Que voilà un projet bien énigmatique. Nous en venant de Serbie, LJUSKA est de ces one-man-bands qui fleurissent dans l’underground, et dont la scène BM est si friande. Déjà auteur il y a cinq ans d’un introductif Vessel of the Void, LJUSKA revient en 2022 armé d’un nouveau répertoire, toujours aussi dense et sombre. Et si les sept pistes de ce Thanatanamnesis lui font quasiment franchir les cinquante minutes, elles ne l’entraînent pas pour autant vers les grands fonds de la redite, chaque chapitre ayant une identité propre.
LJUSKA est le gros bébé du mystérieux Sifr Shraddha (ORDER OF THE BLACK SKULL, UTVAR, DARMINOSIA DISPERA, HIYDRA, PLAMEN VECNOSTI), dont les photos promo sont toujours prises à contrejour pour mieux cacher son identité visuelle. Qu’importe cette aura, puisque la musique de Sifr parle d’elle-même, et faites-moi confiance, elle a des choses très intéressantes à dire. Sur une trame BM classique, Sifr Shraddha brode des thèmes plus personnels, entre expérimental dissonant et Heavy Metal classique et mélodieux, ce qui a le don de conférer à ce deuxième long une patine unique, entre formalisme et modernité.
Il faut dire qu’avec une moyenne de six minutes par titre, Thanatanamnesis a largement le temps d’explorer toutes ses pistes. Niveau production, le boulot est énorme, avec une guitare et une batterie captées au Vox Umbra studio, un chant plaqué au Ambis studio, et un mastering peaufiné par Sifr Shraddha lui-même en compagnie d’Ivan Nikita Dujin, tout a été fait pour rendre cet album unique, et le transformer en expérience sensorielle. On pourra se montrer réfractaire à ce son de batterie trop synthétique, qui ruine les passages les plus violents, mais tout le monde s’accordera à souligner la grandiloquence qui sublime le tout en filigrane. L’homme étant de plus très capable à la guitare, il nous gratifie de soli qui sont autant d’ornementations maléfiques.
The Second-born of the Abyss of Silence, Thanatanamnesis is the anti-synthesis of the triple-faced form of the All.
C’est par cette définition que Sifr Shraddha nous présente son album. Le Bandcamp propose une description beaucoup plus complète, et je vous renvoie vers lui pour des plus amples informations. En se concentrant sur la musique, on remarque une propension aux plans catchy, assez inhabituels dans ce contexte, mais qui permettent de se raccrocher à un classicisme rassurant (« The Retrograder », qu’IMMORTAL aurait pu digérer en écoutant un BATHORY des années viking).
De tout pour tout le monde, mais une belle cohérence. Dans un créneau de BM abordable mais personnel, LJUSKA développe de belles qualités, et justifie chaque minute de son existence d’un plan rebondissant ou d’une cassure bienvenue. Rien de foncièrement déstabilisant, mais de belles certitudes, un panel de riffs représentatif, des atmosphères travaillées, pour un Black en convergence des influences et des époques. On déguste certains passages hermétiques comme celui introduisant le peu complaisant « Seeds on Stones », manifeste de violence à la MARDUK/DARK FUNERAL, mais on se préserve jusqu’au final gargantuesque de « Thanatanamnesis », épilogue de plus de neuf minutes qui synthétise toutes les ambitions.
Introduit par une guitare en son clair, ce final dantesque fait montre d’une capacité de résumé assez exceptionnelle, mais aussi d’une énergie palpable nous renvoyant à la légende du genre dans les années 90. Lyrisme, grandiloquence, avec un petit plus expérimental dans les dissonances, Thanatanamnesis est le point de rendez-vous entre la mort et la mémoire, comme un grimoire qui revient à la vie pour prendre la vôtre. Sifr Shraddha est décidément impressionnant dans son rôle d’homme-orchestre à la solitude créative, et ce second long de sa créature LJUSKA est un must de cette année 2022, juste assez violent pour caresser les misanthropes dans le sens du poil, et largement assez mémorisable pour accepter la fidélité des fans d’un BM accrocheur et stable.
Epais, mais fluide.
Titres de l’album :
01. The Abysmal Ingression
02. Dire Remembrance
03. The Retrograder
04. Seeds on Stones
05. Dreadful Grace
06. Exertion of the Strife
07. Thanatanamnesis
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
@Pustule, j'imagine un "il va y avoir du sport", scandé par une foule en claquettes-chaussettes et déguisement de licorne... Le purgatoire.
02/06/2023, 08:25
Eths, dont personne n'en a rien carré, remplacé par Silmarils, dont plus personne ne se souvient.Quelle époque!
01/06/2023, 14:37
Tout le monde s'en tape d'Eths. Déjà que lorsque ça tournait, c'était pas ouf.
01/06/2023, 06:10
IRON FLESH VOORHEESMORTUARY MERCYLESS MORGUE RITUALIZATION VENEFIXION C'est pas les groupes de Death français de grande qualité qui manquent...
31/05/2023, 19:14
Oui Hierophant c'est cool. Jamais vu sur scène pour ma part en plus. Benediction aussi, ce sera encore un bon moment. Reste à trouver un (très) bon remplaçant pour Suffo...
31/05/2023, 18:34
Dommage pour suffo et Exodus, mais Bendiction / Hierophant / Grave pleasure ! Ces changements sont les bienvenue.
31/05/2023, 18:32
Candice, la chanteuse de ETHS a posté le message suivant pour expliquer l'annulation du groupe sur cette édition du Hellfest !"Bonjour à toutes et à tous, un message chargé d’émotion pour vo(...)
31/05/2023, 18:08
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17