Un an à peine après leur premier album, les allemands de SOUL GRINDER attaquent de nouveau en ouvrant une petite porte, et en lâchant un EP assez meurtrier pour causer pas mal de dégâts. Chronicles of Decay avait permis de les placer sur la carte de l’extrême européen, ce que le premier court Sadistic Paradise ne permettait pas de sa trop grande brièveté. Mais avec une optique franche, des capacités notables, et une réelle envie d’en découdre, les originaires de Brème peuvent aujourd’hui prétendre au titre d’espoir grandissant de la scène morbide allemande. C’est donc avec un plaisir masochiste que nous découvrons ce Lifeless Obsession, qui prouve en effet que la brutalité et la violence sont les deux seules obsessions de ces musiciens.

Mathias Junge (basse/chant), Balrogh (batterie) et Jan Wollny (guitare), membres ou ex de combos tels que CTULU, LUNAR ECLIPSE, KAWIR, ASENBLUT, REVERENCE LOST, SHEOGORATH, INTO PAIN, BLEEDING IN DESPERATION, HIDDEN AGENDA, TO RESIST FATALITY, GUT ABSORBER, IMMORTAL ABYSS, NEVERSUN, CHAOS HB, N.U.C., GALSKAP, ou BIOROT, ne sont donc plus des bleusailles à la recherche de grades mérités ou non, mais bien des vétérans de la scène extrême germaine, ce qu’ils prouvent une fois encore avec ces cinq morceaux emprunts de formalisme, mais suffisamment variés pour ne pas lasser, même sur une durée restreinte. On retrouve évidemment la crudité qui faisait de Chronicles of Decay, cette violence ouverte qui bousculait et laissait de graves séquelles, mais on découvre aussi sur ce moyen format une réelle volonté de se montrer plus accrocheur que la moyenne, via certains chapitres plus accessibles.

Ainsi, la doublette « Night’s Bane (Nyktophobia) » / « Mercyful Fate » est décidément très habile, et démontre que le trio a des idées sous le coude. En opposant la férocité incroyable de ce morceau d’ouverture aux blasts impitoyables, et la souplesse de ce quasi-hit improbable au riff redondant et gluant, les allemands se pavent une voie royale vers un avenir ouvert, sans jamais trahir la cause. Mais le Death revêt bien des visages, concept que les SOUL GRINDER ont bien assimilé, et qu’ils manient avec beaucoup d‘intelligence.    

« Terradeformer » bien qu’entamé en mid, accélère le propos régulièrement pour contrebalancer la solidité rythmique d’une touche de folie. Cette multiplicité de thèmes permet à ce second EP de se montrer sous un jour éclectique dans la bestialité, et de garder cette optique un peu clinique soulignée par le chant graveleux mais distancié de Junge.

Rien de vraiment novateur, pas de quoi bousculer la hiérarchie mondiale, mais de quoi s‘y faire une place tout à fait méritée. Avec un bel éventail de possibilités, les allemands nous entraînent fans un ballet outrancier maîtrisé de bout en bout, trouvant toujours une approche ludique pour nous persuader de riffs décidément très malins (« A Worm’s Repast »). Nombre conséquent de plans, détails acoustiques, modulation de ton, cet EP complété aurait fait un excellent LP, pour peu que le trio ait gardé la même optique pendant quarante minutes. On peut d’un côté déplorer la brièveté de la chose, ou au contraire l’apprécier pour ce qu’elle est, et la savourer à loisir en se la jouant plusieurs fois d’affilée. D’autant que le groupe termine sur un hit terrassant et éponyme, qui achève de transformer cette simple étape en marche supplémentaire gravie avec panache. Juste ce qu’il faut d’audace pour intriguer, une grosse dose d’efficacité pour convaincre, SOUL GRINDER a parfaitement mélangé ses ingrédients, et nous affame aujourd’hui dans l’attente d’un second longue-durée qui promet beaucoup.

Titres de l’album:

01. Night’s Bane (Nyktophobia)

02. Mercyful Fate

03. Terradeformer

04. A Worm’s Repast

05. Lifeless Obsession

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