Si Dieu est témoin, comme ce groupe l’affirme, alors il constate l’étendue des dégâts de ce qu’il a lui-même créé. Quant à savoir s’il en rit ou si le spectacle le désole, lui-même seul peut répondre, et je ne suis pas sûr de vouloir connaître sa réaction. Mais Dieu, aussi roublard et cruel soit-il, aime la musique, la musique jouée par les hommes et les femmes qu’il a mis sur terre, et qui depuis des siècles s’amusent de ces combinaisons de notes répétées à l’envie et mélangées avec plus ou moins de bonheur. Ainsi, du côté de l’Italie, un jeune groupe nous propose sa vision des choses, via un Hard-Rock de facture classique, peu à même de provoquer la surprise de notre créateur qui je le rappelle à un dossard DEF LEPPARD cousu sur l’arrière de sa toge blanche.
Les ANIMS et leur pseudo bizarre nous viennent donc du pays de Florence et de la pizza, de la religion et du football en opium du peuple. Peu d’informations à se mettre entre les feuilles par rapport à ce quatuor, très discret sur la toile. Sorti en totale autoproduction, God Is a Witness est une affaire simple de Hard-Rock moderne ou qui aimerait l’être, un poil alternatif sur les bords, à l’aise avec son créneau, et qui fait la part belle aux riffs francs et refrains accrocheurs.
Mené de voix puissante par Elle Noir ANIMS est donc un combo de Proto-Alternatif, dont la musique formelle est constellée de syncopes, de cassures, de parties de guitare franches, et de simplicité dans l’exécution. Propre, bien produit, agréable en oreilles, God Is a Witness ne glisse pas le pied dans l’embrasure de votre porte d’entrée façon témoins de Jéhovah, mais essaie de s’imposer sur la longueur, et mise sur sa fraîcheur pour vous convertir à son culte, assez inoffensif. Pour avoir un rapide aperçu des capacités de la bande, commencez l’écoute par le très efficace « Around Me », bondissant sur un mid tempo allégeant l’agressivité des riffs. La mise en place est parfaite, la précision instrumentale incontestable, et si le tout a un parfum de déjà-entendu des centaines de fois, le plaisir n’en est pas pour autant moindre. On sent que les italiens ont une culture Hard et Rock assez conséquente, et il est parfois possible de voir en eux une version light de nos chers GUANO APES, la rage en moins, mais la naïveté en plus.
Mais les limites sont très rapidement atteintes. D’une par la voix assez prévisible et faussement lyrique d’Elle Noir, de deux, par le classicisme des thèmes qui rappellent le virage Grunge des groupes Hair Metal dans les nineties (« Live for Somebody »). On a le sentiment de découvrir des inédits de SKIDROW période Subhuman Race, joués par un groupe de bal rodé à l’exercice, et si les morceaux les plus directs sont convaincants, ceux reposant sur la nuance le sont beaucoup moins, et plus hésitants.
Efficacité, concision, pragmatisme musical, telles sont les trois mamelles des italiens. Inutile de jouer les fioritures ou de chercher la rupture avec la scène actuelle, leur démarche est pleine de bon sens à défaut d’éveiller tous les nôtres. Entre Hard mélodique et Heavy mené tambour battant (« Boring Lovers »), le tracklisting s’essaie quand même à la diversité modérée, et nous permet de tenir le choc sur quarante minutes. Si « God Is a Witness » est l’entame classique en mid que l’on est en droit d’attendre d’un tel album, si « Freedom » confirme de ses chœurs angéliques que les ANIMS animent les fêtes paroissiales depuis de nombreuses années, si « Look Who's Back » reste un filler assez savoureux pour être pardonné, l’ensemble de l’œuvre du quatuor (renforcé de Francesco Di Nicola à la guitare, de Elio Caia à la basse et de Diego Emiliani à la batterie) est d’un conformisme assez consensuel, de ceux que personne ne pourra nier, ses créateurs en premier lieu.
Sorte d’archétype de petit groupe underground au following fidèle, ANIMS ne se démarque pas vraiment de la masse des nostalgique nineties, et surfe sur sa propre vague, tout en ayant besoin de ramer pour rester à la surface de la mer de sorties. Trop d’uniformité, trop de facilités de compositions, des guitares tranchantes mais un peu trop sages, et un chant rauque et monocorde qui gâche le plaisir des plans les moins convenus. Un album anecdotique, qui pourra meubler les silences dans les soirées guindées, et qui plaira à la fanbase des italiens. Un accomplissement modeste pour un groupe ne l’étant pas moins, qui gagnera à murir un peu pour faire le tri dans ses idées un peu trop uniformes.
Titres de l’album:
01. God Is a Witness
02. Freedom
03. Around Me
04. Live for Somebody
05. Boring Lovers
06. Bright Eyes
07. Look Who's Back
08. The Dancers
09. He Says
10. Like Colours of Flowers
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