Le Diadème d’Argent

Sacral Night

01/07/2022

No Remorse Records

Trois ans après Ancient Remains, les grenoblois de SACRAL NIGHT reviennent, le port de tête altier, les épées étincelantes et les ambitions une fois encore revues à la hausse. Toux ceux connaissant le groupe lui connaissent aussi un potentiel indéniable, qui ne demande qu’à exploser avec les bons dosages. C’est en tout cas ce que soulignaient fermement leurs deux premières sorties qui aujourd’hui, se placent dans l’ombre d’un second longue-durée défendu par les grecs de No Remorse. On le sait, le label, via ses rééditions voue une passion pour le Metal français des années 80, mais aussi celui plus contemporain de groupes vivants qui s’expriment dans la langue de Molière.  

C’est mon troisième rendez-vous avec SACRAL NIGHT, dont j’avais déjà chroniqué les deux premiers chapitres. Si je m’étais montré assez enthousiaste à l’époque, je savais que le quatuor était capable d’aller encore plus loin dans son crossover improbable de Doom, de Power Metal et de Heavy Metal sombre. Je terminais d’ailleurs ma chronique d’Ancient Remains par un :

Une jolie réussite qui laisse songeur quant à l’avenir, qui à n’en point douter nous réservera quelques surprises.

 

Or, cette surprise est bien là, via les neuf morceaux de Le Diadème d’Argent, entièrement chanté en français, et qui nous ramène aux glorieuses années 80, lorsque le Metal français essayait de se trouver une place entre deux mastodontes américain ou anglais. Nouvellement tuteur du groupe, No Remorse Records n’y va pas avec le dos du bracelet clouté, et cite KING DIAMOND, PORTRAIT, IN SOLITUDE, DISSECTION et TRIBULATION pour situer les débats, et une fois n’est pas coutume, les citations tombent pile là où il faut pour appréhender le groupe sans avoir écouté sa musique.

Antoine Volhard (chant), Amphycion (basse/claviers), Mörkk (batterie), Marc Crapüd (guitare) et Aymeric "Ricky" Mallet (guitare) ont donc poussé leurs capacités au maximum, pour nous livrer l’un des albums les plus fascinants de ce mois de juillet. Entre Doom prononcé, Heavy épique, Black par intermittence et extrême opératique, SACRAL NIGHT transcende ses influences et régurgite de petites histoires crédibles, qui possèdent chacune leur humeur et leur atmosphère. Impossible de situer cet album en étant trop précis et ferme, puisqu’il s’amuse à brouiller les pistes, à emprunter les chemins de traverse entre Heavy opératique et Doom épique, toujours guidé par la voix incroyable d’Antoine Volhard, coproducteur avec Amphycion. Avec un mix soigné par George Emmanuel (ROTTING CHRIST, YOTH IRIA, NECROMANTIA) au Pentagram Studio, Le Diadème d’Argent jouit donc d’un son énorme, épais mais aéré, avec des guitares acérées et inspirées, et une section rythmique volubile et polymorphe.

Difficile de croire qu’on puisse signer un album envoutant en mélangeant les styles à ce point, et c’est pourtant le défi relevé avec brio par les grenoblois qui osent, accomplissent, réussissent et fascinent. Véritable son et lumière pour les oreilles, ce second album est un feu d’artifices près d’une Bastille qui s’écroule, entre chanson de geste funeste et saynètes décrites avec lyrisme et emphase. Le lyrisme est évidemment la constante la plus marquante sur cet album, qui n’hésite pas à se plonger dans une théâtralité excessive, qui convient totalement à l’orientation choisie. Ainsi, « Le Diadème d’Argent », title-track noble et grandiloquent n’est pas sans évoquer effectivement un DISSECTION soudainement fasciné par la langue française et le Heavy national, de la même manière qu’à « Une Dernière Etoile avant Sirius » de chatouiller la corde sensible des amateurs d’un BM trempé dans la source occulte d’un MERCYFUL FATE.   

Mais le tout est cohérent, malgré son agressivité erratique et sa volonté de ne pas stagner. On s’imagine parfois, pour fantasmer, un SORTILEGE perdu dans une foret de Norvège, rencontrant des musiciens locaux lui apprenant les bases de la brutalité froide et mélodique. Entre cette voix puissante et emphatique, ces structures évolutives et ces harmonies toujours au premier-plan, SACRAL NIGHT joue le passéisme remis au goût du jour, échappant à toute catégorisation trop ferme pour offrir un mélange homogène et presque hallucinogène.

On se demande en effet de temps à autre si notre perception n’est pas altérée par ces duels de guitares acides, et si le monde autour de nous ne s’est pas obscurci pour laisser place à une nuit éternelle, fort bien décrite par « Par-delà les Lueurs Sépulcrales » et « L’ode Infinie ». Doom, Heavy, Black, absence de contraintes, cahier des charges libre, SACRAL NIGHT nous délivre avec Le Diadème d’Argent un message très clair : le Heavy frenchy des années 80 a encore sa place dans les années 2000, pour peu qu’il soit légèrement repensé et adapté intelligemment. J’avais donc raison de soupçonner ce groupe de capacités certaines (« Prêtresse de l’Atlantide » est une clôture incroyablement ouverte, avec chœurs suraigus et oppression profonde), et je terminerai cette nouvelle chronique par une autre formule, plus adaptée.

Une magnifique réussite qui laisse admiratif, et qui à n’en point douter replacera le groupe au centre des débats.     

 

       

Titres de l’album :

01. Les Miroirs de la Lune

02. Par-delà les Lueurs Sépulcrales

03. L’Archange aux Yeux de Feu

04. Conquérant des Lumières

05. L’ode Infinie

06. Une Dernière Etoile avant Sirius

07. Le Diadème d’Argent

08. La Seconde Elégie d’un Ange

09. Prêtresse de l’Atlantide



par mortne2001 le 14/07/2022 à 17:03
88 %    634

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Gargan
@194.5.191.151
27/02/2023, 16:16:40

Vu en concert récemment (avant Blasphème et Killers !), belle découverte. Oh, il y a quelques imperfections mais c'est hyper plaisant à écouter; le mélange heavy trad' français avec le turbo boost black metal fonctionne étonnamment bien. 

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12