Le Death Metal est-il un effort collectif ? A priori oui, le BM revendiquant fièrement la paternité du one-man-band, concept ô combien misanthrope, mais nécessaire à une introspection nihiliste. Et en dehors de l’Indus, genre approprié aux créations individuelles, on ne peut pas vraiment dire qu’il existe une option qui favorise le travail personnel, sans partage musical, et sans échange instrumental. Mais ce postulat valait surtout à une époque où le matériel d’enregistrement professionnel coutait encore horriblement cher, problématique soldée de tout compte depuis l’avènement de l’informatique, qui permet à moindre investissement de créer des œuvres tenant largement la comparaison avec les productions de gros studios. Alors finalement, non, le Death Metal ne résulte pas forcément d’un processus collectif, ce que nous démontre avec beaucoup d’abnégation Ian Covelli, seul à la barre de son propre navire SATAN'S BASEMENT depuis 2006. Qui est donc ce musicien mystérieux à la discographie somme toute assez riche, mais à la régularité erratique ? Un simple résident de Chicago, Illinois, prenant beaucoup de plaisir à explorer les bas-fonds de l’extrême comme son nom de baptême artistique semble le montrer. Notre hôte nous offre donc une visite guidée de la cave de Satan, et autant dire que la canfouine en question est plutôt du genre bordélique, aux rangements hétéroclites. Se réclamant d’un Death Metal méchamment torturé, SATAN'S BASEMENT s’est déjà répandu en exactions longue-durée, deux en deux années (Sludge Filled Wasteland en 2006 et Cerebral Apocalypse en 2007), avant de devenir un peu fainéant sur les bords et de ralentir le rythme, jusqu’à ne plus proposer que quelques titres à la volée. Nous étions sans nouvelles du bonhomme planqué dans les sous-sols du grand cornu depuis le split en compagnie de THE BAPTISM publié en 2012, et c’est avec une certaine curiosité que mes oreilles se sont penchées sur le barouf développé par Appeal to Your Denial.
Barouf, le terme est sans doute un peu fort. D’une agression modérée mais aux déviances prononcées, ce troisième LP du parcours de l’américain est un genre d’ovni bricolé dans son coin, qui pratique une sorte de philosophie Crossover assez tordue. Si le fond de l’air est putride et résolument orienté vers les dérives d’un Death US assez typique (AUTOPSY), quoique subtilement inspiré par le sadisme anglais de la grande époque (BOLT THROWER), les arrangements et la direction artistique laissent plutôt interrogatif, l’homme sombrant parfois dans les affres d’un Sludge minutieusement industrialisé et extrêmement répétitif. Roboratif l’ensemble ? Quelque peu oui, un peu comme si la vague NOLA s’était soudainement prise de passion pour les débuts du Death Indus, et les pierres angulaires de GODFLESH et MEATHOOK SEED, sans vraiment oser plonger la tête la première dans la transgression. Le tout est animé de riffs plutôt sombres, assez passe-partout, de stridences qui arrachent les tympans, le tout propulsé par une boîte à rythmes au son assez maigrelet et automatisé. La voix de Ian, elle aussi plus ou moins étouffée, ne permet pas de tirer les choses au clair, et on ressort de l’écoute de cet effort avec plus de questions que de réponses. La production homemade, assez cachetée mais séduisante confère à l’exercice une patine assez hermétique, sinon mystérieuse, et si la plupart des morceaux ne laissent pas vraiment une empreinte durable dans la mémoire, ils titillent assez les neurones pour intriguer. Ainsi, « Death's Grasping Hand » ressemble à s’y méprendre à du ACID BATH repris par le Mitch Harris des années 90, tandis que l’ouverture « Mankind Deprived » évoque à merveille un IRON MONKEY coincé dans un cauchemar de biais des INTENSE MUTILATION. Pas mal de pistes à suivre donc, pour un créateur qui refuse la linéarité, mais qui n’évite pas la dispersion. Tout ça se veut original et fumant, mais reste encore un peu hésitant pour fédérer, même si l’on sent que l’instrumentiste/compositeur à les moyens de proposer des choses un peu plus cadrées, et puissantes.
Centré sur le diktat de l’industrie pharmaceutique et des producteurs d’opiacées, et sur la mainmise des grands groupes sur la santé publique (et tout l’égoïsme économique de ces derniers, merci Bayer…), Appeal to Your Denial est une affaire complexe qui prend souvent des airs de démo censée étaler le potentiel d’un artiste en devenir. En substituant la brutalité du Death par les sinuosités déviantes de l’Indus à intervalles réguliers, Covelli se joue des balises de style et construit le sien, tranquille, sans se soucier de l’opinion populaire. Tout ça aboutit parfois à de gentils pamphlets aux ambiances Punk (« Preying For The Poor », l’un des plus accrocheurs mais amateurs du lot), ou à des diptyques cédant enfin sous la pression d’une ultraviolence débridée («Your Doctor's Orders, Pt. I et Pt. II », ordonnance signée conjointement par BILE et BOLT THROWER). N’hésitant pas à imposer une sorte de lourdeur concave (« Doomed Medically Necessary »), s’accrochant aux dogmes Doom tout en gardant l’ADN du Death bien collé dans l’éprouvette, SATAN'S BASEMENT reste ce jeu de piste improbable qu’il a toujours été, se moquant des tendances et des modes pour proposer une copie bizarroïde, plus attachante que séduisante, mais révélatrice d’une volonté de s’extirper des codes usuels pour proposer des chemins de traverse plus riches. Il n’en reste pas moins que l’ensemble manque encore de conviction, de morceaux vraiment pertinents, et que souvent, on a le sentiment que le musicien s’est laissé porter par une inspiration un peu maigre pour laisser des riffs convenus faire le boulot sur de longues minutes. Il tient si fort à sa liberté qu’il se permet même une adaptation acoustique d’un de ses titres les plus féroces, qu’il entonne à la guitare Folk et qu’il déclame d’une voix de croque-mort. Conclusion illogique pour un album inclassable, mais il faudra quand même faire un peu de rangement dans la cave de Satan pour espérer convertir les brebis égarées.
Titres de l'album:
1.Mankind Deprived
2.Doomed Medically Necessary
3.Preying for the Poor
4.Government Issued Negligence
5.Medicinal Mummification
6.Death's Grasping Hand
7.Your Doctor's Orders pt. I
8.Your Doctor's Orders pt. II
9.Mankind Deprived (Acoustic)
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31