En ce matin du vingt-six novembre 2023, les premières gelées ont refroidi le sol et figé les végétaux, et le spectacle, divin sous le soleil naissant, est aussi beau qu’un filet de lait s’échappant de la bouche d’un enfant de huit ans (selon « La Poésie du Bambin Souillé » de Jack Lang, éditions Je Te Fourniret). Emerveillé par ce spectacle d’une blancheur immaculée, je me suis laissé aller à la contemplation, avant de reprendre mon clavier pour y coucher mes émotions. Persuadé d’avoir fait le bon choix pour cette causerie au coin du feu, les formules abondaient à mon cerveau, et laissaient présager d’un laïus léger comme une feuille d’automne, et sensible comme une gencive en décembre.
Sauf que, pas de bol.
Le disque choisi pour cette chronique n’incite pas du tout à la contemplation, encore moins à la badinerie mutine de matinée douce et illuminée. Ceci étant dit, rien que l’observation du logo aurait permis de noyer les derniers doutes subsistant, IDIOPATHIC ayant choisi un lettrage digne du pire groupe de Raw Black.
IDIOPATHIC, énigmatique projet californien, distille les informations comme un ministre les bonnes décisions. Nous n’apprendrons donc rien à propos de ce projet, qui pourrait tout aussi bien n’être qu’un one-man-band, ou à l’inverse un sextet en rangs serrés. Tout au plus, prenons note d’une démo publiée il y a deux ans, et qui donnait déjà un aperçu des sévices à venir.
Ces sévices prennent aujourd’hui la forme d’une poignée de morceaux très étudiés, et totalement en phase avec l’optique caverneuse américaine des labels les plus underground. Microcosms, comme son nom l’indique, se fascine des sciences naturelles, de la science-fiction, et s’éloigne des obsessions macabres et Gore de la majorité des orchestres du cru.
Ceci étant dit, si les thématiques sont plus classiques et respectables, la musique n’en est pas moins sombre, glauque, technique, caverneuse et cryptique. A la manière d’un CANNIBAL CORPSE s’appropriant une partie du catalogue Sentient Ruin, IDIOPATHIC pioche dans les entrailles de la terre son inspiration mortifère, et nous livre un exercice de style fameux et savoureux, quelque part entre le Death souterrain qui suinte et le Death de terrain pendant des manœuvres.
Pas de line-up, pas de lyrics à lire avec attention, juste ce disque, lâché du haut de nulle part pour atterrir cent étages plus bas, sur la tronche d’un évolutionniste avide d’avancées majeures dans le style. Car ici, le genre est traité avec respect et sérieux. Pas question de se brader sur l’autel du consumérisme contemporain, et inutile d’attendre autre chose que des sons gravissimes, sur fond de rythmique intraitable.
Mais ce purisme a du bon. Les titres sont loin d’être de simples gerbes maculant la porcelaine d’un bidet qui n’avait rien demandé, et développent des plans extrêmement bien assemblés, le tout se voulant même subtilement progressif sur les morceaux les plus développés.
« Putrescine » et « Biotic Crust » en sont des exemples probants, et l’instrumentation se permet même l’ajout de quelques segments mélodiques regroupés sous la bannière « Interlude », qui permettent d’aérer un peu le propos, sans en édulcorer le fond.
Bien évidemment, l’axe principal de composition reste cette violence crue et barbare, qui nous ramène aux plus grandes heures du Death brutal mais froid des années 90. Loin des exactions suédoises les plus rigides, Microcosms regarde les racines au microscope, et offre le spectacle de cellules mutant à vitesse grand V, entre pourriture accélérée et renaissance programmée. Une guitare bavarde et inspirée, des cassures nettes et impromptues, un chant qui rappelle les meilleurs conseils de DEMILICH, pour un résultat tout bonnement saisissant, quelque part entre le primitivisme et le darwinisme social. Paradoxe oblige.
« From Origins Unknown », moche comme un champignon sur un vieux steak, et « Abyssolithic Descent », traumatique comme une descente aux enfers via un virus inoculé par erreur nous laissent donc prisonniers d’un univers en vase clos, entre blouse de chercheur et tablier de boucher.
IDIOPATHIC est de ces maladies qu’on contracte sans le savoir, et qui vous bouffe l’organisme en mode festin cannibale. Une souffrance réelle pour les tympans, et le ventre qui tremble de ces assauts soniques sombres et faisandés. Pas exactement la bande-son idéale à une matinée de rêverie romantique sous le blanc du gel, mais après tout, le gel finit toujours par fondre, et la surface de la terre émerge de nouveau de toute sa laideur.
Et là, l’osmose est garantie.
Titres de l’album:
01. Of Roots
02. I Feed
03. Putrescine
04. Saturated Decay
05. Exudation
06. Biotic Crust
07. Depleted Matrices
08. From Origins Unknown
09. Abyssolithic Descent
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J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05