Lorsqu’on aime l’extrême, le vrai, le pur, le dur, on ne peut pas ne pas aimer les finlandais d’IMPALED NAZARENE. Car ils sont un peu le tonton bec-de-lièvre de la famille boucan, le cousin attardé qui fait des blagues de merde, le vieux chien qui pète alors qu’on déguste une part de charlotte aux prunes. Le genre d’invité qu’il aurait fallu ne pas inviter, mais qui est quand même attachant de sa débilité et de son absence totale de principes et de retenue. Depuis l’orée des années 90, le groupe de Mika Luttinen n’a retenu aucune saillie provocante, aucune galéjade de mauvais goût, et a même pris le temps d’enregistrer un recueil de ses meilleurs calembours en 1993 avec le légendaire Ugra Karma, à la superbe pochette et au contenu non moins explosif. Depuis des années, IMPALED NAZARENE prône le ménage humain de printemps, et attend qu’une bombe vienne nous sauver du marasme dans lequel nous sommes plongés ; entre temps, il publie régulièrement des œuvres qu’il souhaite aussi ravageuses que possibles, mais peine depuis quelques années à retrouver la superbe de sa débilité bruitiste des nineties.
Ainsi, Eight Headed Serpent, treizième album studio de la créature fourchue et cornue intervient sept ans après la dernière déflagration, si bien qu’on pensait le monstre étendu pour le compte, mis au tapis par la COVID ou autre pandémie donc nous n’aurions pas eu connaissance. Vigorous and Liberating Death nous avait laissé sur une bonne impression de boucan paillard et joyeux, mais visiblement, les sept années d’absence ont quelque peu rigidifié l’humour de la bande, qui nous livre là l’un de ses efforts les plus sérieux, et l’un de ses discours les moins discutables d’un point de vue artistique. Ne commencez pas à trembler, la recette est toujours la même, on ne changera pas Mika Luttinen avec le temps et la maturité, ni avec des points retraite supplémentaires. Eight Headed Serpent suit toujours la même ligne de conduite, une violence ininterrompue, du tongue-in-cheek velu, et de sacrés hymnes à la fin des temps qui font autant de boucan qu’un rire tonitruant de tonton Jean-Jacques.
Enregistré et mixé au Revolver studio en Finland par Asko Ahonen, masterisé par Mika Jussila au Finnvox studio, et décoré d’un artwork créé par le collaborateur de longue date Ritual de Nucleart Design, Eight Headed Serpent a donc été peaufiné pour répondre aux attentes des fans, qui commençaient à se désespérer de ce silence imposé par le groupe. Epaulé par les mêmes musiciens depuis 2007 (Reima Kellokoski - batterie, Mikael Arnkil - basse et Tomi Ullgrén - guitare), Mika Luttinen continue donc son parcours sans se poser de question, et nous sert encore bouillantes quinze tranches de vie, dont deux en bonus histoire de s’excuser de son absence.
Le résultat ne se fait pas attendre, et le nouveau répertoire est assez similaire à ce que le groupe a pu produire dans les années 2010. A savoir un Black Metal joué Punk par tous les pores, simplissime, brutal, éructé d’une voix de démon sorti de son bunker par Mika, tronçonné en petits segments pour ne pas trop lasser, et assez efficace pour concerner les fans du groupe et les amoureux de la bestialité finlandaise sans compromis. Seulement, malgré sa puissance et son envie d’en découdre, Eight Headed Serpent tourne rapidement en rond, pas encore à vide grâce à une énergie de tous les diables, mais suffisamment en rond pour ne pas forcément passionner la jeune génération, ni fasciner l’ancienne. En choisissant d’approfondir le son et de se concentrer sur un BM formel, le groupe a perdu de son aura légendaire de groupe complètement fou, et capable d’accoucher d’un morceau aussi improbable et barge que « I am the Killer of Trolls ». Comble de l’ironie, on a parfois le sentiment d’écouter une resucée du Panzer Division Marduk de qui-vous-savez, ce qui n’est pas forcément un compliment quand on parle d’IMPALED NAZARENE (« Mutilation Of The Nazarene Whore »).
Alors, certes, l’intro est rigolote, Mika braille comme jamais, le rendement est maximal, et « Foucault Pendulum » copie habilement NAPALM DEATH et ses outro lourdes et expérimentales. Certes, la rythmique formée par Reima Kellokoski et Mikael Arnkil est efficace comme un réacteur nucléaire tournant à plein régime, et certes, le tout menace d’imploser et de répandre ses effluves radioactifs sur un monde préparé à l’apocalypse. Mais on ne peut s’empêcher de penser que Mika a fourni le minimum syndical pour son retour en compétition, et que nous étions en droit d’attendre autre chose que ce BM sourd, grave, ultrarapide et joué comme à la parade. Non que je pense qu’IMPALED ait encore le potentiel pour nous surprendre d’une œuvre conséquente au moins égale à ses réussites les plus flagrantes, mais en écoutant ce treizième album, je suis resté sur ma faim, et sur une impression de déjà entendu ailleurs, en plus efficace, ou ici, mais en plus drôle et récréatif.
Le coche a donc été loupé, mais reste un album brutal, viscéral, et un peu trop stérile pour vraiment donner le sourire.
Titres de l’album:
01. Goat Of Mendes
02. Eight Headed Serpent
03. Shock And Awe
04. The Nonconformists
05. Octagon Order
06. Metastasizing And Changing Threat
07. Debauchery And Decay
08. Human Cesspool
09. Apocalypse Pervertor
10. Triumphant Return Of The Antichrist
11. Unholy Necromancy
12. Mutilation Of The Nazarene Whore
13. Foucault Pendulum
14. Penis Et Circes (bonus track)
15. The Horny And The Horned (bonus track)
Je partage le même point de vue. Le fan ultime que je suis est pour la première fois déçu par un album des finlandais. Il manque quelque chose, probablement des hymnes, des refrains imparables. L'album est un peu monotone mais n'est pas non plus une bouse, loin de là. La créativité est en berne et j'espérais mieux de leur part. De plus, le livret est tout de même d'un mauvais goût certain. Les textes sont toujours explosifs. Bref, je reste mitigé.
Alors oui cela tourne en rond depuis déjà des lustres, mais moi j'y ai trouvé mon compte sur cette dernière offrande. Bien plus que sur les dernières en tous cas...
Et quoi le livret ?!?!
Justement le livret bon dieu de dieu !!! !!! !!!
Rien que pour ces deux mirifiques photos, l'achat est obligatoire AH AH AH !!!
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39