Après six ans sans nouvelles en longue-durée, nous nous demandions bien quelle tournure allaient prendre les choses. Certes, les anglais nous avaient prodigués quelques indices, sous la forme de deux EP’s en 2017 (Lost Signal & Under the Subgleam), mais ils étaient loin d’être suffisants pour envisager un avenir potentiel. Mut en 2015 avait amorcé un virage trop serré pour que nous soyons confiants, et CODE s’amusait certainement beaucoup de ce silence intriguant, lui qui a toujours aimé brouiller les pistes depuis ses débuts en 2002. Car Mut, le dernier album de 2015 avait cruellement déçu les amateurs de violence qui prenaient acte de la direction totalement progressive du groupe de Londres. On y notait une propension à se rapprocher des OPETH et autres chantres d’un progressif mature après une jeunesse folle et extrême, et si la beauté formelle se substituait à la violence, on ne pouvait que déplorer un manque de puissance, malgré le soin particulier apporté à la composition. Mais soyez rassurés fans du groupe, ce cinquième chapitre de l’étrange saga CODE revient plus ou moins dans la narration des premiers, et retrouve même l’impulsion des grands jours…ou presque.
Toujours mené par Aort (guitare), seul membre d’origine, et secondé par Andras (guitare/choeurs, depuis 2008), CODE repose aujourd’hui sur un line-up stable depuis une décennie. Lordt (batterie), Syhr (basse) et Wacian (chant) sont donc toujours là eux aussi, ce qui offre à Flyblown Prince le même line-up que Mut, soit un beau changement dans la continuité.
Le but du jeu vicieux ayant toujours été d’être incapable de catégoriser les anglais, les règles n’ont pas changé. Alors que le Black Metal fait son grand retour à grand renfort de riffs acides, d’accélérations impeccables et de redondances aussi acides qu’un sol stérile, le quintet n’a pas dévié de sa trajectoire originale et avant-gardiste, et nous offre encore une fois une fable unique, sorte de conte de fée malsain traduit dans un langage musical cinématographique. D’ailleurs, le groupe use de gimmicks promotionnels qui en disent long sur sa volonté de nous perdre dans le dédale de son imagination, et nous parle de conte pervers, d’Alice envoyée dans l’enfer de Dante, de détours, de surprises au coin du bois, et force est de reconnaître que cette approche, loin d’être un effet de manche, décrit avec acuité les huit pistes de ce cinquième album.
Mais CODE ne se contente pas de brosser un tableau étrange pour situer sa démarche. Il n’hésite pas en effet à comparer Flyblown Prince à Resplendent Grotesque, considéré par beaucoup comme le grand-œuvre du groupe, album référentiel qui accuse plus d’une décennie d’existence aujourd’hui. Et s’il est certain que les parallèles entre les deux albums sont plus que troublants, seul le temps faisant son affaire nous permettra de juger si cette comparaison est viable ou non. Toujours est-il que la brutalité repointe enfin le bout de son agressivité sur cet album, ce qui est un fait, et non une extrapolation. Bien que loin d’un BM de base identifiable au bout de quelques blasts, Flyblown Prince rejoint la galaxie Black de lui-même, tout en gardant ses distances pour bien souligner que Mut n’était pas qu’une simple erreur de cordonnées. A vrai dire, ce nouvel album pourrait même être perçu comme le plus parfait raccourci entre les deux derniers tomes écrits par le groupe, adoptant la complexité de Mut pour mieux embraser l’incendie déclenché par Resplendent Grotesque. Et on le sent dès le title-track, qui intervient immédiatement pour affirmer l’indenté de ce nouvel album, et l’ancrer dans l’histoire du groupe à un instant T très précis. Démarrage démoniaque, rythmique en bousculade des grands jours, plans qui se télescopent à une vitesse hallucinante, pour saluer l’avant-garde, mais ne pas trop traîner du côté élitiste pour ne pas perdre en bestialité. L’ovni est donc toujours le même, offrant un plan de vol erratique, et des crises de colère imprévisibles. La basse tourne folle, tandis que le chant encore une fois unique de Wacian donne des ordres, les hurle plutôt, avant que le tout ne se stabilise autour d‘un thème emphatique incroyablement réaliste.
En quatre minutes, CODE revient vers ses racines sans trahir son évolution, et nous dépose sur un plateau LE morceau qu’on attendait de lui en guise de reprise de contact. Doté d’une production gigantesque aux graves sinueux et bondissants, et aux médiums effilés comme des lames, Flyblown Prince démarre donc sous des auspices rassurant, et clairement nostalgiques. Ce qui n’empêche nullement « Clemency and Atrophy » de pencher du côté Indus vers lequel il risque de glisser, avec sa basse mécanique et son chant truffé d’effets. Les paradoxes et la diversité sont donc de mise, et de fil en aiguille, d’étrangetés en bizarreries, CODE nous offre son album le plus réussi depuis la première partie de sa carrière, et qui aurait pu paraître en 2015 sans que personne n’y trouve à redire.
J’avoue une sensibilité prononcée pour le long et cryptique « From the Next Room », qui montre le groupe sous un jour plus hermétique, mais mélodique, et qui dessine un trait d’union avec le passé le plus récent, mais je concède aussi une affection particulière pour le long et pénétrant final « The Mad White Hair », qui en douze minutes moins trois secondes résume le parcours, et jette des idées en l’air pour le futur. Délicatesse de l’acoustique, chant théâtral du conteur Wacian, décidément l’un des vocalistes les plus expressifs du créneau, ambiance lourde et nostalgique, cassures magnifiques, pour un épilogue incroyablement riche méritant plus que n’importe quoi l’appellation « progressive » dans le sens le plus créatif du terme, et non démonstratif.
CODE avait infléchi sa trajectoire, et le voilà qui recommence. Courbant son évolution comme bon lui semble, le groupe retrouve l’impulsion de ses années les plus créatives, et se permet ce retour en force qui risque de convaincre les fans les plus acharnés tout en séduisant un nouveau public. La seule chose dont je sois certain, c’est que personne ne parviendra à craquer ce CODE, qui restera indéchiffrable à jamais.
Titres de l’album:
01. Flyblown Prince
02. Clemency and Atrophy
03. By the Charred Stile
04. Rat King
05. From the Next Room
06. Dread Stridulate Lodge
07. Scolds Bridle
08. The Mad White Hair
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44