WALLS OF BLOOD n’est pas à proprement parler un « supergroupe », et pourtant, les musiciens qu’on retrouve sur son premier album font tous plus ou moins partie de la A-list du Metal, et ce début à de sérieuses allures de film chorale à la Robert Altman. A la base, ce nouveau projet est celui du guitariste Glen Drover, qui a fait partie de MEGADETH pendant quatre ans, jouant live aux côtés de Dave Mustaine, et gravant quelques riffs pour la postérité sur le LP United Abominations. Mais le CV de Glen ne s’arrête pas à cette illustre participation, puisqu’on retrouve son nom au casting d’autres ensembles tout aussi fameux, tels TESTAMENT ou KING DIAMOND. Drover, sous un jour plus personnel fut aussi le leader d’EIDOLON, ce qui en fait l’une des gâchettes les plus redoutées des Etats-Unis métalliques, et aujourd’hui, c’est donc sur un nouveau concept qu’il s’est penché, individuel en termes de création, mais collectif en termes d’interprétation. WALLS OF BLOOD est donc le nouveau véhicule de l’expression la plus drue de ce musicien somme toute assez attachant, et qui a su s’entourer pour la circonstance de musiciens aussi confirmés que lui, pour proposer l’un des albums les plus solides de ce premier trimestre 2019. Je parlais donc de « supergroupe », et le terme est tout à fait justifié, puisque la liste des chanteurs étant venus prêter main forte au flamboyant guitariste est assez impressionnante en soi. Jugez du peu, on retrouve au micro de ces dix morceaux des cadors de l’envergure de Tim Owens (JUDAS PRIEST, ICED EARTH), Chuck Billy (TESTAMENT), Todd La Torre (QUEENSRŸCHE) ou Henning Basse (METALLIUM, FIREWIND) pour les premiers rôles, soutenus plus discrètement par d’autres références, dont Nils K.Rue (PAGAN’S MIND, EIDOLON), Matt Cuthbertson (UNTIMELY DEMISE), Dan Cleary (STRIKER) ou Lance Harvill. Avec un tel panel, l’auditeur éventuel aurait pu craindre un fourre-tout destiné à flatter les ego, et pourtant, Imperium, en tant qu’album d’entame tient largement la route, offre cohésion et diversité, et va faire immensément plaisir à tous les fans de Heavy Metal féroce et classieux, tirant sur le Power Metal et le Metal épique, dans la plus grande tradition de combos comme NEVERMORE, mais aussi ceux auxquels Glen a un jour participé.
Difficile de ne pas voir en WALLS OF BLOOD une extension logique des travaux antérieurs de Drover, puisque le souffle rauque et lyrique d’EIDOLON souffle à chaque courant d’air. Mais il est impossible aussi de ne pas constater l’importance de son passage au sein de KING DIAMOND, les morceaux ayant tous cette patine sombre et théâtrale que le danois grimé a imposée tout au long de sa carrière. L’ombre de SANCTUARY, de LAMB OF GOD, d’un QUEENSRYCHE plus dense et violent que la moyenne sont tout aussi discernables, et le résultat global à des allures d’album hommage à une carrière plus que bien remplie, et de bilan en cours de route qui permet à l’auteur de s’affirmer en tant que talent individuel. Et même en faisant preuve de la mauvaise foi la plus crasse, il est difficile de ne pas s’incliner face au brio dont le guitariste fait preuve tout au long des cinquante minutes de ce LP, passant allègrement de riffs gras et redondants à des soli incandescents. L’écueil que tout un chacun pouvait craindre en découvrant la concrétisation de ce projet était une trop grande disparité de ton, mais si Imperium sait s’adapter à ses vocalistes en modulant son approche (tout du moins, en la durcissant plus ou moins clairement), il n’en tombe pas dans le piège de l’instabilité, aidé en cela par une production terriblement homogène qui permet de cimenter le tout d’un nappage épais. C’est donc ce délicat équilibre entre éclectisme et logique qui permet au projet de tenir la route, et en frappant fort dès les premiers instants, « Leave This World Behind » affirme son allégeance à un Metal de grande classe, subtilement agressif, et souvent à la lisière du Thrash, du Progressif, de l’évolutif, et du lyrique/épique puissant et racé. Et c’est donc en compagnie de son compère Nils K.Rue que Glen entame les hostilités, développant une belle intro de guitares mélodiques avant de trancher dans le vif et de provoquer une sorte d’union sacrée entre QUEENSRYCHE et NEVERMORE. On sent immédiatement que le guitariste volubile a voulu afficher sa confiance, et la voix redoutable de Nils lui permet de se reposer sur un chant à la Geoff Tate pour lâcher des riffs consistants, sur un tapis de rythmique écrasant, mettant d’emblée les poings sur les clous.
Du gros Heavy donc, mais à l’américaine, et complètement Power sur les bords et le milieu, efficace en diable et reposant sur une osmose générique palpable, ce qui n’est pas toujours chose facile avec ce concept de groupe à géométrie vocale variable. Le fil conducteur d’Imperium est donc solide, et se tend sur cette limite séparant le Heavy du Thrash, de la même façon que le SANCTUARY des eighties et le NEVERMORE des nineties construisait un pont entre les deux genres, et « Discordia », profitant du timbre lyrique de Todd La Torre confirme cette impression qui finalement, devient un fait plus que tangible. La superposition de la guitare grave et ferme de Glen et des prouesses vocales de ses intervenants provoque un effet de bousculement assez appréciable, même si on aurait aimé que de temps à autres, la rythmique soit moins anonyme dans ses percussions. Mais le véhicule principal du projet restant cette complicité entre les cordes de guitare et vocales, on ne saurait blâmer le guitariste d’avoir privilégié une assise prévisible pour mieux se lâcher. Et comme Glen a su parfois appuyer sur le frein pour proposer des choses moins denses, on sait se montrer clément, d’autant que ces instants de fausse accalmie s’accompagnent de modulations appréciables, à l’instar de l’envoutant et mystique « Tarnished Dream », que Tim Owens sublime de sa voix aux grincements presque sardoniques. A l’opposé, lorsque la machine s’emballe, on se souvient avec délectation que Glen a fait partie de TESTAMENT, retrouvant ainsi son ancien chanteur Chuck Billy sur le terrassant « Waiting To Die », prétexte à quelques growls bien sentis. Les fans de saccades et de vitesse à la MEGADETH se rueront évidemment sur « Walls Of Blood », prototype parfait de proto-Thrash à la Mustaine qui se voit endurci par les lignes de chant de Matt Cuthbertson, tandis que les nostalgiques du riff à la Cantrell apprécieront la reprise d’ALICE IN CHAINS, « Junkhead », menée par Lance Harvill, qui ne fait aucunement office de bouche-trou et qui s’intègre parfaitement au reste du répertoire.
Un premier album sous pavillon WALLS OF BLOOD qui annonce peut-être une nouvelle traversée au long-cours pour Glen Drover, mais qui pour le moment s’apparente à une levée d’ancre convaincante et un début de voyage aux voiles gonflées par un vent Power Metal assez puissant. A savoir si le concept connaîtra une suite ou restera un épisode agréable de la carrière du guitariste, question qui reste en suspens mais dont la réponse n’est pas forcément indispensable. Une musique solide, inspirée, suffisamment volubile et versatile pour ne pas lasser, peut-être encore un peu linéaire par moments, mais qui saura contenter les amateurs de Heavy US bien corsé comme les amateurs de mélodies amères bien tassées.
Titres de l'album :
1. Leave This World Behind
2. Discordia
3. Waiting To Die
4. Blood Sacrifice Ritual
5. Tarnished Dream
6. Walls Of Blood
7. The Fault Of Man
8. Dark Lords Of Sleep
9. Junkhead
10. Seven Spirits
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