Lust for War

Oath Of Sin

25/02/2017

Autoproduction

Il s’appelle Chris Dazsi, il est américain, et fait sa musique dans son coin, tout seul, parce que visiblement, il n’a besoin de personne.

On ne sait pas grand-chose de lui, mis à part qu’il vient de Hummelstown, Pennsylvanie, qu’il dispose d’une page Facebook assez sommaire, et qu’il a des vues indéniablement personnelles sur la musique extrême.

Ah, et on sait aussi qu’il a déjà sorti un premier LP en 2015, Godless And War Hungry, et deux autres EP à un an d’intervalle, Haunted Hallows et The Serpent Within.

Voilà, c’est à peu près tout. Après, rendez-vous sur ses sites plus ou moins officiels, sur lesquels il n’en dit pas forcément plus, sauf qu’il joue un genre très particulier de musique, qu’il décrit au choix comme du United States Black Metal, du Blasphemous Metal with Black Metal vocals, ou du Evil War Metal, donc en gros, du Metal torride légèrement obsédé par la guerre et le diable.

Mais après tout, il n’est ni le seul, ni le premier à faire ça…

Dans les faits, et plus concrètement, ça donne quoi ?

Un mec qui bosse seul ses compositions, qui joue de la guitare, qui programme sa boîte à rythme, et qui chante, ou du moins essaie de vocaliser Black, quoique ses lignes de chant évoquent plus un univers Hardcore. Mais le tout est loin d’être désagréable et reste terriblement personnel et attachant.

C’est assez difficile à situer, parce que c’est quand même salement instable et un peu omnidirectionnel, sans qu’on sache si l’homme sait vraiment où il va où s’il se laisse porter par son inspiration du moment. Alors ça déborde d’arrangements, de breaks parfois (souvent) incongrus, d’intermèdes mélodiques qui tombent un peu comme une croix renversée sur le lit de Regan, mais c’est justement ce qui fait le charme d’un album hors-norme comme Lust for War, qui mène justement une guerre farouche contre la normalité et la linéarité, en se montrant parfois maladroit, mais toujours sincère.

Les influences ? Celles lâchées sur l’un de ses sites mentionnent ROTTING CHRIST, LORD BELIAL, OLD MAN’S CHILD, GRAVEWORM ou GOATWHORE, et OATH OF SIN se situe un peu en convergence de toutes ces références, sans pour autant se montrer un peu trop gourmand au niveau des emprunts.

Mais au bout du compte, et après avoir écouté ce Lust for War trois ou quatre fois in extenso, je suis toujours incapable de savoir vraiment à quoi j’ai eu affaire.

Mais c’est assez plaisant d’être perdu dans un labyrinthe d’idées de temps à autres, même si l’on n’est pas sûr de pouvoir trouver la sortie et d’être capable d’en expliquer le cheminement à autrui.

Ce qui est certain, c’est que Chris croit en ce qu’il fait, et qu’il est tout aussi capable de suggérer quelques pistes CRADLE, NOTRE DAME et autres excentrés de la violence, tout en gardant en point de mire ses propres buts, assez nébuleux, autrement que par une recherche constante de la violence musicale au travers de ses vecteurs d’expression les moins francs.

Et à l’écoute d’un morceau gigogne comme « Cunt Pillage », on réalise vite que la simplicité et l’efficacité ne sont pas ses préoccupations principales.

Mélangeant la fusion Black/Dark Metal et les dérives techniques incongrues, Chris tricote des symphonies de poche aussi progressives que déconstruites, et souffle le chaud et le froid en permanence, nous laissant nous noyer sans nous offrir la bouée d’un thème principal à laquelle nous raccrocher.

C’est assez troublant, mais pas forcément dérangeant, même si parfois l’imbrication ressemble à une tour de Jenga à deux doigts de l’effondrement fatal.

IL ne se prive pas pour accumuler les plans, au risque de nous faire crever d’une overdose d’informations, lorsqu’il glisse sur un long toboggan de six minutes remplies jusqu’à ras bords de thèmes qui ne s’assemblent pas forcément logiquement, mais qui nous réservent de bonnes séances d’écrasement de tympans (« Your Second Death », longue litanie qui pousse la complication à son paroxysme).

Mais il peut aussi se montrer plus concis en format réduit, même si la boite à rythme nous affole de son écho synthétique insupportable (« Im Tode », pas forcément plus simple à appréhender, mais plus court et porteur de riffs plus francs, tout du moins sur quelques secondes.)

Incantations sataniques à la Anton LaVey (« Te Invoco O Satana » un peu DEATH SS aussi), dextérité Techno Death dans un contexte purement Black théâtral (« Lust for War », aplatissant, et doublé d’une schizophrénie vocale assez terrifiante), découlement opératique dramatique qui ne ménage ni les effets, ni les émanations vocales ombrageuses (« Depression Then Rage » et son solo plus NWOBHM que nature, mélodique et occulte à la fois), en gros, un peu de tout, un poil de n’importe quoi, mais une naïveté touchante dans l’agencement des impressions qui cafouille de temps à autres, mais se montre quand même intéressant dans sa volonté de ne se refuser aucune possibilité.

Certes, tout ça ressemble parfois un à puzzle pas forcément bien assemblé, et reste un produit amateur, enregistré avec un cœur débordant de haine, mais aussi de générosité instrumentale.

En tant que chanteur, Christ est plutôt convaincant, et s’investit personnellement. Il est un guitariste capable, à la technique en lead affirmée et aux capacités rythmiques appuyées, mais en tant que créateur/compositeur, il lui faudra encore faire preuve de plus d’auto discipline pour faire le tri dans ses ébauches, histoire d’en purger les scories les plus encombrantes.

 

Mais dans la masse grouillante des sorties standardisées et aseptisées, son Lust for War est une petite oasis de fraîcheur guerrière, qui se veut jeu de rôles à l’univers très particulier. On peut ne pas adhérer à son propos, mais on se doit de respecter sa liberté de ton.

Du Black, oui, mais pas seulement, et une version très animée et brusque de la chose. Une surprise pour le moins, et une suite qu’on peut attendre plus recentrée, pour plus d’efficacité.

Mais je lui laisse sa chance, et j’attends de voir si les années vont lui apporter la sagesse suffisante pour se montrer plus exigeant envers lui-même.

Mais en tant que trublion de l’extrême, il joue déjà très bien son rôle.


Titres de l'album:

  1. Psycopathia Sexualis
  2. Lust for War
  3. Hellish Moor
  4. Cunt Pillage
  5. Your Second Death
  6. Te Invoco O Satana
  7. Im Tode
  8. Depression Then Rage
  9. Funereal Love
  10. The Siege of Budapest (Bonus Track)

Facebook officiel

Reverbnation page (Sound & Videos)


par mortne2001 le 03/04/2017 à 15:08
65 %    958

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past

SÉLECTION METALNEWS 2023 / Bonne année 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2024

Interview
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Gargan

Très cool de découvrir ce groupe ! La présentation est plus fluide mais il faudrait laisser la place à un extrait à mon avis et ça permettrait de mieux rythmer la vidéo.

19/03/2024, 08:17

Arioch91

Perplexe également.Dehydrated et Out of the Body (Out, pas Ovt sans déconner ! C'est quoi leur manie de remplacer les U par des V ?) sans Martin Van Drunen, j'ai même pas assez de curiosité pour écouter ce que ça peut donner.

19/03/2024, 07:52

Arioch91

J'avais aimé le premier Vltimas. Il fait partie de cette tonne d'albums que l'on oublie mais qu'on ressort de temps à autre pour se les repasser et se dire "ah ouais, c'est pas mal" avant de les remettre en place.J'ai écout&eacut(...)

19/03/2024, 07:43

Arioch91

Ils n'ont pas encore viré la "nouvelle chanteuse" ?

19/03/2024, 07:39

DPD

Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.

18/03/2024, 17:37

stench

J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)

18/03/2024, 13:13

Gargan

Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)

18/03/2024, 08:05

pierre-2

Pourquoi tout ce venin ???Y font ce qu'ils veulent non ?

17/03/2024, 14:26

Fran

J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse  leurs tubes.

17/03/2024, 14:07

Nounours dit grizzly le magnifique

J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)

16/03/2024, 11:55

Sphincter Desecrator

UHL: un groupe qui, quand il n'est pas là, manque.Désolé...

14/03/2024, 19:31

Humungus

Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.

13/03/2024, 07:24

Désanusseur de mère

groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR

13/03/2024, 06:17

jo666

ça a l'air bien ce truc, en plus ils passent en mai à Grrrrnd Zero (69)

12/03/2024, 14:33

Cupcake Vanille

Vraiment une bien triste nouvelle...  RIP Blake 

12/03/2024, 08:25

MV

Sympa la fowce <3 

11/03/2024, 18:24

LeMoustre

Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable 

11/03/2024, 15:32

LeMoustre

Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire

11/03/2024, 14:55

senior canardo

toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout  ...

11/03/2024, 07:39

LeMoustre

Miam

08/03/2024, 14:22