Matinée Suède. Et pourquoi pas ? Il y a dans ce pays comme dans tous les Ikea de quoi occuper un week-end entier. Après le Power mélodique, le Thrash classique, proposé par un jeune groupe plein d‘allant. Avec huit ans d’existence et un simple EP introductif, les FACERIP évitent d’office la petite case des bavards indécrottables. Lancé en 2017, Radioactive Race attendait la relève qui n’est venue que cette année prendre son quart.

Cedrik Petersson (basse), Johan Karlsson (batterie), Max Karlsson Lind & DisembowelMan (guitares) et Nukeromancer (chant) ont des airs de joyeux lurons, ce qu’ils sont assurément. Mais de joyeux drilles capables de composer des hymnes Thrash qui vrillent et qui brillent, à la suédoise évidemment, ce qui implique une certaine mesure dans le déhanchement. Et même de la retenue, pour ne pas que le tempo deviennent trop cru. Si les exemples de Thrash-act du froid étaient rares dans les années 80, le temps a passé et fait son affaire, pour que les peuples nordiques profitent de la violence de leurs confrères. Celle des FACERIP est raisonnable, mais accepte la furie de BPM qui s’affolent, lorsque l’intensité le réclame.

Produit très sèchement, comme tout bon album old-school, March Of The D-Beat Demons n’a évidemment aucun lien avec une quelconque forme de D-Beat, se vautrant joyeusement dans le Metal torride et limpide. Les cinq musiciens connaissent la chanson, et la braillent comme des cochons, tout en gardant un phrasé compréhensible. Ce qu’on ressent immédiatement sur le débridé « Stuff », qui propose des choses et des trucs à tout le monde.

Construit sur un principe classique d’alternance entre fast et groovy, ce premier long éclate tes boutons et te laisse la face maculée comme un prêtre qui vient de se soulager sur ses enfants de chœur en loucedé. Empruntant à droite à gauche les éléments de sa discorde, FACERIP grimace, vitupère, se montre pugnace et sincère, et nous sert à la petite cuillère des morceaux épidermiques mais très logiques. Ainsi, l’imposant « Incinerhater » et son jeu de mots marrant se pose comme un classique du Thrash raisonnable mais indomptable, en enfilant des plans Heavy à des saccades ready.    

Rien de bien troublant, une originalité qui quitte le banc, un formalisme en vogue dans les rangs de l’armée old-school au présent, mais de l’envie, une musicalité qui refuse d’être enfouie, quelque part entre la rigueur fun allemande et la précision californienne. On sent d’ailleurs ces boucles caractéristiques des jeunes années de la brutalité, qui nous réchauffent la mémoire sur « Funeral Furnace », qui sent bon l’Amérique du Sud sans égorger le cochon. 

Le quintet est donc bien en place, on le suit à la trace, et on savoure cette intensité qui ne se dément jamais. Sans en faire trop, sans faire dérailler le métro, FACERIP te griffe le visage comme un greffier de jeune âge, et laisse des traces dans la peau et du sang qui sèche sur le paletot. Si parfois, un emballement serait le bienvenu pour se substituer à cette bride fermement tenue (« The Thing », sympathique mais trop méthodique), si le mosh fait de timides apparitions pour secouer ton bidon, c’est dans sa forme la plus primaire que le collectif suédois excelle, comme le souligne avec beaucoup de persuasion le terrible « Radioactive Race », qui n’aurait pas dépareillé avec la voix de Mille.

Un peu FORBIDDEN vraiment énervé, un poil MUNICIPAL WASTE bien luné, March Of The D-Beat Demons nous jette en plein milieu d’une horde de zombies affamés, qui n’ont pas l’intention de devenir végan. On se répète souvent dans les thématiques, les saccades de guitare étant un peu trop sages, on adhère à un principe, et on s’empêche de vraiment décoller pour mieux bombarder. Du Thrash en mid, assez ombrageux et coléreux, mais pourtant, capable de transcender le Punk Metal de papa (AT WAR, ATOMKRAFT, WARFARE) et nous faire valser sur un « Piss Poor and Drunk » que Lemmy aurait pu brailler avec VENOM.

Sympathique, typique et évitant le stade critique, ce premier long est de ceux qui ne laissent pas forcément de traces dans le grand livre journalistique, mais vers lesquels on revient toujours avec un certain plaisir. Celui de se laisser enfumer par une brutalité bon enfant, entre Hardcore et un DESTRUCTION dansant (« Ineffective Detective »), et Thrashcore bien dément (« Hårdrock & Metall »).

C’est cru, goûtu, charnu, connu, mais fondant en tympans comme un faux classique méconnu des années 90. FACERIP incarne cet underground suédois en marge des grandes sorties, qui s’échine à séduire un public choisi en le choyant de sonorités noisy. Du Thrash formel, fluide, pas vraiment mortel, mais qui suffit à déclencher un petit incendie dans nos cerveaux un peu moisis.

Toutefois, on attendra d’un deuxième long qu’il soit plus carton.          

Titres de l’album:

01. Stuff

02. March of the D-Beat Demons

03. Eye of the Beerholder

04. Incinerhater

05. Funeral Furnace

06. The Thing

07. Radioactive Race

08. Speedthrash of Doom

09. Piss Poor and Drunk

10. Ineffective Detective

11. They Live

12. Hårdrock & Metall

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