Lightning Strikes Twice

Decarlo

24/01/2020

Frontiers Records

Après les supergroupes, les associations de musiciens fameux, Frontiers nous propose une affaire de famille avec le groupe DECARLO. On retrouve en effet aux commandes du projet Tommy DeCarlo et Tommy DeCarlo Jr, le père et le fils, embarqués dans la même aventure à base de mélodies prononcées et d’AOR nuancé. Ils sont tous les deux épaulés par une rythmique de choc avec Dan Hitz à la batterie et Brett Nelson à la basse, pour un premier album sous leur propre nom qui ne manquera pas d’interpeller les fans de Rock mélodique US. En effet, loin d’être un newbie, Tommy DeCarlo n’est rien de moins que le chanteur du légendaire BOSTON depuis 2007 en live, et cette décennie ou plus d’expérience lui a apporté le matériau nécessaire à l’élaboration de son propre répertoire, aussi soft et perfectionniste que celui de son groupe d’adoption. Mais pas d’inquiétude à avoir, le concept DECARLO n’est pas qu’un simple démarcage du son inventé par l’omnipotent Tom Schultz, mais bien un serment d’allégeance à l’AOR le plus pur et abordable, ce qui ne manquera pas de rebuter les plus accros d’entre vous à la violence instrumentale. Car sur ce premier LP, les guitares sont polies, modulées, et n’utilisent la distorsion que lorsque l’ambiance le réclame, autant dire par intermittence assez irrégulière. Mais c’est une chose qu’on comprend dès « A Better Day » qui de son intro clean ne fait pas grand mystère de ses inclinaisons. Guitare tendre et soft, rythmique souple et smooth, chant qui ne cherche pas l’esbroufe, le ton est donné, et le son west-coast prononcé, pour une démonstration d’orfèvrerie harmonique dans la plus grande tradition américaine, rappelant par la même le génie d’une nation qui a toujours dominé ce genre de débats. Originaire de Charlotte en Caroline du Nord, le groupe n’est donc pas là pour déchaîner les enfers ni copier ses voisins de label, mais bien pour rappeler que le Rock et la tendresse peuvent s’accommoder l’un de l’autre sans rompre un équilibre assez complexe à trouver. Et de fait, Lightning Strikes Twice se classe de lui-même dans la catégorie des œuvres attachantes, mais pas forcément destinées à faire grand bruit.

A l’écoute de ce premier effort sous nom personnel, on pense immédiatement à des noms plus connus, celui de Rick Springfield évidemment, sans les accointances Country, à Henry Lee Summer, Richard Marx, et tous ces défenseurs d’un romantisme musical ne dédaignant pas la force d’un Rock hautement radiophonique. Comme dans chacun des cas évoqués, les chansons sont de véritables tubes en puissance, se la jouant délibérément cool, sans heurter les sensibilités, à cheval entre une Pop-Rock musclée et un Classic Rock modernisé, et « You Are The Fire » de plus volontiers faire chauffer le feu dans la cheminée que de déclencher un incendie dans une salle de concert. D’ailleurs, la volonté est clairement affichée, en progressant l’album se révèle sous un jour tranquille, jusqu’à s’éloigner dangereusement du Rock le plus fondamental avec « Give Love A Try », proche de MIKE & THE MECHANICS. Heureusement pour nous, l’énergie revient par à-coups, sans jamais piétiner la bienséance, au grand dam certainement des fans de Rock échevelé. « Lightning Strikes Twice », le title-track profite donc d’un refrain collégial contagieux pour s’imposer comme premier hit du LP avec ses arrangements d’arrière-plan évoquant une foule conquise d’avance. Mais en avouant dès le départ un désir simple de se faire plaisir et de composer pour lui-même, Tommy DeCarlo dégonfle la polémique éventuelle, et il est dès lors assez simple de deviner que le musicien se sent terriblement à l’aise dans le contexte live de BOSTON, et qu’il a dû écouter plus d’une ou deux fois des géants comme TOTO ou REO SPEEDWAGON. D’ailleurs, le format de Lightning Strikes Twice suggère un respect de la Pop la plus traditionnelle, avec des morceaux ne dépassant qu’en une seule occurrence les quatre minutes, pour une durée globale de quarante, ce qui permet à l’auditeur de ne jamais se lasser, d’autant que l’inspiration vogue de thèmes en ambiances, jusqu’à atteindre un paroxysme dans la douceur par l’entremise de la blue song « Still In Love ».

Mais pour autant, le projet n’évite pas non plus la virilité d’un Rock joué avec les tripes, et évoquant l’histoire américaine des Springsteen, Petty, Cougar et autres patrons de la scène, avec un hommage déguisé « Rock N’ Soul » au titre plus qu’évocateur. Toujours aussi capable, Tommy DeCarlo prouve de sa voix maîtrisée qu’il n’a nullement l’intention de défier les cadors lyriques sur leur propre terrain, préférant rester abordable et humain, tout comme son fils qui manie la guitare avec efficacité, mais humilité. Plus que de Hard, il convient donc de parler de Rock, un Rock générique, mais personnel de ses ambitions, un  Rock que l’on pourrait qualifier de mainstream sans être grossier ou condescendant, et qui nous ramène aux grandes heures du Billboard des années 80, via « There She Goes » qui sonne comme le tube qu’il aurait pu et dû être il y a trente ans. Les chansons se succèdent donc, comme un samedi soir dans un bar lorsqu’un groupe local égrène son répertoire de fête, avec un seul but en tête : distraire le public et lui donner envie de danser. Cette mission est remplie à merveille, avec des morceaux trépidants et bondissants de la trempe de « Stand Up (Play Ball) », qui transpose un bœuf entre Huey Lewis et Rick Springfield avec beaucoup d’acuité instrumentale. Les chœurs claquent comme les doigts, le refrain invite à unir les mains, et le tout dégage une bonne humeur contagieuse, à défaut de révolutionner le créneau. Mais la révolution n’est pas le but avoué de tous les musiciens, qui s’accomplissent parfois très bien dans un classicisme délicieux, et malgré ce formalisme de rigueur, Lightning Strikes Twice s’écoute avec bonheur, même lorsque les sentiments prennent le pas sur le mordant. Avec un timbre de voix très doux qui s’accorde très bien de moments de tendresse, DeCarlo s’autorise donc de superbes ballades empreintes d’AOR de premier choix, notamment sur la sublime « The One ».

Et pour ne pas nous laisser sur une impression d’entre-deux trop prononcée, le groupe n’hésite pas à se montrer allusif au Hard californien des eighties, laissant enfin les guitares mordre plus fort pour un « Gotta Go » bien remonté et plus symptomatique de JOURNEY. Certes, « I Think I Fell In Love With You » revient traîner du côté du consensuel assumé, mais la mélodie est si convaincante qu’on se laisse prendre au jeu, satisfait d’avoir passé une quarantaine de minutes en si bonne compagnie. Rien qui ne bouscule votre quotidien, juste de bonnes chansons interprétées par des passionnés, qui n’ont pas oublié justement que la passion était le meilleur argument de conviction.     

                                  

Titres de l’album :

                         01. A Better Day

                         02. You Are The Fire

                         03. Give Love A Try

                         04. Into The Storm

                         05. Lightning Strikes Twice

                         06. Still In Love

                         07. Rock N’ Soul

                         08. There She Goes

                         09. Stand Up (Play Ball)

                         10. The One

                         11. Gotta Go

                         12. I Think I Fell In Love With You

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par mortne2001 le 11/02/2020 à 18:13
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