Final Day

Satan’s Fall

11/12/2020

High Roller Records

On parle beaucoup du virus de la COVID 19, dangereux et qui nous oblige à rester cloîtrés chez nous, mais on parle beaucoup moins du virus de la NWOBHM, qui depuis les années 2000 fait un nombre incalculable de victimes, sans que l’on ne connaisse ni son moyen de transmission, ni le moindre vaccin. Si j’avais du recenser tous les musiciens en étant atteints depuis 2010, il m’aurait fallu un sacré calepin, d’autant que les effets secondaires sont parfois pernicieux et difficilement identifiables. Heureusement dans la plupart du cas, les symptômes sont évidents et crèvent les tympans, avec toujours en facteur majeur une obsession soudaine pour les fièvres MAIDEN et JUDAS PRIEST. Et dans le cas des finlandais de SATAN’S FALL, pas besoin de tests poussés, puisque le quintet affiche lui-même son test positif sur son premier longue-durée Final Day. Merci pour leur franchise, et sans faire de mauvais esprit, en tant que public, la joie de voir un groupe atteint d’un tel mal est jouissive, tant les finlandais singent les meilleurs tics de leurs contaminateurs. Fondé en 2015 à Helsinki, SATAN’S FALL est l’archétype du groupe piqué par une mouche anglo-américaine traînant ses ailes du côté des pays nordiques. Et après une démo en 2016, un EP la même année et une compilation en 2020, le gang a enfin daigné rassembler ses esprits pour assembler ses morceaux originaux façon premier long, et se faire chapeauter dans cette opération par les nostalgiques de High Roller.

Le label allemand a de quoi être fier et heureux de ce deal, puisque Final Day fait partie des réussites les plus brillantes en matière de Metal old-school, allant jusqu’à provoquer les voisins suédois sur leur propre terrain. Doté d’une production qui sent bon les eighties, ce premier LP est d’une haute teneur en énergie, mais aussi en versatilité, puisque les cinq musiciens (Joni Petander - basse, Tomi Mäenpää - guitare, et les deux seuls membres originaux, Ville Aatsinki - batterie, Lassi Tiainen - guitare et Miika Kokko - chant, tous montés sur le navire en 2017) tapent de tous les côtés pour nous offrir un crossover global des tendances en vogue entre 1984 et 1986. On trouve donc sur ce premier chapitre du Speed à la papa, bien corsé, du Heavy épique et bien tassé, mais aussi du Hard-Rock plus californien et léger, et évidemment, un tas d’influences que la décence m’interdit de nommer. Mais en trichant en peu et en mettant la décence de côté, il est évident que les finlandais ont beaucoup écouté ACCEPT et JUDAS PRIEST, mais aussi LIVING DEATH, OMEN, CROSSFIRE, et pourquoi pas QUIET RIOT et RATT. Et loin de se fixer sur une ligne de conduite unidirectionnelle, les SATAN’S FALL invoquent les diables de tous les sous-genres pour les maîtriser à la perfection, et une simple écoute, même pas attentive, aux trois premiers morceaux montrera que les finlandais n’ont pas l’intention de courir dans le même couloir.

Tout commence par une détonation de départ tonitruante, de celles que les groupes de Heavy Speed à la RIOT nous claquaient il y a plus de trente ans, et « Forever Blind » d’emballer les débats sans attendre que l’adversaire soit prêt. Intro grandiloquente à la HELLOWEEN des grands jours, mélodies prépondérantes, et soudain accélération létale à grands coups de saccades mortelles. Le tempo est échevelé, et ce titre représente en quelque sorte la quintessence des intros allemandes des eighties, avec ce Heavy flirtant avec le Speed sans en avoir honte. C’est classique, c’est SCANNER, mais ça fonctionne, et le headbanging ne se fait pas attendre. La voix en constante mutation de Miika Kokko, légèrement nasillarde domine les débats, alors que les deux guitares moulinent comme les proverbiaux ennemis de Don Quichotte, tandis que la double grosse caisse concasse tout sur son passage. C’est ultra efficace, et ça met dans le bain, mais il est difficile de croire que c’est bien le même groupe qui quelques morceaux plus tard nous séduit de sa souplesse sur le hit totalement US « Retribution ». En une poignée de morceaux, les SATAN’S FALL honorent leur contrat diabolique, et s’adaptent au marché avec une facilité déconcertante, comme s’ils avaient phagocyté toutes les techniques de composition vintage, étalées à longueur d’album par des plagiaires bien moins doués qu’eux. Les harmonies sont éclatantes, la batterie plaque son mid tempo avec fermeté, Miika module ses respirations, et l’ambiance se tamise, sans que la puissance n’en pâtisse. Un joli tour de force, d’autant plus que le quintet reste crédible dans tous les secteurs.

Vous aurez donc compris qu’outre une facilité de composition bluffante, ces musiciens savent mettre en avant une variété de ton évidente, et que ce premier album risque de vous proposer le résumé le plus exhaustif de tous les éléments les plus symptomatiques de cette décade que vous avez tant aimée. A l’aise dans le Speed qui martèle et qui rappelle tout autant RAVEN que DIAMOND HEAD (« Juggernaut »), comme dans le Hard n’Heavy typiquement germain et souverain (« There Will be Blood »), SATAN’S FALL est un mécanique méchamment bien huilée, qui a de quoi rendre les usines suédoises folles de jalousie, et la fin de l’album nous garde au chaud encore quelques surprises, pour ne pas s’affaler dans le dernier virage. C’est ainsi que l’emphatique « The Flamekeeper » se souvient des astuces d’ACCEPT et de JUDAS, alternant les plans avec bonheur, et insérant des harmonies dans un contexte étouffant et oppressant. Sans s’éloigner d’un classicisme évident, les finlandais parviennent toujours à prendre un détour leur évitant les autoroutes de la facilité, brodent des thèmes accrocheurs, et fédèrent de leur passion indéfectible.

Entre Heavy Speed et Power Metal, Final Day est un acte d’apocalypse très probant dans le fond, et complètement séduisant dans la forme. Loin des scories de musiciens confondant fac-similé et hommage, SATAN’S FALL se fond d’un premier LP absolument recommandable à tous les nostalgiques, qui retrouveront dans ces chansons des tics, des prises de position et des agencements qu’ils connaissent bien. Disque rétro recommandable au plus haut point, qui vous fera siffloter comme lever du poing. Et qui risque fort de vous contaminer aussi, mais point besoin de vaccin : la passion est la plus belle des maladies et autant en mourir.                                        

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Forever Blind

02. Madness (Finds a Way)

03. They Come Alive

04. Retribution

05. Juggernaut

06. There Will be Blood

07. The Flamekeeper

08. Final Day


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par mortne2001 le 13/04/2021 à 14:23
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