Pour y voir plus clair, plantons le décor, et lâchons quelques faits. SIGN X, malgré son patronyme inconnu du grand public n’est pas vraiment constitué de bleus. Il résulte en effet du split de CHALICE, groupe allemand très actif pendant vingt ans, avec sept longue-durée à son actif. Il y a quelques années, les musiciens ont décidé d’emprunter des chemins divergents, et si Gino Naschke et Axel Hoffmann ont quitté le navire, Oliver Scheer (guitare), Steve Lagleder (basse, chœurs) et Michael Mehl (batterie, chœurs) ont préféré rester unis sous une bannière différente. Et c’est en recrutant Michel Jotzer aux claviers et Sebastian Zierof au chant qu’ils ont donc formé une nouvelle entité, SIGN X, pour continuer d’explorer les méandres d’un Heavy Metal mélodique dont seuls les allemands ont le secret. Et c’est après un EP introductif que le quintet renouvelé nous offre donc son premier longue durée, qu’il serait assez logique d’envisager comme le huitième LP que CHALICE ne nous aura jamais offert. On retrouve en effet ces harmonies amplifiées par des riffs solides, cette tendance à survoler les différentes époques d’un Hard Rock de tradition, et cette façon d’alléger le Heavy national d’harmonies subtiles. Dans les faits, Like a Fire a tout d’un LP de Hard Rock classique, qui aurait tout aussi bien pu être composé dans les seventies que dans les nineties, et il est clair que le background des trois survivants de CHALICE a été mis à profit, tout comme leur parcours en tournée. Il est évident qu’on ne partage pas la scène avec des pointures comme DEEP PURPLE, ALICE COOPER, URIAH HEEP, SAGA, DORO, TESLA, MAGNUM, ou Steve LUKATHER sans partager quelques points communs, et ce mélange de Metal abordable et de Rock empesé de claviers est toujours aussi convaincant, quoique toujours aussi formel d’un autre côté. Mais il est impossible de faire la fine bouche face à une telle démonstration de talents individuels au service d’une puissance collective patente.
Rien ne distingue donc vraiment ce nouveau groupe d’un ancien que les fans avaient adoubé depuis longtemps. Cette propension au lyrisme, cette manière de rester actuel malgré des racines fermement ancrées dans les années 70, et cette capacité à réconcilier les approches anglaise, italienne et allemande sans trahir l’une ou l’autre des optiques est donc le point fort de ce premier album. On sent au travers des morceaux l’importance de références comme DEEP PURPLE et RAINBOW, mais aussi de l’Italie d’Alessandro Del Vecchio et de l’écurie Frontiers, tout comme la rigueur d’un Metal allemand millimétré et calibré, qui toutefois ne tombe jamais dans les travers un peu trop gras. Ce qui aboutit à un équilibre très stable entre volonté commerciale et éthique Metal, pour un mélange vraiment efficace, ne s’éloignant jamais d’un formalisme que CHALICE avait imposé en son temps. En gros, une façon de réactualiser un AOR US en lui offrant une rugosité totalement européenne, ce que démontre avec beaucoup de puissance l’ouverture « Fall », qui contrairement à son titre s’envole haut au-dessus du ciel Heavy allemand actuel. Le résultat n’est pas sans évoquer une union pas si contre nature que ça entre STRATOVARIUS et HARDLINE, mais en gardant du coin de l’œil la philosophie seventies qui n’avait cure alors des étiquettes et autres dénominations trop précises. Niveau évolution personnelle, le groupe a gagné en cohésion et lyrisme en intégrant au chant Sebastian Zierof, dont la voix ample et souple permet aux compositions de s’envoler vers les cimes autrefois atteintes par Ronnie James Dio, Joe Lynn Turner ou Timo Kotipelto. Mais il n’y a rien d’étonnant à cela, le chanteur ayant incarné vocalement Udo Lindenberg dans le musical Hinterm Horizont, ce qui le rapproche d’un Ian Gillan qui en son temps avait brillé dans Jesus Christ Superstar. Et la référence à DEEP PURPLE est tout sauf innocente dans le cas de Like a Fire.
Ainsi, « Elements » retrouve la flamboyance des seventies, et ce son unique d’orgue Hammond que Jon Lord faisait résonner comme une seconde guitare, pour soutenir celle de Blackmore. Cette capacité à piocher dans différentes époques permet donc à SIGN X d’échapper à une datation trop précise, mais aussi d’être un peu trop facilement rattaché à la mouvance nostalgique actuelle, et de se voir cantonné au simple rôle de fac-similé. Ce qui serait une grave insulte au talent des musiciens impliqués, capables de transcender l’émotion pour la garder pure, et la confronter à un Heavy vraiment torride, sans tomber dans les travers d’un classicisme trop poussé. « Storm » démontre cette théorie, avec toujours ce chant au premier plan soutenu par des riffs convenus, mais solides. Mais on pourrait facilement pointer du doigt la quintessence de cette capacité à sublimer les éléments en arguant du caractère épique et harmonique du superbe « Rain », qui retrouve la flamboyance de RAINBOW, mâtinée de la puissance du Heavy allemand des années 80. A vrai dire, on sent les SIGN X capables de tout, de passer de l’emphase lyrique à la légèreté véloce d’un Hard Rock vraiment accrocheur (« Shine »), sans jamais trahir ses convictions d’origine. Il est même possible de trouver dans leur musique des traces de la Californie des eighties, lorsque résonne le hit fatal « Free Your Mind », qui semble exhumé d’une collaboration oubliée entre le Alice COOPER de « Feed My Frankenstein » et le SLAUGHTER de « Up All Night ». Chaque morceau a donc sa propre raison d’être, et chaque instrumentiste apporte sa pierre à l’édifice, la contribution la plus flagrante étant celle du nouveau venu Sebastian Zierof, issu de la scène de la comédie musicale, et dont les facilités déconcertent sur le fragile « Crush », qui suggère les SPACE ELEVATOR.
Du Heavy donc, beaucoup, du Hard-Rock, en doses égales, mais plus simplement, une musique riche, entraînante, convaincante, et malgré la longueur de certaines pistes, les idées semblent couler de source, aboutissant à des achèvements définitifs (« Chasing The Wind » et son atmosphère à la MEAT LOAF light). Tout en gardant bien au chaud leur patrimoine passé, les trois anciens CHALICE profitent de ce sang neuf pour renouveler leur répertoire, ce qui aboutit à un Crossover assez intrigant, presque Pop dans les faits, mais toujours sauvé par une dose homéopathique d’électricité (« Sign »). Et si les fans regretteront la séparation, Like a Fire saura leur prouver qu’elle était non seulement inévitable mais aussi salutaire. CHALICE est mort, mais pas si enterré que ça, et SIGN X est plus qu’un simple succédané ou un fantôme matérialisé, mais bien un nouveau groupe qu’il faudra suivre de près.
Titres de l’album :
01. Fall
02. Elements
03. Storm
04. Rain
05. Shine
06. Free Your Mind
07. Crush
08. Chasing The Wind
09. Sign
10. Koda X
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49