Parlez-moi de Black Metal canadien et j’accours. La scène québécoise est en effet l’une des plus fertiles du monde, et nous a déjà permis de découvrir de nombreux groupes à la rudesse conséquente ou à la poésie flagrante. Alors évidemment, lorsque le label national Sepulchral Productions m’aiguille vers le premier album du concept ORPHIQUE, je suis aveuglément le conseil, pratiquement certain de ne pas le regretter.
ORPHIQUE est la créature mise au monde par David Potter, qui n’est pas le cousin d’Harry, mais qui sait pourtant manier la baguette musicale magique. Entouré de comparses donnant corps à sa vision d’un BM mélodique et épique, David se laisse aller à des textes prenant, des images évocatrices, et nous offre donc un solide exercice de style, parfois violent, souvent contemplatif, mais toujours créatif.
Outre David prenant en charge la composition, les poèmes et le chant, ORPHIQUE peut s’appuyer sur la guitare de Marc-Antoine Lizotte, la basse d’Arnaud Fillon, la batterie de Michel Bélanger, et la guitare acoustique de Cyril Tousignant, le quintet montrant un visage déterminé et exposant des gestes très précis, et des parties millimétrées. Quelques ajouts pour augmenter le line-up, avec Stéphane Hénault au piano et Félix Plante aux synthés, et vous avez-là une équipe performante, capable de traduire n’importe quelle aventure en musique, de façon rigoureuse, mais passionnante.
Loin des histoires les plus abruptes du BM québécois, ORPHIQUE fait montre d’une véritable poésie dans ses stances, et nous emporte loin dans le fantasme de contes imaginés par David Potter, qui d’ailleurs les chante d’une voix très éraillée, la faux à la main. L’ensemble est donc parfaitement équilibré et consistant, et dès « Onirique », la prise de contact, les évidences s’accumulent et le plaisir d’écoute est maximal.
D'une main puissante, ma faux
D'une main conquérante, mon flambeau
Emblématique d'une consécration cadavérique
La nuit, la mort, le vampirisme, les cauchemars, la souffrance, la beauté des ténèbres, tout y passe, et même des interludes médiévaux qui transforment cet album en chanson de geste d’un chevalier décidé à mettre son public à genoux. La beauté le dispute donc à l’âpreté, dans un ballet incessant de variations, de digressions, les titres s’autorisant des durées étirées pour exposer leur propos.
Assez proche de ce qu’un DISSECTION aurait pu produire si Jon Nödtveidt était né au Canada (toute proportions gardées), Consécration Cadavérique est un beau cadavre qu’on ramène à la vie le temps d’une narration, et qui déambule dans les allées du cimetière BM du nord de l’Amérique. De son côté, Sepulchral Productions compare ce travail à la collaboration juteuse entre GRIS et SOMBRE FORETS, ce qui ma foi n’est pas totalement dénué de sens. Néanmoins, au-delà des comparaisons pas forcément utiles, ORPHIQUE s’en sort sur son seul nom et sa seule imagination, et se dispense très bien de parallèles promotionnels. Outre cette entame de plus de dix minutes qui annonce la couleur des ambitions, le reste de l’album est lui aussi constitué de prises de positions tantôt grandioses, tantôt intimistes, pour donner à ce premier album une tonalité nostalgique, mélancolique et subtilement jaunie par le temps.
ORPHIQUE propose même une transition de toute beauté, en développant les cinq minutes amères et pourtant harmonieuses de « Chimérique », qui semble chasser les fantômes du passé en tournant le dos au présent. Des arrangements subtils, une science exacte de la composition efficace et adaptée aux thématiques, et un voyage assez troublant dans la mémoire d’un artiste qui conçoit encore le BM tel qu’il a été popularisé dans son pays il y a des décennies.
Pour une surprise, c’est une bonne surprise. Excellente même, et assez éloignée des turpitudes pseudos-mystiques de groupes qui accumulent les images et qui juxtaposent des mots complexes pour essayer de se faire passer pour des auteurs classiques. David Potter ne donne pas toujours dans la nuance, mais a le mérite de mettre la musique au service de ses vers, sans chercher à nous étouffer d’un art littéraire pompeux et egocentrique.
En résulte un album parfaitement dosé, qui se termine après une superbe synthèse via l’épilogue « Sporadique ». Entre DSBM light et Black mélodique mais agressif, Consécration Cadavérique est déjà rongé par la rigor mortis, mais exhale encore d’un parfum d’agonie qui se respire à pleins naseaux. Une belle entrée en matière qui en dit long sur le parcours possible, et un rappel du talent inné de la scène canadienne, l’une des plus fascinantes et sincères du monde de l’occulte et des ténèbres.
Titres de l’album :
01. Onirique
02. Vampirique
03. Chromatique
04. Chimérique
05. Sporadique
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36