Jusqu’à présent, lorsque mon esprit entendait le mot SPHERES, il pensait à deux choses différentes. D’un côté, à un objet rond, de l’autre, au quatrième album d’un groupe hollandais du nom de PESTILENCE. A partir d’aujourd’hui, ce mot évoquera une troisième chose, en relation avec les deux premières, puisque SPHERES combine le côté circulaire du concept géométrique, ainsi que la brutalité évolutive du combo en question. Et bien que pour le moment, toutes les aspérités et irrégularités ne soient pas encore complètement gommées du principe, Iono, en tant que tel, se veut témoignage d’une réelle envie de proposer une vision du Metal Progressif très personnelle, et emprunte de différentes philosophies. Fondé en 2018 à Paris par le guitariste/chanteur Jonathan Lino, ce quatuor n’est devenu effectif qu’avec l’adjonction du batteur hollandais (tiens donc…) Tom Pluijmaekers, puis de l’arrivée de Lek à la basse et de Camille Lafontaine à la seconde guitare, et il nous propose donc en ce pas si joli mois de mai les fruits de ses premières réflexions, qui s’articulent en huit chapitres, aussi différents qu’ils ne sont complémentaires. Représentés par l’inépuisable boite Ellie Promotions, et distribué par Season of Mist, Iono a donc mis toutes les chances de son côté, permettant à une musique plurielle et riche de se voir exposée au plus grand nombre, et à juste titre. Car sans représenter un avenir palpable pour une musique qui semble avoir tout dit depuis longtemps, ce premier LP contient suffisamment d’arguments pour en incarner un présent tout à fait viable, au travers de mélodies malmenées, de rythmiques martelées, d’influences digérées, et de thématiques intrigantes, parfaitement résumées sur le Bandcamp du groupe.
Se situant à la croisée des chemins musicaux et philosophiques, Iono combine donc des éléments Progressifs, Death, génériquement Metal, et aborde des problèmes de société contemporains tout comme des intérêts plus vastes et scientifiques. Associant avec un certain flair les questionnements sur l’humanité et sa relation avec l’infini, les mythes (Orphée), et les puissances occultes (les médias, le gouvernement, le Darknet), SPHERES se veut donc au-delà des clivages, et propose à son public potentiel des pistes de réflexion, que les quatre musiciens ont mis en exergue via une musique non moins plurielle aux textures épaisses. Admettant des accointances artistiques avec les univers parallèles de TOOL, GOJIRA, MASTODON ou encore OPETH, ces instrumentistes aux ambitions affichées parviennent sans mal à s’extirper de la masse en développant des strates sonores qu’ils empilent ou font glisser à loisir, s’affiliant à la vague extrême tout en acceptant le legs des RUSH, DREAM THEATER, PERIPHERY, sans paraître imbus d’eux-mêmes ni trop egocentriques pour proposer un produit digne d’être apprécié par la plèbe des non-pratiquants. Huit morceaux, et autant de tentatives de se hisser hors du marasme de la normalité, pour des compositions qui ne font aucun mystère de leur préciosité, ce qu’on ressent de toute façon très bien dès l’entame ample et vaste de « The Cimmerian Ghost ». Evoquant l’humanité à l’âge de Fer, ce premier morceau pose les jalons d’une optique, avec une entame longue et évolutive, percussive, aux accents à la PORCUPINE TREE après un stage chez les GOJIRA, et qui permet à Jonathan de faire montre de l’étendue de sa palette vocale.
Passant sans retenue ni transition d’un chant clair au vibrato un peu forcé et à la théâtralité poussée, aux growls effectifs et rauques, le guitariste/chanteur se pose d’emblée en point de focalisation principal, le chant étant largement surmixé pour occuper le devant de la scène virtuelle. Ce qui ne veut aucunement dire que le reste de ses complices fait tapisserie, puisque dès les premières secondes, la section rythmique de Lek et Tom carbure à plein régime, entre patterns brisés et soudaines crises de blasts, tandis que Camille soutient son leader à grand renfort de syncopes et saccades. Leads propres et tempétueux, qui ne servent pas de simple exutoire à une technique qu’on aime voir flattée, avec des mélodies très prononcées, et des envolées qui nous emportent assez haut dans la gamme, développé en nuances et avancées progressives, « The Cimmerian Ghost » incarne l’intro rêvée, de celles qui mettent dans le bain sans tremper le tapis. Pour autant, ce premier segment ne synthétise pas tous les visages d’un groupe à plusieurs facettes, et qui a l’intelligence de ne pas se reposer que sur des longues suites. Car entre chaque titre de plus ou moins six ou sept minutes, SPHERES propose des inserts beaucoup plus concentrés, qui ne sont pas moins intéressants ou complexes. Cette facette plus succincte est brillamment représentée par des morceaux plus immédiats, comme le hargneux « Mars », invitation à l’exploration spatiale, « Break Loose » et sa mise en place en son clair, « Silk Road », plus temporisé et médium, s’intéressant de près à cette fameuse « route de la soie » du Darknet, ses tueurs à gage qu’on loue pour des bitcoins, sa drogue facile et ses autres délits pas moins glauques.
Nous avons donc affaire à un groupe parfaitement au fait des exigences contemporaines, qui n’hésite pas à recentrer son propos pour ne pas se faire trop disert, mais qui impose aussi des constructions plus élaborées, remplies d’idées porteuses et de petits arrangements ludiques. Ainsi, « Television Nation », et sa diatribe médiatique à l’encontre des grands groupes de communication s’accompagne d’un Metal hargneux mais harmonique que le DREAM THEATER le plus oblique et violent aurait pu composer en s’inspirant des crises de rage d’OPETH. « Sound City » en tant que final, est d’une évidence frappante, et permet de garder en mémoire l’image sonore d’un quatuor refusant de s’enfermer dans les convenances, acceptant la brutalité comme moyen d’expression ne devant pas nuire à la cohérence et la richesse de l’instrumental. On pense alors aux CYNIC, à OPETH toujours, et à pas mal d’autres groupes ayant fait les mêmes choix, mais on se dit surtout qu’en tant que nouveau venu, Iono tient largement la route, malgré quelques erreurs de jeunesse qui subsistent. Des riffs parfois trop classiques, et l’écueil d’un chant clair qui montre ses limites à en faire parfois un peu trop, mais globalement, et en tant que premier jet, cet album mérite franchement le soutien dont il bénéficie, et permettra à SPHERES de boucler une première boucle avant son prochain voyage.
Titres de l’album :
01. The Cimmerian Ghost
02. Mars
03. Television Nation
04. Break Loose
05. Stellar
06. Silk Road
07. The Thing
08. Sound City
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55