Pas grand-chose à se mettre sous la dent concernant ce groupe lusophone…Mis à part un Bandcamp, une page Facebook, et quelques renseignements épars, pas d’information précise, et si j’en crois les données grappillées, ce groupe a vu le jour en 2013, mais ne se manifesterait que maintenant à travers un premier longue-durée. Six ans sans production, c’est beaucoup, mais louons leur acharnement et célébrons leur enthousiasme, puisque Ignorante rattrape aisément cette disette. Ils sont quatre (Jaum Queiroz - chant, Luan Mendes - guitare, Paulinho Torrontegui - batterie et Renan Gobi - basse), viennent de Dourados au Brésil, et expriment leur haine et leur colère au travers d’un médium pluriel aux connotations Crossover. C’est donc dans un créneau de Thrash/Groove qu’on classe nos amis brésiliens du jour, et si une fois encore, la palme de l’originalité ne sera pas décernée, celle de l’efficacité risque d’être dégainée promptement. Sans nommer d’influences particulières, les musiciens concèdent quand même un respect pour SEPULTURA et PANTERA, deux références qu’on retrouve plus ou moins dans leur musique, qui a visiblement du mal à être étiquetée sur la toile. Beaucoup ne savent quoi en penser, certains parlant même de Post Hardcore, ce qui est complètement hors-contexte. Non, la musique de TONELADA est beaucoup trop franche pour être Post quoi que ce soit, et il suffit pour ça d’écouter « Manipulação » pour le comprendre. Si le quatuor ne se répand pas en explications et lâche un sibyllin mais pertinent « grosso » pour définir son optique, ça n’est pas pour rien, et entre des rythmiques maousses et des riffs taillés à la serpette, le bilan est lourd, et les victimes nombreuses, à commencer par nos oreilles.
S’ancrant dans une tradition de métissage, les brésiliens partagent des points communs avec de nombreuses scènes. La lourdeur et la précision des drops du Metalcore, la hargne du Thrash, le chaloupé du groove, le radicalisme sombre du Death, mais aussi l’âpreté du Hardcore font de cet Ignorante un monstre protéiforme, et si certains morceaux font montre d’un formalisme de rigueur, d’autres au contraire prônent la diversité et l’alambiqué, à l’image du terrifiant « Inimputáveis », qui ressemble à s’y méprendre à une jam impromptue entre le SEPULTURA le plus tribal, le SOILWORK le plus millimétré, et le NAILBOMB le plus éructé. C’est donc un équilibre entre sauvagerie et méthodisme que nous nous voyons proposer, et admettons que les musiciens connaissent leur boulot. Premier reproche après quelques minutes d’écoute, un chant méchamment Core qui contraste avec les pistes instrumentales, trop fines souvent pour supporter une telle linéarité. Il est certain que lorsque la musique adopte des contours moins radicaux, le chant de Jaum vient limiter les possibilités, ce que le lourd et oppressant « Quero Ver Quem Vai Pagar » geint de ses trouvailles. Ce qu’on remarque aussi, c’est cette inventivité dans le classicisme, qui permet aux brésiliens de s’extirper de la masse, avec ce mélange d’influences sud et nord-américaines, qui leur permet d’échapper à une catégorisation trop précise. Les mecs aiment la franchise, l’instant, la colère immédiate, comme le démontrent des jets d’acide comme « Manipulação », qui ressemble comme deux gouttes d’eau sur son intro à du CAVALERA CONSPIRACY (et même après d’ailleurs), ou le virulent « Cilada », à la limite du Death, et sauvé du chaos par un énorme riff groovy à la PANTERA.
Mais ils aiment aussi nuancer, mixer, mélanger, même dans un contexte de brièveté puisque seul un morceau passe la barre des quatre minutes. Ainsi, la somme d’idées proposée est assez conséquente, entre breakdown, sifflantes, harmoniques, cassures abruptes et reprises pleine bourre, une recette qui a fait ses preuves et qui reste toujours aussi efficace. Capables d’accoucher d’explosions de TNT en plein désert, les brésiliens nous cognent, nous assomment, nous passent sur le corps et nous laissent mort, pour le compte, spécialement lorsque les BMP varient et que les thèmes dévient (« Tem Solução », modèle de tir de barrage intelligent mais pas spécialement complaisant). Pas de prise de tête certes, mais pas non plus d’assaut bas du front. Telle est la devise du groupe qui agence et compacte, que l’avancée soit mid ou transcendée. C’est très formel (« Medalha de Sangue »), mais ça fait parfaitement le lien entre les époques, et l’album nous enserre sans que nous puissions reprendre notre souffle, ce qui est exactement l’effet attendu d’une telle réalisation. Pas de haut fait à pointer du doigt, l’équilibre est manifeste, mais on arguera quand même du caractère foncièrement brutal des passages les plus Death, et de cette façon de tirer le Metal lusophone vers des frontières plus radicales, mais pas bordéliques pour autant. On pense même parfois à une forme extrême de Nu Metal à la SLIPKNOT (« Levanta da Cama », la précision rythmique est diabolique), et « Cabreiro » de nous laisser sur une dernière impression de massacre organisé par des mercenaires décidés. Une belle entrée en matière, encore un peu attendue, mais qui a le mérite de révéler un flair certain, et des aptitudes. Gageons que l’avenir sera souriant pour les TONELADA qui connaissent déjà bien leur métier, et qui apprendront encore en le pratiquant.
Titres de l’album :
01. Manipulação
02. Você Nasceu Aqui (Fudeu)
03. Ignorante
04. Inimputáveis
05. Quero Ver Quem Vai Pagar
06. Cilada
07. Tem Solução
08. Medalha de Sangue
09. Levanta da Cama
10. Cabreiro
Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.
18/03/2024, 17:37
J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)
18/03/2024, 13:13
Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)
18/03/2024, 08:05
J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse leurs tubes.
17/03/2024, 14:07
J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)
16/03/2024, 11:55
Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.
13/03/2024, 07:24
groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR
13/03/2024, 06:17
Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable
11/03/2024, 15:32
Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire
11/03/2024, 14:55
toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout ...
11/03/2024, 07:39
Plus de 400 bpm pur le deuxième extrait ? Pas hyper convaincu mais ça reste tout de même impressionnant par moments ! &nb(...)
08/03/2024, 06:03
Jay Weinberg remplace dans ce groupe le mec qui est parti dans un autre groupe remplacer le mec qui est parti pour le remplacer dans son ancien groupe.Clair.
07/03/2024, 18:37