Chapter One

The Noface

29/09/2017

Vanille Records

Quatre mecs cagoulés genre hold-up des caves de GHOST lors d’une nuit de la purge, une chanteuse aux longs cheveux qui elle s’affiche sans fard ni timidité, la bande est hétérogène, et le look attire l’œil. Et dans une époque régie par les dures lois du packaging et de l’image, on peut dire que celle-ci frappe les esprits, avant même qu’il ne s’affaire à déchiffrer l’énigme musicale. Cette dernière est d’ailleurs beaucoup plus facile à résoudre qu’il n’y parait, avec un minimum d’informations, et le hasard qui vous a peut-être fait croiser leur route cet été. Car derrière le sobriquet des THENOFACE, se cachent des visages et des instruments bien connus de la scène alternative française…Si le nom de SKIP THE USE vous dit quelque chose, vous savez déjà que Mat, leur ancien vocaliste, s‘est fait la malle pour partir en solo. Et si le destin du reste de la team vous intéresse toujours, sachez qu’au lieu de jeter l’éponge hors du ring, ils ont choisi d’y rester, en enrôlant comme figure de proue la talentueuse et flamboyante Oma Jali, déjà largement aperçue lors de la saison 5 du télé-crochet The Voice.

Soit, un backing-band qui a largement fait ses preuves sur scène comme sur disque, plus une chanteuse qui n’a pas les cordes vocales dans la poche de sa veste, égal un nouveau groupe qui n’a rien perdu de sa cohésion, et qui associe l’expérience des vieux briscards et la fraîcheur des jeunes loups. Le meilleur des deux mondes ? Des deux je ne sais pas, mais en quelque sorte, puisque les anciens fans du groupe précité et ceux qui ne les connaissaient pas risquent de s’unir autour d’un premier album à l’envie décuplée de ceux qui sentent qu’ils n’ont plus rien à prouver, mais qui le font quand même.

Et Chapter One prouve beaucoup de choses. D’une, que l’association entre les anciens et la nouvelle fonctionne du tonnerre, comme si l’alchimie avait été instantanée ou au contraire, résultait d’une expérience de plusieurs années. Les instruments sonnent toujours aussi percutants, malicieux, affamés, nerveux, tandis que les interventions au micro d’Oma sont justes, nuancées, adaptées, enragés, et en tout cas parfaitement en adéquation avec un Rock nerveux, moderne, sans être « Néo » quoique ce soit. Là est la gageure réussie par les anciens SKIP THE USE, qui ne renient en rien leur histoire, tout en regardant de l’avant, en bénéficiant par ailleurs d’une production remarquable, qui rend leur premier album hautement compétitif, et largement à la hauteur de leurs forfaits passés. Sans renoncer à leur approche simple d’un Rock alternatif délicieusement radiophonique, ils se permettent des incursions en terre Pop, sans paraître opportunistes, déplacés, ou simplement trop vieux pour oser singer les meilleurs tics de TEXAS par exemple (« Never Ever », un énorme hit single qui mériterait vraiment de tout casser, si les programmateurs n’avaient pas les oreilles bouchées), ou de pondre un tube parfait, pile calibré FM sur la durée, et pourtant, truffé de petites idées novatrices et chaloupées (« Fire », SKUNK ANANSIE se frotte à Fefe Dobson et aux SHAKA PONK, et en ressort grandi). Mais énumérer toutes les réussites de cet album reviendrait à commenter tous ses morceaux, qui varient, modulent, mais restent pertinents, et surtout, incroyablement entêtants. Il est incroyable de remarquer à quel point ces instrumentistes ont négocié leur virage, et remercions les d’avoir accordé leur confiance à cette chanteuse incroyable qu’est lady Jali, qui se montre à l’aise dans tous les registres, et qui ajoute même quelques gimmicks bien sentis à ses incarnations. Alors, la perfection ?

Elle n’existe pas, mais dans le style, qui n’en est d’ailleurs pas un, nous n’en sommes pas loin.

Certes, j’en conviens, les plus pointilleux couperont justement en quatre leurs cheveux pour remarquer que l’ensemble reste plus classique qu’aventureux. Loin de moi l’idée de les froisser, mais j’avoue me moquer de leur avis comme de celui de ma première chemise. Car au-delà du formalisme mélodique d’une composition comme « Orion », et ses chœurs bien placés sur fond de Pop-Rock léchée, c’est justement la capacité à transcender des structures éprouvées qui se dégage de ce Chapter One, qu’on sent comme prologue d’une très longue histoire à venir. A confronter l’élasticité de la Soul et du Funk soft dans un écart Rock pour en retirer un jeté de dancefloor équilibré (« Change, Change, Change », justement ne changez rien), ou à se sevrer de délicatesse harmonique pour oser des synthétismes rebondissant sur un Electro-Rock que même nos parents pourraient danser sans regrets (« Mascarade »), les THENOFACE n’ont peut-être pas de visage, mais ils ont une identité, déjà bien affirmée, qui leur permet de se frotter à un anonymat artistique qui pourtant cache bien des secrets rythmiques (« Let me Love You », ou comment faire valser les LITTLE MIX avec l’esprit frappeur des ORGY).

En gros, en détail comme en survol de salon/champ de bataille, sans chercher la petite bête bien cachée dans une discographie Punk-Pop-Rock énumérée sans bafouiller (« Transe », c’est bien l’état qu’il convient de nommer, pour une party irrésistible qui laisse les invités les chevilles foulées), ce LP marque de son sceau l’univers du Rock à tendance tout-ce-que-vous-voulez, sans qu’on éprouve le besoin de préciser que nos hôtes sont français.

On le sait, nous avons tous tendance au chauvinisme pas toujours bien placé, mais j’affirme sans balbutier mes compliments que mon jugement ne tient aucunement compte d’une quelconque affinité, ni d’une nationalité qui n’a que peu d’importance. Le quintette est explosif, et manie à merveille le riff plombé qui met l’ambiance (« Mermaid Chant », ou comment Oma charme les marins Hard-Rock que nous sommes de volutes vocales Soul, pour mieux les laisser s’échouer sur des récifs instrumentaux pointus à la LED ZEP), tout comme les textes dans une langue natale qui selon les spécialistes, s’accorde mal d’une agressivité même tempérée (« A Me Rendre Folle »).

Pourtant, en tentant les treize morceaux et le carton plein dès le premier tir, la marge de manœuvre était réduite, et l’exposition maximale. Mais loin de les montrer sous un jour roboratif, cette accumulation les présente au contraire comme de malins créatifs, qui placent même une fausse ballade sur celle qui nous mène vers l’éternel (« Time », le temps d’y penser, et on ne peut déjà plus l’oublier), et qui se moqueront aussi de toutes les rumeurs qui pourront émerger de cette réussite culotée (« The Rumor », pas vraiment FLEETWOOD MAC, mais plutôt réponse Groove Metal du tac au tac).

Et pour ceux qui resteraient encore sur leur faim, le quintette nous offre une fin qui justifie ses moyens, gentiment Punk, mais bondissante comme un lapin (« I’m Talking To You », et du coup, j’écoute).

Attendons donc les bla-bla. Trop « commercial », « buzz », et tout le toutim, des masques de carnaval pour un groupe monté de toutes pièces pour Halloween, qui surfe sur la vague pour nous vendre des planches de salut. Les THENOFACE s’en foutent comme de la soixantième répète de SKIP THE USE, qui n’est plus, mais qui continue de respirer quelque part au travers de leurs vues. Chapter One reste une entrée en matière décomplexée, qui déclenchera autant de poker faces que de sourires enjoués. Je préfère de moi-même me situer dans la seconde catégorie.


Titres de l'album:

  1. Fire
  2. I Am Over You
  3. Never Ever
  4. Orion
  5. Change, Change, Change
  6. Mascarade
  7. Let me Love You
  8. Transe
  9. Mermaid Chant
  10. A Me Rendre Folle
  11. Time
  12. The Rumor
  13. I'm Talking To You

Site officiel


par mortne2001 le 15/10/2017 à 14:38
88 %    1036

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Chemikill

Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....

27/04/2024, 14:11

roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54