Ex Nihilo

Anzillu

27/01/2023

M-theory Audio

Un foie n’est pas costume, ça n’est pas la Suède mais bien la Finlande qui nous torpille. Aux commandes du sous-marin, un quatuor de jeunes musiciens se réclamant du Metal extrême, et qui nous impose son premier plan de bataille en format longue-durée. Originaires d’Helsinki, Rasmus Kantonen (basse), Jesse Kämäräinen & Sami Katajainen (guitares) et Teemu Kemppainen (chant) osent donc se démarquer de la scène en prônant des valeurs d’ouverture, valeurs confirmées par Ex Nihilo, monstre de puissance et d’agressivité, fendant les eaux comme un requin en manque de sang.

ANZILLU (Abomination en sumérien ancien) est donc un cas plus complexe que l’étiquette Thrash qui lui est accolée par la majorité des sites de référence. Si l’affiliation est indéniable, le quatuor a aménagé de nombreuses transitions vers d’autres sous-genres, sans paraître trop versatile. C’est ainsi que l’on pense reconnaître de ci de là quelques éléments Death/Black/Metalcore, sans que la base ne soit trop dénaturée. Mais avec une entame purement influencée par la fluidité d’EXODUS, le doute n’est pas permis très longtemps : le Thrash est bien la préoccupation principale, et la plus efficace.

Loin des sous-produits old-school calibrés pour être ingurgités en moins d’une demi-heure, Ex Nihilo demande des efforts d’écoute et une attention particulière, sans que son efficacité n’en pâtisse. Et si la vitesse et la folie sont reines, les mélodies et les assouplissements sont d’importance, et aèrent des saccades classiques et des embardées traditionnelles.

Aussi brutal qu’il n’est intelligent, ce premier projet permet de décrocher de la routine d’une scène gangrénée par son manque d’ambition. Alors que la plupart des représentants vintage s’accrochent aux enseignements anciens des légendes, ANZILLU frappe tous azimuts, et se pose les bonnes questions : est-il encore possible de rénover l’antiquité et est-il raisonnable de la vendre en tant que produit neuf ?

La réponse est évidemment oui, et les neuf pistes ambitieuses de ce premier album sont là pour en témoigner. Entre la violence de la Suède et la régularité métronomique des Etats-Unis, ANZILLU se situe donc en convergence, et fait preuve de beaucoup de panache dans le relooking de plans historiques. Plusieurs atouts sont à mettre en avant. D’abord, la complémentarité de deux guitaristes qui font feu de tout bois, et qui se complètent à merveille. Ensuite, la voix unique de Teemu Kemppainen, suraigüe, écorchée, et passée au papier de verre, qui évoque les vocalistes les plus enragés de l’histoire, quelque part entre Paul Baloff et Sean Killian.

Rythmiquement solide et relativement harmonique, Ex Nihilo ne sort pas vraiment du néant pour aboutir à la formation d’une nouvelle galaxie. Mais son insistance à moduler des structures agressives par des soli mélodieux et des breaks bien amenés témoigne de son envie de prendre ses distances avec les poussières d’étoiles qui bouchent les trous d’aérations de la génération nostalgique.         

Ainsi, « Discordia », modèle du genre, nous offre un voyage assez chaotique où le port de la ceinture est chaudement recommandé, alors que « Dauntless » joue avec le clair-obscur, explosant soudainement dans une rage cathartique soulignée par une accélération brusque et véloce.

Les exemples de la bonne foi des finlandais ne manquent pas. Si le timing reste raisonnable, la durée des morceaux en elle-même est une indication précieuse des ambitions. On pourra citer en exemple « Ex Nihilo », morceau phare et conclusion logique d’un cheminement élitiste, qui permet de refermer l’histoire sur un dernier chapitre long et envoutant, et une fois de plus strié de mélodies prenantes et de petites prouesses techniques intéressantes.

Vous l’aurez donc compris, le fac-similé des copies EXODUS, SLAYER, AGONY ou KREATOR n’est pas à l’ordre du jour, et ça fait un bien fou. Entre Thrash sci-fi et Metal extrême à la méthodologie futuriste, ANZILLU brouille les pistes, et nous assomme d’un coup de semonce énorme aux échos persistants.

Ecouté dans son intégralité plusieurs fois, l’album ne fatigue pas, et n’accuse pas de baisse de régime trop flagrante. Car les musiciens trouvent toujours un angle inédit pour aborder l’évolution, avec force harmonies amères, beat lourd ou fluide, et autres arrangements personnels pour se frayer un chemin vers le sommet. On retiendra pour mémoire la férocité impressionnante de « Needles (On My Nerves) » qui se la joue acuponcture violente, et « Splinter in the Mind’s Eye », pamphlet Heavy rempli de méchanceté et dégoulinant du dentier.

Une sacrée présentation donc, pour une torpille intelligente à tête chercheuse qui ne manquera certainement pas son objectif. Lequel ? Attirer dans ses filets la frange la plus libertaire du Metal extrême, et réconcilier les publics sans leur forcer la main.

  


Titres de l’album :

01. Needles (On My Nerves)

02. Mental Graveyard

03. Trumpets of War

04. The Cleansing Flame

05. Discordia

06. Dauntless

07. Splinter in the Mind’s Eye

08. Vulture

09. Ex Nihilo


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par mortne2001 le 20/02/2023 à 17:34
82 %    156

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