Classique.
C’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit après quelques écoutes du nouvel album d’ENDE. Ce qui n’implique aucun cas de la condescendance ou une facilité de jugement, mais bien un constat honnête qui ne tourne pas le dos à la qualité de ces compositions. Mais à vrai dire, avec toutes ces années d’activité, il semblerait que le duo de Rennes/Angers n’ait plus de secret pour nous.
ENDE, ce sont toujours ces deux musiciens incorruptibles, I. Luciferia (chant/guitare/basse/claviers) et Thomas Njodr (batterie) qui depuis 2010 donnent régulièrement de leurs nouvelles par longue durée interposé. Six albums désormais, un beau palmarès, les honneurs de l’underground, et une nouvelle livraison tombant à point nommé pour rompre ce vœu de silence prononcé depuis 2020. L'Aube Des Anathèmes est une missive envoyée du fin fond des enfers, et dont les paragraphes résonnent comme des poèmes maudits dans le cœur malade des amateurs de Metal noir.
Reposant toujours sur une base de BM traditionnel et norvégien, ENDE continue donc sur sa lancée, et ne déroge à aucune de ses règles. Une production efficace mais sobre et épurée, des morceaux aux nombreuses cassures, un sens de la progression indéniable, et évidemment l’ombre des influences nineties qui plane au-dessus d’un décor de film gothique au cimetière pour le moins usé.
L'Aube Des Anathèmes est certes une aube, mais une aube blafarde. Pas de celles qui laissent le soleil éclairer les moindres recoins d’un beau jardin, mais plutôt celles qui filtrent pour que la brume enserre tout dans son opacité naturelle. Une promenade dans les allées d’un terrain en friche, avec pour toile de fond, une vieille bâtisse dont personne ne s’approche plus depuis longtemps.
Old-school.
Le terme est lâché, mais sans complaisance. Après tout, I. Luciferia et Thomas Njodr tiennent à ce cachet délicieusement passéiste, empruntant à MAYHEM pour payer les traites d’IMMORTAL, le tout allégé d’un crédit à la consommation suédois. « Union Triomphante » nous ramène donc à l’origine, à l’essentiel, sans ornements ridicules et autres cache-misère d’infortune. Tout au long de ces quarante-six minutes, le duo avance à découvert, sans crainte d’être débusqué. Et cette façon de passer dans les rangs avec le menton relevé a l’audace des fondateurs qui assument leurs positions passéistes.
En quinze ans ou presque, le projet n’a jamais déçu. Et 2024 ne sera pas la savonnette qui le fera glisser de son piédestal, puisque L'Aube Des Anathèmes est aussi essentiel que ses cinq frères. L’excommunication est donc acceptée avec un plaisir non feint, et les damnés se réveillent d’un long sommeil pour continuer de pervertir les âmes perdues qui grossiront les rangs des légions de la nuit.
Il est toujours rassurant de pouvoir compter sur des musiciens passionnés qui ne parlent que lorsqu’ils ont quelque chose de pertinent à dire. Avec une expérience riche urbi et orbi (REVERENCE, VENEFIXION, ARKHON INFAUSTUS, OSCULUM INFAME), ENDE refuse le point final et considère sa carrière comme un éternel recommencement. Et en dégustant ces six compositions, on se dit que leur attitude est la bonne, tant chaque nouvel album se base sur le précédent pour aller encore plus loin.
Maculé de blasts assassins, chanté comme si la fin des temps prenait la forme d’une laryngite, sublimé par des mélodies épurées mais très efficaces, ce sixième tome est encore une fois un modèle du genre, qui nous replonge dans les affres de l’explosion 1990/1993, lorsque les loups sortaient du bois pour aller traquer le chrétien égaré. Avec quelques arrangements sonores efficaces, tocsin, vent, pluie, L'Aube Des Anathèmes est d’une humeur massacrante, mais prêt à offrir aux maudits leur dose de masochisme brutal.
Une belle cohésion dans les faits, une homogénéité classique dans la forme, ENDE n’a pris d’autre risque que celui de la qualité formelle, et de l’emballement traditionnel. Avec une belle moyenne de six ou sept minutes par morceau, l’album déroule, expose ses idées, et semble rendre un hommage permanent à Euronymous et Hellhammer, dont il reprend les tics avec un mimétisme troublant.
Très loin des produits manufacturés auxquels nous avons droit de la part des gros labels indépendants, L'Aube Des Anathèmes est un travail d’artisan dont chaque pièce est unique. « Indigent » vous permettra même de sublimer votre passion pour l’ancien, tant son atmosphère est déliquescente et grandiloquente à la fois.
Superbe travail, violence sourde, poésie macabre, les épithètes, images, comparaisons et métaphores sont inutiles pour juger de la valeur de ce disque déjà classique. Non, au moment de rendre son verdict, on est amené à être aussi honnête que ces deux musiciens, sans chercher la flatterie. ENDE reste ce duo solide que l’on a toujours connu, capable de pondre des albums caractéristiques de l’état d’esprit nihiliste des glorieuses années 90.
Ni plus, et surtout, ni moins.
Titres de l’album :
01. Lilitû
02. Union Triomphante
03. Cabale Nocturne
04. Indigent
05. Favete Linguis
06. Eclat de Marbre
07. Renaissance
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36