Il me semble que nous parlions de Grind il y a peu, non ? Et si je m’en souviens bien, je vous disais à quel point j’étais attaché au style, pour peu qu’il ne sombre pas dans le grotesque Gore, Cyber, ou je ne sais quelle déviance bâtarde abêtissante confondant bruit et puissance, et plaisir et nuisance. Mais en dehors des gros tâcherons qui se vautrent dans la fange bordélique du numérique à tout va, croyant se montrer drôles et provocants, subsiste une scène heureusement plus portée sur la musicalité que sur le foutoir mal organisé. Foin des gorets vomissant leur grains de maïs sur les pompes de l’éleveur, et concentrons-nous sur une nouvelle formation lusophone des plus compétitives, qui toutefois ne crache pas sur un brin de fantaisie morbide. De Guarda, Portugal nous en viennent donc les terribles RAW DECIMATING BRUTALITY, qui de leur patronyme ne cachent en rien leurs convictions, et qui nous régalent d’un Grind à l’ancienne, joyeusement gai et diaboliquement damné. Fondé en 2003, ce quatuor (Daniel - chant, Espiga - guitare/chœurs, Micael - basse/chœurs et João - batterie) est plutôt du genre parcimonieux en ce qui concerne sa production, puisqu’en plus de quinze ans d’existence, il n’a publié qu’une démo, un split et un longue-durée, Obra ó Diabo!!!, paru à compte d’auteur il y a sept ans. Se revendiquant sans faux semblant de l’arrière garde qui meurt mais ne se rend pas du Grind, les portugais nous en reviennent donc avec un second LP, cet Era Matarruana qui règle son compte au Grind/Death contemporain de ses rythmiques analogiques et de ses arrangements vocaux diaboliques. Inutile donc de miser que une quelconque complaisance de ton, ni d’une facilité de ton, puisque les quatre lusophones semblent avoir tiré de sérieuses leçons du NAPALM DEATH le plus versé vers l’Indus et le Crust, et de son homologue ricain BRUTAL TRUTH, dans ses crises de démence les plus violentes.
Bourrin, cet album l’est, sans conteste possible. Il accumule les moments de bravoure et autres giclées de blasts comme à la parade du gynéco, et nous maintient les oreilles dans les étriers pour être sûr que nous n’allons rien en manquer. Mais bien loin de stupides amateurs de sensations épidermiques, les RAW DECIMATING BRUTALITY s’avèrent compositeurs chafouins, capables de piquer les stridences de la bande à Barney, époque Inside The Torn Apart, pour nous refiler des morceaux solides et entêtants (« Vastidão da Horda Maçarra», dont la mise en jambe ressemble cruellement à « Breed To Breathe », avant de se prendre d’une passion indéfectible pour les THE KILL et autres ASSUCK). On retrouve d’ailleurs le son de basse si clinquant et claquant de Shane Embury à intervalles réguliers, ce qui permet d’entériner ce parallèle de manière plus formelle. Mais rien n’est vraiment formel avec ces olibrius, capables de passer d’un plan méchamment Core à un interlude en exutoire sonore, et leurs morceaux réservent d’ailleurs des surprises rythmiques assez intéressantes, spécialement pour ceux qui ont du mal avec l’agression ininterrompue. Les arrangements vocaux se taillent aussi la part de l’ours, distribuant gracieusement les rôles, et alternant les grognements sourds et autres stries suraiguës, histoire de nous briser les tympans bien menus. Quelques passages bien gras n’gore viennent même alourdir le tout (« Roda em Chamas »), histoire de rappeler que CARCASS et SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION n’ont pas vraiment tenu les seconds rôles sur la scène. Mais pour autant, les RAW DECIMATING BRUTALITY tiennent au caractère farouchement naturel et viscéral de leur barouf, et ne nous inondent jamais d’astuces synthétiques histoire de friser et frimer avec les limites de l’ultraviolence.
En vingt-huit minutes, les quatre instrumentistes rattrapent donc le retard qu’ils ont accumulé ces sept dernières années, et replacent leurs pions sur l’échiquier. En signant l’un des LP les plus définitifs de cette année, ils toisent de leur superbe les plus grands pontes du style, sans prendre trop de risques, mais en divergeant, en louvoyant, et en se reposant sur un niveau instrumental et technique tout à fait correct. Et même si la batterie à un sale son triggé qui est parfois difficile à supporter, la folie des riffs et la schizophrénie des couches vocales nous permet de nous enthousiasmer pour un Grind qui n’a pas oublié son histoire, mais qui reste quand même bien campé dans son époque. Et comme en plus, les portugais ne se contentent pas de petites saillies défouloir de quelques secondes mais travaillent leur copie pour titiller la corde sensible d’un Darkcore à tendance Fast (« As Forças Ocultas dos Cromeleques »), le résultat global est plus que probant, et se rapproche même d’un Crust vraiment sombre à l’anglaise dans ses tentatives les plus glauques et sentencieuses. Aussi violent et radical qu’un LP de Grind à tendance Death puisse l’être, Era Matarruana nous garde quand même de belles calottes Metal bien au chaud, dont le terminal et irrésistiblement Mosh « Eterno Cro-Magnon Solsticial » est un bel exemple. Des guitares qui ne cherchent pas systématiquement l’idée la plus courte, une section rythmique bien soudée, et des hurleurs concernés, la valse/course poursuite est menée tambour battant, et nous laisse épuisés, mais ravis d’avoir jeté toutes nos forces dans la bataille. Celle menée par les RAW DECIMATING BRUTALITY est gagnée d’avance, et renforce les liens entre les amateurs d’extrême et le Grind d’hier et de demain. Pour info, l’album est distribué par le label national Vomit Your Shirt, qui propose de jolis bundles comprenant T-shirt, CD et tape, pour des prix tout à fait abordables.
Et vous iriez vous en priver ? Allez-y, parfois, c’est bon de frimer.
Titres de l'album:
1. Trono Nocturno do Matarruano
2. Vastidão da Horda Maçarra
3. Roda em Chamas
4. Calhau no Quintal
5. Martelos de Larouco
6. As Forças Ocultas dos Cromeleques
7. Chama Sacrificial
8. Sob a Égide do Deus Cornudo
9. Devaneio do Homem Cabra
10. A Fonte de Onde Brotam as Bestas
11. Falos em Pedra
12. Reve Marandicui
13. Ressurgimento do Indígena Serrano
14. Invocação da Serpente Colossal
15. Eterno Cro-Magnon Solsticial
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04