Caught by the fuzz
Well I was, still on a buzz
In the back of the van
With my head in my hands
Just like a bad dream
I was only fifteen
C’est ainsi que SUPERGRASS résumait le truc, et ce petit couplet sans prétention issu de la chanson du même nom pourrait être le leitmotiv des australiens de ROCKY'S PRIDE AND JOY. Originaires d’Adélaïde, ces trois musiciens (Brenton Wilson - guitare/chant, Jessi Tilbrook - batterie et Dominic Ventra - basse) nous proposent donc leur premier album via le label italien Electric Valley Records, un premier album chargé en psychédélisme, en Heavy loin d’être intimiste, et en violence 70’s renforcée d’une distorsion grasse et grave.
Le résultat ?
Un album qui fait planer, mais qui vous écrase sur le sol plus efficacement qu’un parachute oublié derrière le siège d’un handicapé.
All the Colours of Darkness, toutes les couleurs des ténèbres, s’affiche sous une pochette ensoleillée, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. En regardant cette photo aux teintes bleutées et rosées, on se sent immédiatement propulsé dans un désert paumé dans l’Australie la plus reculée, menacé par des bestioles à la taille trois ou quatre fois supérieure à la normale, le front suant et la peur suintant. Pourtant, les intentions du trio sont amicales. Infuser leur mélange dans un grand verre de whiskey bon marché, pour nous faire planer plus haut que Charles Lindbergh.
Beaucoup plus proche du SAB’ que d’AC/DC, ROCKY'S PRIDE AND JOY nous parle de rituels occultes, de parasites, de rencontres paranormales et de revanche qui se déguste froide. Les ingrédients parfaits pour un film d’horreur audio, qui en huit morceaux nous trimbale du Desert Rock au Doom, en passant par les plaines les plus arides et les massifs rougeoyants.
Si la formule est d’usage, si le propos est classique, si les morceaux se ressemblent comme des frères jumeaux un peu trop apathiques, All the Colours of Darkness n’en dégage pas moins un certain charme Stoner/Doom qui rappellera aux esthètes la Nouvelle-Orléans, mais aussi Birmingham, pour un melting-pot d’influences évidentes, mais efficace.
Récemment choisi pour faire partie de la sélection Hard & Heavy des National Live Music Awards australiens, ROCKY'S PRIDE AND JOY est donc une découverte qui s’annonce détonante. Et si les riffs usés jusqu’à la corde nous renvoient au plus prévisible du Hard fuzzy des années 70, si le chant sous-mixé se fait parrainer par un Doom pantouflard, si la rythmique ne connaît de la frappe qu’un binaire imperturbable, « Red Altar » ou « Crawl » n’en débouchent pas moins les conduits, avec cette énergie trainante de ceux qui ne sont pas pressés. Et d’ailleurs, que pourraient-ils avoir d’autre à faire que jouer cette musique insistante, lancinante, prenante, envoutante et légèrement possédée ?
Absolument rien, et quarante minutes de ce traitement suffisent à se sentir anesthésié, entre l’opération de la dernière chance et l’état lysergique en mode « Turn on, tune in, drop out ». N’attendez rien d’autre de ce premier album que ce qu’il propose sur ses premières pistes. Si la guitare peut déprimer tout à coup, si le beat ralentit en diverses occasions, tout est dit en quelques minutes, et le propos ne change pas. Après tout, bien défoncé, on n’a guère envie de se creuser la tête pour tenir un discours philosophique construit, d’autant que le fauteuil fatigué est décidément très confortable.
On imagine fort bien ces trois drilles gentiment allumés dans leur caravane perdue dans un désert inaccessible aux néophytes, grattant faiblement leurs guitares pour composer des hymnes à la somnolence, et des hommages au repos bien mérité après une dizaine de joints fumés.
Pour être tout à fait honnête, en étant sobre, les quarante minutes passent assez lentement. Même rafraichi d’un interlude acoustique mélodique sublime (« Lucifer’s Lullaby », qu’on chante en douceur à son bambin maléfique tatoué d’un 666 sous le cuir chevelu), All the Colours of Darkness semble bloquer sur un monochrome certes évanescent, mais terriblement répétitif. Peu de mélodies, mêmes rachitiques, aucun détour pour nous faire visiter les alentours, juste une ligne droite à peu près suivie pour aller d’un point A à un point B.
Avec, durant la randonnée, quelques petites pilules avalées.
ROCKY'S PRIDE AND JOY se laisse guider par cet état d’hébétude un peu idiot, et nous refourgue sept fois la même idée, déclinée avec peu de nuances. Mais on accepte le parti-pris, une fois quelques trois feuilles cramés. Et sans connaitre ce Rocky, sans savoir quoi que ce soit quant à sa fierté et sa joie, on se laisse happer dans un monde occulte qui célèbre le diable sans se hâter.
Mauvais rêve ou journée qui se répète indéfiniment ?
Titres de l’album:
01. Red Altar
02. Revenge
03. So Said the Roach
04. Crawl
05. Tunnel Vision
06. Lucifer’s Lullaby
07. Your Hell
08. Pure Evil
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
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@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36