Huldufolk

Skald

20/01/2023

Decca, Universal France

A moins de vivre en ermite dans une grotte, elle-même située au fin fond d’un complexe de cavités souterraines, d’être aveugle et sourd, et réfractaire à toute forme d’expression artistique, vous avez forcément entendu parler de SKÁLD, phénomène révélé en 2018 par Le Chant des Vikings. En effet, ce collectif fasciné par la mythologie nordique a bénéficié d’une exposition sans précédent, profitant même d’encarts publicitaires à heure de grande écoute sur les chaînes nationales, fait unique dans les annales pour un concept de ce genre. Surfant donc sur la fascination éprouvée pour la culture nordique, SKÁLD est devenu l’emblème d’une scène Néo-Folk friande d’instrumentation classique et d’arrangements vocaux riches et précieux.

Après le EP Winter Songs publié en 2021, la horde revient pour une nouvelle étape de son Paris/Drakkar, et nous offre douze nouvelles compositions réunies sous la bannière Huldufolk. La première apparition de l’Huldufolk remonte aux Eddas (nom désignant deux recueils poétiques islandais du Moyen Âge de Snorri Sturluson au treizième siècle), que tout un peuple croit encore et célèbre avec enthousiasme. Cette nouvelle aventure s’accompagne évidemment d’une structure musicale tribale et complexe, faisant la part belle aux instruments rares. C’est même un argument promotionnel pour l’agence Singularités, qui précise que :

La harpe et la cornemuse s’agitent sous les doigts de Daniela Heiderich, l’archer du nyckelharpa d’Aliocha Regnard fait resurgir des notes du 14ème siècle, la Moraharpa, la Lyre et la Talharpa sont sublimées par Ravn, tandis que la vielle à roue de Laetitia Marcangeli nous hypnotise et que les percussions vibrent sous les coups puissants de Nicolas Montazaud, Marti Ilmar Uibo et Christophe Voisin-Boisvinet.

 

Comme vous le constatez, l’immersion est totale, d’autant que le SKÁLD 2023 n’a pas changé ses habitudes en confiant la narration à un pool impressionnant de chanteurs/euses. On retrouve donc sur Huldufolk  les voix de Steeve Petit, Lily Jung, Marti Ilmar Uibo, Laetitia Marcangeli, Michel Abraham, Kohann, Julien Loko et Adeline Bellart, qui agrémentent de leurs inflexions, timbres et envolées lyriques des morceaux d’une beauté formelle éblouissante, à des lieues d’un Folk Metal putassier et grotesque.

Ici, le Folk est traité avec le même respect des légendes qui anime le groupe depuis sa création. Avec un énorme travail accompli au niveau des percussions, qui tonnent et rythment la narration, Huldufolk se veut tout à tour, puissant, intimiste, grandiloquent, et évoque avec une acuité phénoménale les aventures qu’il décrit en plusieurs langues (vieux norrois, mais aussi suédois, norvégien, islandais, danois et même Féroïen).

N’étant pas un passionné de la cause nordique, je peux poser un regard très objectif sur ce nouveau chapitre. Comme j’avais apprécié Le Chant des Vikings, qui n’était qu’un balbutiement passionnant, j’ai dévoré ce nouveau tome avec l’appétit des découvreurs novices, m’immergeant dans une mer d’inspiration sincère et de déviations mélodiques. Très subtil, ce nouvel album joue franchement le jeu et ne se contente pas d’une vague copie carbone avec costumes en synthétique pour séduire le public de festival en peaux de bête, et nous offre un véritable décorum d’époque, sublimé par les interprétations vocales et les incarnations instrumentales.       

Véritable film pour les oreilles, Huldufolk est une magnifique leçon d‘histoire en musique, qui ne brade pas sa passion ou sa sincérité contre un succès populaire de masse. Même avec plusieurs centaines de milliers d’albums vendus, SKÁLD reste ce groupe de passionnés monté par le producteur et compositeur Christophe Voisin-Boisvinet, passionnés qui se réunissent pour partager leur amour de temps révolus, mais gravés dans l‘histoire pour l’éternité. S’il est évident que la patte Metal n’est guère présente sur ce disque, qui exige une ouverture d’esprit indiscutable, elle n’en est pas pour autant totalement absente, SKÁLD s’offrant le scalp des allemands de RAMMSTEIN avec une reprise étonnante du classique « Du Hast ».

Et dire que le lifting est réussi est un euphémisme lénifiant. Calquant les percussions analogiques sur le beat industriel de Till et les siens, SKÁLD accomplit un petit prodige, et signe un hymne guerrier tout à fait crédible, et à la hauteur de son modèle original.                      

   

L’appropriation du froid « A Forest » de CURE marque aussi son respect envers Robert Smith, transformant cet incontournable de la Cold-Wave en ballade puissante et délicate.

Mais aussi savoureuses soient-elles, ces deux reprises ne sont que deux cerises sur un délicieux gâteau. Il est évident que la personnalité du collectif s’exprime autour de ces dix originaux qui une fois encore repoussent les limites d’un Néo-Folk adressé au plus grand dénominateur commun des amateurs de contes, elfes, légendes et autres créatures mythiques. A l’image d’un blockbuster réussi, Huldufolk parle un langage spécifique de façon universelle, et s’adresse plus simplement à tous eux qui estiment que la musique doit sortir du cœur et non du porte-monnaie.

 

Superbe démonstration, mais humanité omniprésente, SKÁLD confirme sa singularité (son agence de promotion confirme de son propre nom) sur la scène Néo-Folk, et va encore drainer dans son sillage un cortège d’amoureux des vieilles légendes revenant à la vie via la narration de musiciens qui parviennent à en vulgariser le propos, sans le dénaturer ou le traduire grossièrement.     

Rejoignez l’aventure, l’évasion étant à notre époque sa seule drogue gratuite sans effets secondaires.

 

   

Titres de l’album :

01. Troll Kalla Mik

02. Ljósálfur

03. Mánin Líður

04. Ríðum, ríðum

05. Hinn Mikli Drekir

06. Då Månen Sken

07. Elverhøy

08. Herr Mannelig

09. Rauður Loginn Brann

10. Trollslaget

11. Du Hast (RAMMSTEIN cover)

12. A Forest (THE CURE cover)


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 19/01/2023 à 16:52
85 %    467

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Gargan
@194.5.191.151
23/01/2023, 13:07:57

Completement passé à côté de ce groupe, mais rien que pour l'idée du Paris/drakkar je vais y jeter un oreille   

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52