Tout le monde (ou presque) sait maintenant qu'au début des années 90, le Hard Rock en tant que style musical prédominant auprès du grand public vivait ses derniers jours de gloire. A ce moment-là, aucun des acteurs de la scène ne se doutait qu'un raz-de-marée s'apprêtait à les engloutir pour en noyer la plupart, et tous continuaient à parader en fuseau et ceintures de conchas sur le Sunset. Sûrs de leur fait, et au zénith de leur gloire, les CINDERELLA, POISON, RATT, WINGER se voyaient déjà, rester en haut de l'affiche, continuant de signer des autographes aux admiratrices qui se bousculaient. Seulement voilà, les complets bleus dans lesquels ils avaient mis toutes leurs économies (ou presque, puisqu'il fallait bien payer les Porsche et les Ferrari) commençaient à passer de mode, et dès la parution du séminal mais destructeur Nevermind, il leur fallut bien se rendre à l'évidence...Le make-up, les grosses voitures, les filles à moitié à poil ne faisaient plus recette, et l'heure du nerd roots avait sonné. Certes, certains d'entre eux avaient déjà opéré une légère translation, vers une approche plus dépouillée et Zeppelinienne, Blues à l'appui et pédale steel en embuscade, mais tout ça ne suffit pas à Tom Kiefer et ses amis pour s'incruster dans un Billboard décidément très embarrassé de leur présence, ni de continuer à truster les bacs de nouveautés qui leur préféraient des albums plus proches d'une honnêteté qui leur faisait cruellement défaut. Beaucoup de groupe notables firent les frais de ce grand balayage, mais aussi quelques outsiders n'ayant pas vraiment eu le temps de s'imposer à grande échelle, et qui, durant un album publié en 1990 ou à l'orée de 1991 ont fait illusion et ont joué à cache-cache avec le succès. Ces seconds couteaux, leaders d'une troisième vague Sleaze/Glam ont pourtant proposé des disques parfaitement raisonnables, et beaucoup plus influencés par la vague Rock/Hard des années 70, acceptant l'héritage du Blues qui en avait fait office de terreau.
De cette « nouvelle vague » qui s'écrasa bien vite sur les récifs des impératifs commerciaux, certains d'entre vous ont dû retenir quelques noms. Pas vraiment passés à la postérité, mais suffisamment ancrés dans la mémoire pour qu'ils en resurgissent à la surface de temps à autres. Et gageons que celui de SALTY DOG a du chatouiller quelques souvenirs durant ces vingt dernières années, tant leur unique réalisation avait frappé très fort à l'époque. Leur LP, Every Dog Has Its Day, publié sur l'omniprésent Geffen obtint un certain succès auprès de la frange du public réceptive aux sonorités plus basiques d'un Rock à tendance Hard à la CINDERELLA de Heartbreak Station et au GREAT WHITE de Once Bitten et Twice Shy, et après avoir suffisamment tourné pour tatoué leur nom dans les cœurs des rockers, les américains avaient même pris le temps d'enregistrer quelques démos, histoire de préparer une suite à la leur sous la forme d'un second longue-durée. Mais entre la désaffection d'une jeunesse déjà passée à autre chose, et les problèmes d'addictions diverses auxquels durent faire face les musiciens, le glas finit par logiquement sonner et entraîner les quatre membres (Jimmi Bleacher – chant, guitare, harmonica, Pete Reeven – guitare, banjo, choeurs, Michael Hannon – basse, choeurs et Khurt Maier – batterie), vers d'autres aventures, dont celle d'AMERICAN DOG pendant une dizaine d'années pour Michael Hannon, MUDPIE pour Khurt Maier, et TWEED pour Pete Reeven. Tout ceci n'aurait donc pu rester qu'une anecdote plaisante dans le grand livre de la légende Hard N'Roll américaine, si le destin n'en avait pas décidé autrement, et permis au public de redécouvrir un groupe sinon essentiel, du moins très attachant.
Cette seconde chance de l'impossible, qui ne ramènera certainement pas les SALTY DOG vers les cimes du succès, se matérialise donc autour de ce fameux second album qu'ils n'ont jamais pu enregistrer, et nous est proposé par Escape Music, sous la forme de ce Lost Treasures qui en dit largement assez long de son titre pour qu'on en comprenne les tenants et aboutissants. La formation 2018 du groupe reprend la structure du trio instrumental de base, à laquelle vient s'ajouter le nouveau vocaliste Darrel Beach (D.T ROXX), et nous fait cadeau d’une bonne dizaine de morceaux, dont certains datent un peu puisqu'on les trouvait déjà sur cette fameuse démo abordée plus en amont. Difficile de dire si ce deuxième chapitre laisse augurer d'une suite plus stable, mais en tant que reprise de contact avec le groupe, il offre largement de quoi s'enthousiasmer, et surtout, regretter que le quatuor n'ait pas eu le temps à l'époque de nous offrir un LP digne de leur très accrocheur premier effort. On retrouve évidemment ici tous les ingrédients qui avaient fait de Every Dog Has Its Day un presque classique de la seconde vague Sleaze californienne de la fin des années 80, ces guitares mordantes, ce chant gouailleur et provocateur n'hésitant pas à piocher dans les suraigus de quoi alimenter son énergie, cette rythmique polyvalente, et à son écoute, il est difficile de croire que presque trente ans se sont écoulés entre les deux enregistrements. La production maison de Pete Reeven assure un cachet vintage à l'opération, mais la nostalgie n'aurait pas pu fonctionner sans de bonnes chansons, et les onze morceaux composant l'ossature de ce comeback imprévisible assurent une transition très viable entre les époques, à tel point qu'on a parfois le sentiment d'écouter un savant mélange de l'art séculaire des STONES et des révérences très obligées des BLACK CROWES ou des QUIREBOYS (« Old Fashioned Love », à l'intitulé très approprié). Et dès l'ouverture tonitruante de « Damned If I Do », nous voilà replongés dans les affres d'une fin de décennie 80 qui à l'époque ne souffrait pas d'une agonie prévisible à chaque évolution cyclique.
La fraîcheur est toujours là, et sans les informations disponibles à notre connaissance, il eut été très difficile de croire que ce Lost Treasure ne fut pas publié en 1991 ou 1992, mais bien en 2018. Les riffs sont aiguisés, et on sent la faim des musiciens au détour de chaque sillon numérique, spécialement lorsqu'ils osent un aveu à peine déguisé, au détour d'un bon binaire syncopé et plombé à la Page/Plant (« I Need More »). Modulant une fois de plus leur inspiration, les SALTY DOG nous séduisent de leur attitude délibérément Rock, qui reprend les choses là où elles s'étaient prématurément arrêtées, via des références très appuyées à la Californie ensoleillée du tournant des décennies («Walk Softly »). Aucune crainte à avoir donc en termes de redite, puisque la fidélité se place en qualité majeure, même si le tout donne le sentiment de trop respecter les codes passés, en se jetant à corps perdu dans un Hard Rock N'Roll de bonne facture, mais très marqué par des expériences passées (« Open Sezme », qu'on trouvait déjà sur ces fameuses démos restées mortes-nées.). Mais l'osmose entre les instrumentistes fait vraiment plaisir à entendre, lorsque le spectre de l'émotion pointe le bout de son nez via un thème que les GREAT WHITE et UGLY KID JOE auraient pu élaborer du temps de leur splendeur (« Mission on a Hill », à la guitare délicieusement mutine). Du Sleaze certes, du Glam à n'en point douter, mais surtout, du Rock, qui respire et transpire, et nous téléporte quelques décennies en arrière, juste avant que le Grunge n'ouvre les portes des enfers (« All That Glitters »), et ne renvoie les admirateurs de LED ZEPPELIN au purgatoire de l'oubli, où les BADLANDS attendaient aussi de pied ferme une possibilité de s'évader (« Woman Scorned »). Beaucoup de plaisir donc, pas mal de feeling, des licks qui font taper du pied et de la tête dodeliner (« Didju »), des mélodies éparses, et une envie, celle de corriger quelques injustices qui ont permis un amalgame un peu trop précipité entre prêt-à-porter bâclé et sur-mesure étoffé (« When Fools Rush In », et son ambiance feutrée qui suggère à merveille quelques regrets).
En somme, une belle revanche par procuration pour un quatuor qu'on a aimé plus que de raison, et qui cristallise à lui seul toute la haine vouée par une génération Y à des musiciens qui selon eux, salissaient le Rock au point de le rendre méconnaissable. Il est fort possible que ce Lost Treasure passe complètement inaperçu, où qu'il profite au contraire de la vague de nostalgie actuelle pour autoriser un retour impromptu. Quoiqu'il en soit, il est d'un point de vue ponctuel une jolie façon de retrouver les SALTY DOG pour un nouveau rappel, que les années 90 ne lui ont jamais offert. Ne laissez pas passer cette chance, et appréciez un disque qui tient largement la route, et qui permettra peut-être à Pete et ses compères d'en retrouver le chemin. Le chien n'a donc pas dit son dernier mot, et en a assez de ronger son os du passé. Et méfiez-vous des bêtes blessées. Ce sont souvent elles qui mordent le plus fort.
Titres de l'album:
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44