Drink, Smoke and Don’t Give a Fuck

Endless Curse

04/09/2020

Autoproduction

Mangez cinq fruits et légumes par jour, habillez-vous républicain, portez un masque, fumer nuit à la santé, faites du sport, la drogue c’est mal et réservé au musiciens dépravés ou aux publicitaires parisiens, vive la monogamie, ne marchez pas sur la pelouse, travailler c’est la santé, achetez, consommez, faites marcher l’économie, achetez français, ne mangez pas trop gras, faites de l’exercice, éduquez vos enfants, aucun n’est hyperactif, il n’y a que des professeurs incompétents et des parents dépassés, respectez la file d’attente, allez dans les musées, n’oubliez pas les nazis, votez écolo, triez vos déchets, non à la monoculture intensive, oui au mieux-penser et au mieux-vivre, alerte au mondialisme, manifestez…Bref, faites bien tout ce qu’on vous dit, même si c’est le contraire de ce qu’on vous a demandé hier. Et justement, aujourd’hui, j’ai fait la connaissance de trois potes allemands qui ont adopté la bonne attitude pour survivre dans ce monde de dingues. A la limite, on pourrait presque les prendre pour l’embryon d’un parti politique, avec un programme énoncé dans un slogan lénifiant de simplicité :

Bois, fume et n’en n’ai rien à foutre. 

Il y a fort longtemps que je n’avais pas lu un truc aussi raisonnable dans cette ère de recommandations à outrance, d’interdiction, et de culpabilisation permanente. L’infantilisation c’est bien, mais passé quarante ans, on a envie de la coller au cul des donneurs de leçons qui pensent encore que la rue est une tribune et leur pensée, la meilleure qui soit. Alors, oui, fuck’em all, vive le Death Metal le plus bourrin qui soit, et tiens, décapsule moi une autre bière bordel, que je puisse roter en paix. Ces trois-là sont donc les plus heureux, les plus libres, mais surtout, les porte-parole d’un underground qui se révolte contre le politiquement correct, qui pète, qui joue à fond les ballons, et qui reste farouchement indépendant. Formé en 2009 à Upper Swabia, ENDLESS CURSE est un genre de concept dilettante, qui ne se presse pas pour sortir des disques, mais qui offre une qualité dans la débauche plus qu’appréciable. Et après un premier EP en 2012 (Upheaval), les trois chevaliers du je m’en foutisme absolu ont enfin débouché la bouteille du premier long en 2016 avec un Slave Breeding Industry méchamment corsé et absolument pas en adéquation avec l’étiquette. L’avantage du Death de ces vilains ? Il est immédiat, franc, massif, un peu rude et rustique, mais salement accrocheur, avec des hymnes au stupre et à la rébellion, ce qui a l’avantage de nous éviter les sempiternelles turpitudes bruitistes des maniaques Brutal Death ne pensant qu’à nous en coller un coup de trique derrière la nuque. Ici, la violence est sombre mais paillarde, les riffs velus mais doux en oreilles, le chant évidemment bien gras et rauque mais joyeux, les breaks efficaces, et le tout chantant et fleuri. Alors, on s’en grille une ? Et comment.

Ceci étant posé, les amateurs de poésie et autres câlins oraux délicats avant de dormir sont priés de garder leurs chaussures et de sortir discrètement de cette chronique. Car les trois margoulins responsables de cette tranche de nostalgie viscérale (Willi – guitare/chant, Erik – basse/chant et Alex – batterie) n’ont encore une fois pas fait les choses à moitié mais bien au double, voire au centuple, accentuant les aspects les plus revêches de leur musique pour ne pas faire sombrer les fans de technique dans les affres de la méprise. Aussi évocateur qu’un effort en extérieur de CANNIBAL CORPSE, suffisamment fun pour attirer dans ses filets les fans de second degré, Drink, Smoke and Don’t Give a Fuck gives a fuck justement, et ne se contente pas de borborygmes au Synthol, de bières tiédasses et de comportement rudes. Malgré la pose goguenarde dans un canapé, l’air de ceux à qui on ne la fait plus, les ENDLESS CURSE ont méchamment trié leurs glaviots pour ne garder que les plus épais, et leur savoureux mélange de Brutal Death et de Grind est du genre à bien passer dans la gorge pour aller boucher l’estomac. Mais on ressort de l’écoute de ce second LP totalement galvanisé, euphorisé, et « D.S.D.G.A.F. » de nous avertir avec franchise des exactions à venir. Gros riff ténébreux à l’américaine, grosse caisse à fond les tonneaux, ambiance des grands soirs dans une caverne, pour un Death vraiment efficace, généreux dans les tranches, et interprété avec beaucoup d’enthousiasme. Ce qu’on apprécie dans ce menu copieux, c’est la diversité du plat de charcuterie, qui passe du salami en mid tempo à la grosse wurst bien chaude qu’on s’enfile dans le gosier. Comprenez que le trio passe par toutes les saveurs du Death le plus barbare, imposant des blasts sur fond de riff plaqué, tout en aménageant des entre-deux plus soft et fédérateurs (« B.E.E.R. » et cette dualité de voix digne du Goregrind le plus saignant).

Evidemment, le plat est classique, mais regorge de viande, et donne vraiment envie d’être bouffé avant la fin de l’apéro. Le tout garde cet esprit de charcuterie amateur, aux gros morceaux bien charnus et travaillés à l’attendrisseur, et faites-moi confiance, quand on s’avale un « Drifted » sans être prévenu, on tousse un peu quand même. Nos hôtes nous gâtent donc, et connaissent leur boulot sur le bout de la feuille, et sans être dur de la mienne, autant dire que mes tympans ont mangé chaud, alors que mon palpitant montait dans les tours. Avec leur Death de sauvages, les trois allemands nous cueillent à chaud et nous caressent dans le sens du poil, lâchant des hymnes à la brutalité tout à fait honnêtes (« Still Waters »), sans se prendre trop au sérieux ni évoquer des images un peu trop salaces et sadiques. Les obnubilés par le Death de papa qui tronçonnait tantine pendant que mamie avait le dos tourné, et qui ne crachent pas sur un brin d’humour dans la bestialité sauront apprécier et déguster des intermèdes rigolos comme « Gut Lottery » entonné à deux voix et bénéficiant de ralentissements de mammouth, et les vrais fondus de la cause sauront reconnaître des musiciens qui s’amusent avec les clichés pour les détourner à leur manière. On n’est pas encore dans la même catégorie que les plus grands, mais le parfum CANNIBAL CORPSE meets CARCASS est louable et appréciable, et ce second LP passe largement la rampe, notamment grâce à des astuces de composition assez malignes.

Alors, libre à vous de manger une poire, un poireau, une pomme, un pommier, une laitue, de faire des pompes, d’inscrire votre sale moutard dans une école privée tout en votant à gauche, moi je vais m’en boire une, m’en rouler un, et je vous emmerde bien velu.

      

Titres de l'album :

01. Intro

02. D.S.D.G.A.F.

03. Damned Army

04. F.T.N.W.T.G.

05. B.E.E.R.

06. Drifted

07. Still Waters

08. Gut Lottery

09. Psycho Weed

10. The Glory Three

11. Gods of Shame

12. Budapest Nights


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par mortne2001 le 30/09/2022 à 17:31
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@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

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ok boomer

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Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

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ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

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Prost. Celtic Prost.

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