Ce que je reproche généralement aux groupes qui nous servent la soupe de la nostalgie ? Leur manque d’investissement, et surtout, leur manque de folie. Recycler ne me dérange pas puisque c’est ce que font les musiciens depuis des siècles, entre Salieri et Mozart ou Oasis et les BEATLES, mais il convient de le faire avec panache, et envie. Et la majorité du temps, les groupes collés aux basques de leurs références se contentent de les citer avec une technique aussi scolaire que des majuscules tracées au plumier.
Alors, on se contente souvent de transformer légèrement les plans cultes, pour les rendre plus efficaces. On essaie de retrouver le son des productions de l’époque, et on adopte un graphisme qui inspire confiance. Mais au bout d’un moment, l’oisiveté se voit comme le nez au milieu de la figure de Pete Townsend. Et la sentence tombe : on s’ennuie ferme.
Le Thrash n’échappe pas à cette règle, et il est plus simple de piocher chez ANTHRAX, MEGADETH, SLAYER, DARK ANGEL, METALLICA ou DEMOLITION HAMMER que chez VIO-LENCE, WEHRMACHT, GAMMACIDE ou SACRILEGE. Sans aller parler de RAZOR, DETENTE ou ZNÖWHITE. Alors, lorsqu’on tombe sur un collectif capable de faire la nique aux plus dégénérés des eighties, on se pourlèche les babines d’avance, le clavier fermement collé sous les doigts, et la formule déjà toute prête :
Youpimiam.
Les américains de LIFELESS DARK auraient pu n’être que de nouveaux anonymes dans la masse revival. Ils auraient sagement pu jouer leur truc sans trop se creuser la tête, mais voyez-vous, ce gens-là ont une éthique. Composer efficace, personnel, et lâcher les chiens de l’enfer sur une terre fatiguée mais encore capable d’encaisser. Originaires de Boston, Massachusetts, les LIFELESS DARK n’avaient jusqu’à présent lâché qu’une unique démo, qui témoignait d’un potentiel, mais qui manquait encore d’audace et de chaos. Avec la sortie de Forces of Nature’s Transformation, ces gros vilains passent dans la catégorie supérieure, et nous pondent le brûlot définitif estampillé 2024 alors que les tops de fin d’année ont déjà été rendus.
Dommage.
Dommage, parce que je leur aurais certainement gardé une place au chaud dans mon top 20. CC (guitare), Elaine (chant), Ryan (batterie), Sam (guitare) et Jeppy (basse) sont des malandrins qui connaissent leur refrain, et qui le beuglent comme de gros punks haïssant le gouvernement et glapissant sur les passants. Dans l’optique d’un coït plus ou moins furtif entre les bien montés ENFORCED et les mythiques SACRILEGE, LIFELESS DARK joue le Thrash avec l’énergie du Crust, recouvrant le tout d’une humeur salement maussade. Dès les premières mesures de « Monsters of Man’s Invention / The Forgotten », on sent que quelque chose va clocher. Le son est trop compact, la voix d’Elaine trop haut-perchée, et la rythmique trop pulsée. Loin du crossover de papa qui s’amuse de l’importance de S.O.D ou NUCLEAR ASSAULT, l’hybridation proposée par les américains va abondamment piocher du côté du Hardcore pour salir son Metal. L’apogée de cette méthode étant atteinte par la doublette monstrueuse « Fear No Evil » / « Chalice of Vision » qui sonnent comme des hommages de la Bay-Area et de Portland à l’importance d’un DISCHARGE ou d’un TOTALITAR.
Une telle intensité n’a pas été mesurée depuis de longues années. Je ne prends même pas de gants pour l’affirmer, puisque je suis l’actualité Thrash de très près, comme l’attestent mes chroniques, et vous savez que je suis ferme quant aux albums du cru. Mais la chaleur redistribuée par Forces of Nature’s Transformation a de quoi alimenter une ville comme Boston pendant au moins six mois, et mettre ses habitants en joie. Avec un line-up pluriel et mixte, LIFELESS DARK combine le meilleur du Thrash US et la folie du Hardcore féminin moderne, produisant une déflagration encore plus folle que n’importe quelle bombe des CLOSET WITCH.
Si les CRO MAGS avaient bouffé du lion toute leur jeunesse, ils auraient pu brailler un truc pareil. La lourdeur des compositions n’a d’égal que leur vilénie, entre riffs macabres et accélérations fatales.
Et ne craignez aucune baisse de régime. Puisque « Broken Mirrors » envenime encore plus le débat, jusqu’à ce que l’énorme basse de « Feeding The Light » n’y mette un terme. Sursaturé, suramplifié, surhurlé et surriffé, Forces of Nature’s Transformation est une entrée en matière aussi péremptoire qu’un avis politique de gauche lâché en pleine Saint-Sylvestre. Sans perdre en énergie, ni faire la moindre concession, le quintet nous écrase les roustons encore plus efficacement que Tata Marthe et ses 102 kilos, et signe l’un des disques les plus venimeux de cette année 2024 catastrophique.
Faites-moi confiance, et réservez une place dans votre playlist pour cet album qui je l’espère, va impressionner la concurrence. Qu’elle se mette au diapason et qu’elle arrête de nous prendre pour des cons en nous refilant des copies bidon.
Je vous souhaiterais bien une bonne année, mais elle sera aussi pourrie que les précédentes. A la place, je vous offre le premier album de LIFELESS DARK. Vous êtes laaaaaaaargement gagnant.
Titres de l’album:
01. Monsters of Man’s Invention / The Forgotten
02. Depth of Cold
03. Cryptic Remains
04. Radiation Sickness
05. Medusa
06. Fear No Evil
07. Chalice of Vision
08. Broken Mirrors
09. Feeding The Light
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36