Metal City

Raven

18/09/2020

Steamhammer Spv

Je vais commencer cette chronique de la façon la plus subjective qui soit : on ne PEUT PAS ne PAS aimer RAVEN. Et pour une simple et bonne raison, ces mecs ont inventé un style unique qui leur est propre, et duquel ils n’ont jamais dévié depuis leur émergence en 1974. Alors ne venez pas m’emmerder avec des arguments tels que « ils ont toujours fait la même chose », « ils n’ont jamais été constants », ou, « ils n’ont jamais sorti d’albums de la trempe d’Ace of Spades, Road to Ruin ou Back in Black. ». S’il est certain que ce qui se rapproche le plus d’un classique chez les anglais reste et restera toujours All For One ou le Live at the Inferno, ils n’ont déçu qu’en des rares occasions durant leur période Atlantic, major qui les obligea plus ou moins à chercher le hit, du moins le Hard Rock plus facile. Mais je vous interdis de bannir les RAVEN des livres d’histoire, puisque leur Athletic Rock reste l’une des formes de Hard Rock les plus personnelles de l’univers Metal. Dans un souci d’honnêteté, j’avoue quand même n’avoir tendu qu’une oreille distraite sur leurs albums post Architect of Fear, les années 90 passant par là et m’emmenant sur d’autres chemins, mais depuis ExtremiNation il y a cinq ans, mon attention est revenue, et je me suis penché de nouveau sur leur cas, disséquant leur discographie pour y retrouver les pépites que furent des disques comme Stay Hard, Nothing Exceeds like Excess, ou The Pack is Back. Mais le passé, les frangins Gallagher n’ont cure, eux qui se sont toujours concentré sur l’avenir, et la musique qu’ils n’avaient pas encore écrite. Et aujourd’hui, John et Mark sont plus d’actualité que jamais, et reviennent avec le disque le plus explosif de cette rentrée 2020, sans n’avoir rien changé à leur approche.

Après avoir quitté la route qu’ils arpentaient aux côtés du frappeur fou Joe Hasselvander il y a trois ans, les anglais ont décidé de resserrer les rangs, et de faire appel au terrifiant technicien des fûts Mike Heller, qui a longuement exercé ses baguettes et son style dans FEAR FACTORY. Grand bien leur en a pris, puisque ce cogneur donne à Metal City l’impulsion sauvage dont il avait besoin pour que RAVEN renoue avec ses heures de gloire. Et s’il est toujours surprenant d’entendre des blasts en écoutant un album du trio, cet ajout de puissance phénoménal confère à ce nouvel LP l’aura cartoonesque dont il avait besoin pour être en adéquation avec sa superbe pochette. D’ailleurs, les frangins Gallagher ont toujours eu ce côté cartoon, ne serait-ce que pour leurs prestations explosives live lorsque Rob « Wacko » Hunter faisait encore le singe avec sa tenue de joueur de hockey traitant son matos comme une arme de destruction massive. Mais les prendre pour des personnages de dessin animé un peu marrants et accentuant les excès pour cacher le manque de créativité serait une erreur grossière et injuste, car les anglais ont toujours représenté une facette plus décomplexée et moins sérieuse de la NWOBHM dont ils ont fait partie en leur temps. Sauf qu’aujourd’hui, alors que leurs anciens frères d’armes piétinent méchamment dans la semoule, les RAVEN avancent encore à vitesse supersonique pour nous offrir des albums exubérants, des chansons incroyables, et une attitude hors du commun. Mais les mecs sont des pros, ne l’oublions pas, et sous cette couche d’humour qui fait partie de leur ADN se cachent des musiciens hors pair, des créateurs géniaux, et des esthètes très pointus.

Et c’est pour cette raison qu’ils ont fait produire leur album par la référence Michael Wagner dans son studio de Nashville. On constate que Dieu le père Michael n’a pas perdu la main pour élaborer un son énorme mais clair, qui met tout le monde en valeur, et dans le cas de RAVEN, on parle de trois personnalités fortes, aux talents équivalents, qui méritent tous l’avant-scène. Avec un mixage et un mastering peaufiné par Zeuss (ROB ZOMBIE, HATEBREED, DEMON HUNTER, QUEENSRŸCHE), Metal City dispose du meilleur son du marché, mais aussi des meilleures compositions. Tout le monde s’en est donné à cœur joie, la basse de John sonne plus menaçante que jamais, alors que la guitare de Mark explose d’euphorie, rappelant même les folies les plus stellaires de Jeff Mark sur le séminal Reign of Terror des WILD DOGS. De son côté, Mike Heller fait ce qu’il sait faire de mieux, en coller partout et dans tous les sens, accélérer le tempo de façon exemplaire lorsque la folie monte d’un cran, pour mieux soutenir les tempi plus stables lors de l’exécution des hymnes les plus terribles (« Metal City »). Alors quand résonne « The Power », allusion à peine voilée à leur passé, mais aussi à celui de TANK et de MOTORHEAD, on se replonge dans ces années d’acide jeté en pleine face, et on constate que la voix magique de John n’a rien perdu de sa précision ni de sa démence dans les aigus les plus techniques. L’énergie est décuplée, ridiculise en trois minutes tous les groupes old-school de la création, et retrouve cette envie, cette hargne qui avait fait du groupe l’un des chouchous des années 80. Comme s’il était convaincu d’être le véritable sauveur du Heavy Metal, RAVEN fonce dans le tas, et traite sa musique comme son concept : des superpouvoirs, le désir de sauver le Heavy Metal de son marasme nostalgique statique, et finalement, sans avoir besoin de costume, le trio parvient à ses fins et nous sauve de l’ennui causé par le formalisme de la production actuelle.

« Top of the Mountain » enfonce le clou avec encore un peu plus de technique, des citations dans le texte, et le groupe n’oublie pas de rendre hommage à ses héros, en lâchant un atomique et burné « Motorheadin’ », poussant le principe de « Overkill » dans ses derniers retranchements. Décidément décidés à tout exploser sur leur passage, les frangins ne se permettent que très peu d’accalmies, comme pour conférer à leur nouvelle œuvre des allures de tornade qui dévaste tout sur son passage. Alors, le tempo global est plutôt rapide, très même, les mid-tempi féroces et pugnaces (« Cybertron »), les chœurs dignes d’une BD héroïque, les soli complètement explosés, et l’osmose entre les trois musiciens tient finalement plus de la magie qu’autre chose. Rarement John n’aura livré performance aussi hallucinée, rarement les riffs de Mark auront autant fricoté avec le Thrash, quant à la batterie du petit nouveau Mike, elle insuffle à l’ensemble la régularité et la puissance qu’il imposait au sein de FEAR FACTORY. Bilan, une boucherie sans nom, des hymnes à la pelle (« Break » est d’une intensité à la STRAPPING YOUNG LAD de City, ça vous pose des bases), et on termine l’écoute de ce Metal City complètement lessivé, mais le sourire aux lèvres, et heureux d’avoir fait une nouvelle ballade décoiffante dans la cité du Metal avec de tels guides.

Le meilleur de RAVEN en même pas quarante minutes, et un retour après cinq ans de silence qui vaut toutes les excuses du monde.       

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

1. The Power

2. Top of the Mountain

3. Human Race

4. Metal City

5. Battlescarred

6. Cybertron

7. Motorheadin’

8. Not So Easy

9. Break

10. When Worlds Collide


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par mortne2001 le 22/09/2020 à 17:38
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Commentaires (3) | Ajouter un commentaire


NecroKosmos
membre enregistré
23/09/2020, 21:29:48

Un de mes groupes fétiches dont je n'ai jamais décroché depuis les années 80. Cet album s'annonce effectivement comme une pure tuerie !! J'adore RAVEN dont la carrière est irréprochable. 


Humungus
membre enregistré
24/09/2020, 04:20:41

Je rejoins forcément mortne2001 et NecroKosmos sur le groupe...

Hâte d'entendre tout l'album.

Le premier clip est malheureusement tout pourri et donc nuit plus qu'autre chose au titre...

Personne pour causer de l'hommage à THIN LIZZY (cf. pochette) ???


Humungus
membre enregistré
06/10/2020, 19:45:51

Bon...

Bah très déçu par l'album.

Tant pis pour moi... En espérant qu'ils fassent mieux la prochaine fois.

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