Les Contes de la Tripe

Bad Tripes

31/10/2017

Autoproduction

Non, mais…comment voulez-vous que je sois objectif. J’adore les tripes !!! Même les vieux bouts caoutchouteux qui ressemblent à des morceaux de ruches visqueux et qui piquent la langue. Alors…Alors quoi ? Alors l’art de la tripaille à la française dispose depuis des années d’un artisanat local situé du côté de Marseille qui tranche les meilleurs morceaux de panse et d’intestins pour vous les régurgiter en musique dans un chaudron magnifique, chauffé au feu de bois, mais qui sait duquel il se chauffe. BAD TRIP ? Non, BAD TRIPES, qui depuis le début des années 2010 revient à intervalles pas vraiment réguliers nous titiller la glotte et les oreilles de son Rock paillard, sauvage et indécent, mais qui nous aura quand même salement fait attendre depuis sa dernière offrande. Pas vraiment productif le quatuor, puisque nous n’avions rien eu à nous mettre sous la langue depuis Splendeurs et Viscères en 2013, et le temps commençait à paraître salement long et l’estomac sur les talons. Mais connaissant les diables d’un peu plus près que la moyenne, je savais qu’une nouvelle tambouille se préparait à la sueur des nouilles, et depuis Halloween, le festin a été vidé sur la cape, pour que la nappe ne s’entache pas de contrepèteries faciles. Mais la sauce ? Celle à laquelle vous allez être bouffée est plutôt du genre relevée, voire sacrément corsée, mais pas question de la couper avec un court-bouillon, parce que ce qu’on aime chez eux, c’est justement leur pureté de ton. Et niveau assaisonnement, la livraison 2017 est plutôt épicée. Mais pas uniquement d’un point de vue musical, non, plutôt sous une artistique globalité. Et faites-moi confiance, ce sont souvent les zouaves qui montrent leur cul qui bossent le plus pour se le remuer…

En totale autoproduction, les BAD TRIPES (Hikiko Mori - chants et textes, Seth - guitare et samples, Siger – batterie et Kami – basse, mais faut-il encore le rappeler ?) nous offrent un sacré cadeau de Toussaint avec leur superproduction Les Contes de la Tripes, qui non seulement ne marque pas le pas (mais en quatre ans, le contraire eut été vexant), mais nous prouve que les sudistes ont encore fait des progrès dans leur art musico-culinaire déglingué. D’ailleurs, leur professionnalisme devient à ce point éclatant que c’en est absolument dégoutant. De la production au graphisme, en passant par les compos, jusqu’aux textes rigolo-sanglants d’Hikiko, tout ici respire le sur-mesure jusqu’au moindre poil de nez qui dépasse, et c’est confondant…Où sont donc passés les punks que nous avions connus il y a quelques années, et qui abordaient le spectacle avec un naturel et une audace primaires si sidérants que même les PLASMATICS passaient pour des communiants ? Ils sont toujours là, pas d’inquiétude, sauf qu’ils ont revu leurs prétentions à la hausse. Genre, l’inflation, la flambée de talent indexée sur le cours du diamant, puisque ce troisième album fait la nique à une bonne moitié de la production actuelle de son allant et de son absence de complexes. En choisissant de traiter le cap fatidique du troisième album via un pastiche des productions E.C. Comics, le quatuor a senti le vent venir, et s’est collé en plein dedans, histoire de nous refourguer ses pastilles et ses humeurs de déviants. Proposé en version digipack qui vaut bien le double des dix euros qu’il coûte, cet album est une petite merveille d’opéra-gore à tendance bon enfant qui part à la boucherie, les poches pleines de bidoche et les yeux sur les galoches. Sans laisser tomber leur style Free-Punk à tendance Metal ou l’inverse, les BAD TRIPES s’offrent un lifting à base de côtes de bœuf et de foie frais, qui va méchamment malmener le vôtre sans faire grimper votre taux de cholestérol. Absolument déconseillé par la sécurité sociale pour ses effets néfastes sur la santé mentale, cette nouvelle démarcation sur un thème en anathèmes nous prend à la trachée pour nous faire recracher notre propension à un trop grand conformisme, en mélangeant les tendances, et en faisant bouillir les influences, pour nous proposer le plus sale conte pour grands enfants depuis Alice à pétri les merveilles de Lewis Carotte.

Alors, imaginons, imaginez, puisque moi, je sais. Imaginez un groupe de tarés capable de suggérer dans le même couplet des accointances néfastes avec RAMMSTEIN, DIABLO SWING ORCHESTRA, NOTRE DAME, PIGALLE, CRADLE OF FILTH, NIGHTWISH (sans la crinoline, trop immaculé) et MUSHROOMHEAD, et vous aurez une petite idée du carnage qui vous attend à la maisonnée. Et en plus, comme ils ne sont pas traîtres pour un sou (les sous, ils les gardent pour financer leur délires bande de fous), ils vous l’annoncent eux-mêmes via « Et nous Sommes Nombreux », qui préfigure sans doute le nombre de convertis qu’ils anticipent suite à cette troisième sortie. Loin d’être un simple amusement pour artistes en dérangement, cette œuvre, qui en mérite le nom, est le fruit d’un travail acharné, qui va payer, et ça n’est pas le flamboyant « L’Ogre de Barbarie » et ses cinq minutes de cabaret de l’étrange qui va me contredire. Basse en traquenard, riff gluant qui se marre, arrangements au sonar, pour cinq minutes d’étrange qui nous arrange, et qui nous colle face au miroir de nos errances. Chaque détail, chaque mot, chaque son a été choisi, soigné, peaufiné, pour ne rien laisser au hasard, et l’ensemble dégage une telle vitalité dans la gentille méchanceté qu’on se laisse embarquer comme dans un cauchemar de Rob Zombie, en sachant très bien qu’on risque de ne jamais revenir entier. Mais qui voudrait revenir lorsque la belle Hikiko nous fige de son sourire vocal sadique, elle qui n’a jamais aussi bien chanté ? La belle ne l’est pas que, et grimace, nuance, incarne, tance, séduit, repousse, vomit, et incarne son personnage avec perfidie, sans jamais perdre de vue la gamme qu’elle parcourt de sa douce folie. Ses progrès chantés sont flagrants d’intensité, en raclage comme en harmonies biaisées, et ça n’est certainement pas le premier croquemitaine venu qui va la trousser ! Alors, même si elle demande et exige « Fuck Me Freddy », d’une litanie susurrée avec vice et vertu, le barnum qui la soutient n’a rien d’un boucan pour paysan chafouin, et agrémente d’une double grosse caisse puissante des volutes de synthé en partance, avant qu’un refrain hystérique ne nous mette en transe. Du grand art ? Séculaire, celui des saltimbanques qui n’ont pas oublié qu’ils sont là pour divertir, mais qui prenne leur plaisir au sérieux…Et le nôtre…

Si « La Bouchère de Hanovre » est déjà connu des amateurs éclairés qui auront évidemment savouré sa sublime vidéo entre deux jambonneaux, « Baby Porn » nous surprend de sa sciure de cirque en torture-porn, de ses chœurs en schizophrénie et de ses faux cuivres en repli. Piochant dans tout ce que le conte classique peut proposer de moins recommandable (« Hansel » suce mon sucre d’orge et dégorge, « Gretel », termine ta gamelle Trash Punk sur beat électro-rock avant que je ne la foute à la poubelle), le groupe se créé son propre répertoire mais n’oublie pas non plus les guinguettes pour frappés qui ont un jour eu la malchance de les héberger (« Les Rendez-Vous de la Bête », LUDWIG VON 88 qui défonce la tronche aux SUPERBUS sous le regard hagard des INCUBUS), et termine même son parcours par un hit improbable pour dancefloor introuvable (« Sombre Pigalle », inutile de résister, c’est du cousu main pour les jumpers amateurs de riffs mateurs), histoire de nous laisser sur une conclusion à la hauteur de son introduction.

Alors, de là, et de l’au-delà, je pourrais dans un élan de générosité vous faire profiter des punchlines pondues par Hikiko, ou extrapoler sur un avenir qui ne sera pas de tout repos, mais je préfère vous laisser digresser vous-même en écoutant cette musique de bargeots. Une seule chose à vous dire, achetez ce disque, et ce, pour plusieurs raisons. D’une, parce qu’il est musicalement dément. De deux, parce que ces flingués l’ont chouchouté jusqu’au dernier instant. De trois, parce que de vrais musiciens, qui font de la vraie musique à la main, avec un tel entrain, et qui nous en font profiter sans penser au lendemain, ça se compte sur les doigts d’une main d’un manchot. Ou les orteils d’un cul de jatte. Vous les voyez avancer en poussant sur des sabots ? Non, moi non plus, alors les tripes de BAD TRIPES, ça se déguste chaud. Sur leur Bandcamp, en digital, ou en physique pour dix malheureux euros. Même pas le prix d’un steak mes saligauds. Et vous allez demander la monnaie pendant qu’on y est ?


Titres de l'album:

  1. Moteur, action !
  2. Fuck Me Fredy
  3. Hansel
  4. Elizabeth
  5. Baby Porn
  6. L'Ogre de Barbarie
  7. Car Nous Sommes Nombreux
  8. La Bouchère de Hanovre
  9. Dame Elephant
  10. Gretel
  11. Les Rendez-Vous de la Bête
  12. Sombre Pigalle

Site officiel


par mortne2001 le 05/11/2017 à 17:43
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