine cinématographique horrifique (« Faces Of Death »), et entérine son retour avec assurance, nous délivrant l’un des albums de Death nostalgique les plus probants depuis fort longtemps. Quelques mélodies sans noyer l’outrance, et une belle preuve que le Death batave peut encore compter sur des fossoyeurs fiables.
Titres de l’album :
1. Dreadlord
2. Rites Of Damnation
3. Manhunt
4. Woods Of Dismay
5. We Sailed To Death
6. The Horsemen
7. Eternal
8. Unholy Resurrection
9. Angelreaper
10. Faces Of Death
11. Undead Warmachine
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