Gorgon In A White Dress

Desperate Spinsters

07/03/2017

Autoproduction

On avait déjà les Desperate Housewives, plutôt pimpantes dans leur quartier, mais nous avions aussi les OLD LADY DRIVERS qui se faisaient un honneur de conduire les vieilles dames au supermarché.

Nous avons maintenant les vieilles filles désespérées, pleurant de ne pas trouver un mari pour leur offrir une vie rêvée.

Après tout, chacun ses obsessions, mais celles de ce groupe semblent bien étranges, puisque ses membres vous proposent d’assister à l’union de la gorgone à un jeune bellâtre, trop content de voir la coiffure de sa dulcinée s’agiter des sinuosités des serpents affamés tenant place de chevelure un peu emmêlée. Cocasse dites-vous ? Je pense que là est le propos majeur de ce quatuor d’allumés, dont la direction musicale n’est pas la plus facile à cerner…

Si les sites les plus complaisants les classent dans la catégorie du Thrash à tendance Crossover, n’y voyez pas un désir de baliser le terrain couvert avec exhaustivité, mais plutôt un raccourci de facilité, puisque ces gros tarés ressemblent plus à une version melting-pot des GWAR, des OLD, des INTENSE MUTILATION, sur fond de bande sonore empruntée aux BIKINI KILL et aux BULLDOZER Italiens, avec toutefois des rythmiques et des riffs un peu moins chafouins.

Parodic Metal ? Le genre est d’usage et propice à tous les dérapages, mais je dois reconnaître que le non style développé par ces olibrius de la vanne en racine carrée (Maria Swanenburg – batterie, Audrey Hilley et Lavinia Fisher – chant, et Bathsheba Spooner – guitare) est plutôt abscons, et prend des airs de Punk Hardcore à tendance Thrash à la PLASMATICS, soit un truc assez sommaire musicalement, et un peu vulgaire philosophiquement.

Et les seize pistes/pustules de ce premier jet longue durée sont autant de blagues de potache et de sketches des Vamps remis au goût du jour US, comme un Saturday Night Live cheap et un peu vulgaire.

Alors, il est certain que les non-anglophones risquent d’un tantinet se faire chier, puisque le pivot de la chose repose sur des textes débridés et complètement barrés, vaguement accompagnés d’un brouhaha sonore faisant passer G.G Allin et sa clique pour des jazzmen pointus et affutés.

Difficile à imaginer ? J’en conviens, mais parfois tout aussi compliqué à écouter, puisque ce LP est plutôt un long métrage musicalisé, ou une pièce de boulevard avec créature mythique enfermée dans le placard attendant que son amant la délivre d’une réplique bien troussée.

Au menu, hors contexte littéraire incongru, des guitares grasses aux riffs sommaires, des rythmiques qui ne le sont pas moins, pas mal de dialogues incompréhensibles pour les non-initiés, et des vocaux tout en schizophrénie de music-hall de folie (« Snacking On Silverfish », minimalisme et jazz-boogie du pauvre à l’économie, comme si Little Markie tap-dansait avec une Lydia Lunch complétement défoncée). Difficile donc pour un thrasheur de base d’y retrouver ses baskets pourries, devant fouiller dans des placards vraiment mal rangés, qui exposent à la vue et à l’odorat de tout le monde un sacré bordel pas vraiment parfumé. Thrash/Hardcore/Thrashcore/Nothingcore pas tellement facile à ordonner (« The Czars Knew How To Handle These Wretches », épisode de Parker Lewis revu et corrigé par les frères Farelly), la logique n’est absolument pas l’obsession du moment, et d’ailleurs, les DESPERATE SPINSTERS n’admettent ni Dieu ni maître dès le départ qui s’empêtre (« God Is A Murderer », Punky Thrashy sale et Funky, avec doublage et triplage des voix sur fond de double grosse caisse aux abois, GWAR style…). Production tout à l’avenant, qui malaxe toutes les fréquences pour régurgiter un brouet compact et désuniformisé, avec des guitares suintantes, une batterie haletante et des vocaux mixés avec les pieds. Voilà donc le programme, que vous accepterez ou non, mais ne commettez surtout pas l’erreur de croire à la pièce musicale conséquente et entraînante, elle vous serait fatale tant ce Gorgon In A White Dress n’est qu’une partouze Noisy pour nuit de noces de pervers en rut du zizi.

De temps à autres, nous nous voyons quand même gratifiés d’un truc qui tient presque la route dans un créneau Heavy Metal gras comme une horde de fans allemands en pleine wurst désintox (« Teenage MILF », à côté de ça, Wendy O’Williams aurait pu passer pour une Kate Bush à l’opéra), ou d’une bonne fiesta qui ose quelques mélodies vites souillées par des enchevêtrements vocaux embrasés (« Romantic Astronauts » et le seul riff ouvertement Thrash de l’ensemble, ça a de quoi choquer…).

Quand les puces se mettent à piquer, les mouches volent bas en piqué (« Schizophrenic Sugar Momma », un de mes préférés, qui décale le SUICIDAL le plus maniaque sur une case STUPIDS qui décalque), mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas et pas la peine d’insister (« Strangled To Death By A Beautiful Babe » intermède à rendre les RESIDENTS et les DEVO présentables devant un curé pendant un dessin animé), alors, quel résumé tirer de cette leçon de non-sens parfaitement assumée et même revendiquée ?

D’une, comme je le disais, que les francophones pur jus risquent de se faire des escarres au cul à force d’attendre un semblant d’accroche musicale, même ténue. L’intérêt de la chose repose sur des lyrics au délire absolument irracontable en ces colonnes, et donc, met la musique un peu de côté.

Ce décalage irrationnel décevra donc les amateurs de Crossover même salement branque, puisqu’en sus, il est absolument impossible de définir l’orientation des gus, à part rares exceptions déjà présentées.

Pas vraiment Hardcore, pas Powerviolence non plus, encore moins Thrash, ou alors tellement primaire qu’il tâche, un peu tout ça mais rien à la fois, c’est un bordel sans nom qui refuse toute rationalisation et organisation. On sent que les mecs ont voulu se faire plaisir et déconner entre eux, en proposant un musical un peu foireux, au son hasardeux (le sommet est atteint sur « Everybody Sucks Dick » à la guitare qui grésille tellement que la première démo d’EXODUS passe pour un copié/collé de Dark Side of The Moon), et aux interventions pas vraiment judicieuses (« Central European Mating Ritual », là, je ne peux plus rien faire, à part passer un 45t des SONIC YOUTH bourrés en 33 tours…), qui finalement rebute de son refus de structurer un minimum son humour au sein de contextes musicaux un peu plus rationnels.

Mais…Ecoutez, et vous verrez bien si ça vous fait marrer. Vous pourrez toujours vous raccrocher à ça et aux quelques instants fugaces ou le Rock reprend un peu ses droits.


Titres de l'album:

  1. God Is A Murderer
  2. My Ass Is Huge
  3. King In The North
  4. Teenage MILF
  5. Joy To The Appalling
  6. Strangled To Death By A Beautiful Babe
  7. Snacking On Silverfish
  8. The Czars Knew How To Handle These Wretches
  9. Drag The Jackal Out By His Neck
  10. Romantic Astronauts
  11. Dead Man For A White Man
  12. Schizophrenic Sugar Momma
  13. Fuck Your Politics
  14. Everybody Sucks Dick
  15. Central European Mating Ritual
  16. Kneel Before Jehovah You Scoundrel

Site officiel


par mortne2001 le 30/04/2017 à 16:27
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