Les plus jeunes d’entre vous auront certainement un peu de mal à répondre à cette question : qui est CIRITH UNGOL ? Noyés dans la vague nostalgique actuelle, ils penseront à une énième formation traumatisée par la NWOBHM, et s’attendront à un premier album en respectant les codes, sans chercher à aller plus loin. Pourtant, en fouinant un peu, ces jeunes fans ne tarderont pas à découvrir que le premier album du groupe ne date pas d’hier, ni même d’avant-hier, mais bien de 1981. Surpris par cette découverte, ils voudront sans doute en savoir un peu plus sur ce groupe américain mystérieux n’ayant jamais frappé l’enclume de leurs tympans, et se plongeront dans la discographie d’un des groupes les plus uniques de l’histoire du Heavy Metal américain, volontiers plus friand de Thrash, de Speed, de Glam et de FM. Mais avant l’explosion de la cote Metal aux Etats-Unis, certains artistes avaient encore le regard tourné vers l’Angleterre et non leur propre nombril, et se servaient des enseignements seventies pour les mettre à profit du modernisme d’une décade qui allait tout révolutionner. Mais là encore, même avec un premier long publié en 1981, il serait grave de considérer les CIRITH UNGOL comme un pur produit de la tendance des années 80. A l’image d’un SCORPIONS né au début des seventies, ou d’un MAIDEN ayant fait ses premières armes au milieu de la même décennie, les américains ont entamé leur parcours bien plus tôt que leur premier témoignage vinylique, puisque leur acte de naissance affiche fièrement 1972 comme date de baptême. Mais toutes ces précisions disponibles sur le net n’en disent pas plus sur le groupe, et ne permettent pas de le cerner. Pour en savoir plus, il faut évidemment se souvenir de quelques albums qui sont depuis longtemps entrés dans la légende, dont les séminaux King of the Dead et surtout One Foot in Hell, qui font partie depuis une éternité du patrimoine Heavy US le plus fameux.
Quelle surprise donc de retrouver les californiens en 2020, alors que peu de gens s’attendaient à les voir se réunir. Pourtant, en arrière-plan, les fans savaient, et pour cause. L’acte notarié de la reformation fut tamponné en 2015, et cinq ans plus tard, le groupe presque au complet se lâche enfin, via un cinquième longue-durée qu’ils n’ont jamais eu le temps de graver de leur vivant héroïque. La carrière du groupe fut stoppée net en 1992, après un dernier et presque dispensable LP (Paradise Lost, titre qui trouvera prolongement dans le nom d’un groupe qui allait méchamment marquer les nineties, merci Milton), et malgré un travail de révérence en background, avec moult compilations et coffrets soignés, le nom de CIRITH UNGOL finit par ne plus attirer que quelques antiquaires et autres archéologues de la cause d’un Heavy aux teintes Doom prononcées. Mais même trente et quelques années plus tard, personne n’a pu oublier ce groupe si spécial qui proposait une alternative intéressante aux fils du SABBATH, l’une des rares aussi viable que les homologues nordiques de CANDLEMASS ou de la référence ST VITUS. En effet, avec un peu d’objectivité et de nostalgie, il n’est pas interdit de voir en l’œuvre du quintet tout un pan de l’histoire métallique américaine, et nombreux sont ceux qui pensent encore aujourd’hui que King of the Dead et One Foot in Hell sont des pièces maîtresses de toute discographie qui se respecte. Je partage cette opinion, ce qui ne m’a pas empêché d’aborder le cas de ce Forever Black avec beaucoup de circonspection. Les années s’écoulant, la motivation s’émoussant, le désir de capitaliser sur l’attrait old-school biaisant, il n’était pas difficile de voir en ce cinquième effort un cas d’école d’opportunisme, profitant de l’intérêt soudain du géant Metal Blade. Comment en effet espérer retrouver un groupe aussi inspiré qu’au temps de sa grandeur, d’autant plus en prenant en compte l’importance de la scène scandinave actuelle, et son apport générique et spécifique en termes de vintage poli et reluisant ? Simple, en écoutant les neuf pistes de cet album, qui donnent le sentiment d’avoir affaire à un combo de jeunes loups découvrant les joies du Heavy Metal des origines, et en livrant leur propre interprétation.
Pourtant, de jeunes loups, il n’y a point au casting de CIRITH UNGOL. Loin d’une reformation moisie autour du guitariste ou du chanteur d’origine, le groupe se présente sous une configuration presque intouchée, avec pas moins de quatre membres d’époque, le chanteur Tim Baker, le batteur Robert Garven et les guitaristes Greg Lindstrom et Jim Barraza. Certes, les pinailleurs pinailleront, et argueront du fait que seuls Greg et Robert étaient déjà en fonction en 1972, que Tim les a rejoint en 1976, et pis, que Jim n’a commencé à officier qu’en 1988, alors que le plus gros de la carrière était déjà derrière les anciens. Mais avec l’apport depuis 2016 du bassiste Jarvis Leatherby, également grave chez NIGHT DEMON, le quintet peut se prévaloir d’une crédibilité qui n’est pas restée que théorie, ou acquis. Il eut été très tentant pour les californiens de jouer la sécurité et de se fourvoyer en réadaptant des vieux classiques à peine retouchés, mais le travail accompli prouve le contraire. Et Forever Black de réussir la prouesse de s’adapter à son époque, sans trahir les optiques d’origine. C’est donc un album qui aurait pu être enregistré en 1987/88 mais qui sonne comme une production 2020 auquel nous avons affaire, et surtout, à une bordée de compositions aussi léchées que puissantes. Les musiciens n’ont rien perdu de leurs caractéristiques aussi particulières, et jouent toujours le Heavy de façon emphatique et lyrique, avec des arrêts sur la case Doom moins prononcés peut être que par le passé, mais avec toujours ce panache indéniable pour trousser des hymnes au courage et à l’honneur. On le ressent dès les premières secousses de « The Call », véritable appel à l’unité autour des héros, qui se pose en intro parfaite à l’ambiance délicatement sombre. « Legions Arise » explose enfin d’un Hard-Rock vitaminé, plein d’entrain, à l’atmosphère entre MERCYFUL FATE et SAVATAGE, mystique tout en étant catchy, et puissant tout en gardant une certaine légèreté. On constate assez vite que Tim Baker n’a rien perdu de sa superbe, hurlant toujours comme un beau diable lyrique, tandis que la paire de guitaristes s’affaire au premier plan pour nous offrir le riff le plus insistant de 2020. Le son, impeccable, trouve un compromis entre hier et aujourd’hui, et la rythmique dopée de ce nouveau bassiste tape sévère, mais fluide.
Les retrouvailles étant entérinées et appréciées, le reste du répertoire peut dérouler. Et comme il y a plus de trente ans, CIRITH UNGOL explore toutes les possibilités d’un Heavy tantôt lourd et moite (« The Frost Monstreme »), tantôt médium et proche d’ACCEPT (« The Fire Divine »), souvent épique et ample (« Nightmare », sorte de pendant négatif du DIO de Holy Diver), mais toujours pertinent, sincère et hautement mélodique (« Before Tomorrow »). Forever Black se termine même par un dernier chapitre symptomatique de la démarche du groupe depuis ses débuts (« Forever Black », un véritable aveu), et avec sa superbe pochette une fois de plus peinte par le fidèle Michael Whelan, se place parmi les plus grandes réussites du groupe. Un comeback qu’on n’attendait plus forcément, mais qui relance une machine impeccablement huilée, et tout à fait pertinente dans un contexte old-school actuel.
Titres de l’album :
01. The Call
02. Legions Arise
03. The Frost Monstreme
04. The Fire Divine
05. Stormbringer
06. Fractus Promissum
07. Nightmare
08. Before Tomorrow
09. Forever Black
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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