Microcosms

Idiopathic

31/10/2023

Autoproduction

En ce matin du vingt-six novembre 2023, les premières gelées ont refroidi le sol et figé les végétaux, et le spectacle, divin sous le soleil naissant, est aussi beau qu’un filet de lait s’échappant de la bouche d’un enfant de huit ans (selon « La Poésie du Bambin Souillé » de Jack Lang, éditions Je Te Fourniret). Emerveillé par ce spectacle d’une blancheur immaculée, je me suis laissé aller à la contemplation, avant de reprendre mon clavier pour y coucher mes émotions. Persuadé d’avoir fait le bon choix pour cette causerie au coin du feu, les formules abondaient à mon cerveau, et laissaient présager d’un laïus léger comme une feuille d’automne, et sensible comme une gencive en décembre.

Sauf que, pas de bol.

Le disque choisi pour cette chronique n’incite pas du tout à la contemplation, encore moins à la badinerie mutine de matinée douce et illuminée. Ceci étant dit, rien que l’observation du logo aurait permis de noyer les derniers doutes subsistant, IDIOPATHIC ayant choisi un lettrage digne du pire groupe de Raw Black.

IDIOPATHIC, énigmatique projet californien, distille les informations comme un ministre les bonnes décisions. Nous n’apprendrons donc rien à propos de ce projet, qui pourrait tout aussi bien n’être qu’un one-man-band, ou à l’inverse un sextet en rangs serrés. Tout au plus, prenons note d’une démo publiée il y a deux ans, et qui donnait déjà un aperçu des sévices à venir.

Ces sévices prennent aujourd’hui la forme d’une poignée de morceaux très étudiés, et totalement en phase avec l’optique caverneuse américaine des labels les plus underground. Microcosms, comme son nom l’indique, se fascine des sciences naturelles, de la science-fiction, et s’éloigne des obsessions macabres et Gore de la majorité des orchestres du cru.

Ceci étant dit, si les thématiques sont plus classiques et respectables, la musique n’en est pas moins sombre, glauque, technique, caverneuse et cryptique. A la manière d’un CANNIBAL CORPSE s’appropriant une partie du catalogue Sentient Ruin, IDIOPATHIC pioche dans les entrailles de la terre son inspiration mortifère, et nous livre un exercice de style fameux et savoureux, quelque part entre le Death souterrain qui suinte et le Death de terrain pendant des manœuvres.

Pas de line-up, pas de lyrics à lire avec attention, juste ce disque, lâché du haut de nulle part pour atterrir cent étages plus bas, sur la tronche d’un évolutionniste avide d’avancées majeures dans le style. Car ici, le genre est traité avec respect et sérieux. Pas question de se brader sur l’autel du consumérisme contemporain, et inutile d’attendre autre chose que des sons gravissimes, sur fond de rythmique intraitable.

Mais ce purisme a du bon. Les titres sont loin d’être de simples gerbes maculant la porcelaine d’un bidet qui n’avait rien demandé, et développent des plans extrêmement bien assemblés, le tout se voulant même subtilement progressif sur les morceaux les plus développés.         

                  

« Putrescine » et « Biotic Crust » en sont des exemples probants, et l’instrumentation se permet même l’ajout de quelques segments mélodiques regroupés sous la bannière « Interlude », qui permettent d’aérer un peu le propos, sans en édulcorer le fond.

Bien évidemment, l’axe principal de composition reste cette violence crue et barbare, qui nous ramène aux plus grandes heures du Death brutal mais froid des années 90. Loin des exactions suédoises les plus rigides, Microcosms regarde les racines au microscope, et offre le spectacle de cellules mutant à vitesse grand V, entre pourriture accélérée et renaissance programmée. Une guitare bavarde et inspirée, des cassures nettes et impromptues, un chant qui rappelle les meilleurs conseils de DEMILICH, pour un résultat tout bonnement saisissant, quelque part entre le primitivisme et le darwinisme social. Paradoxe oblige.

« From Origins Unknown », moche comme un champignon sur un vieux steak, et « Abyssolithic Descent », traumatique comme une descente aux enfers via un virus inoculé par erreur nous laissent donc prisonniers d’un univers en vase clos, entre blouse de chercheur et tablier de boucher.

IDIOPATHIC est de ces maladies qu’on contracte sans le savoir, et qui vous bouffe l’organisme en mode festin cannibale. Une souffrance réelle pour les tympans, et le ventre qui tremble de ces assauts soniques sombres et faisandés. Pas exactement la bande-son idéale à une matinée de rêverie romantique sous le blanc du gel, mais après tout, le gel finit toujours par fondre, et la surface de la terre émerge de nouveau de toute sa laideur.

Et là, l’osmose est garantie. 

        


Titres de l’album:

01. Of Roots

02. I Feed

03. Putrescine

04. Saturated Decay

05. Exudation

06. Biotic Crust

07. Depleted Matrices

08. From Origins Unknown

09. Abyssolithic Descent


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 14/01/2024 à 17:51
75 %    481
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36

LeMoustre

Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

01/07/2025, 15:38

senior canardo

ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

01/07/2025, 14:19

Buck Dancer

Prost. Celtic Prost.

01/07/2025, 03:16

Gargan

Quand tes parents écoutaient Bal Sagoth et Demilich   

30/06/2025, 20:17

Nique ton cul

Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!

30/06/2025, 19:47

LeMoustre

Toujours aussi bon.Pas de label ?

30/06/2025, 14:35

Ivan Grozny

Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.

30/06/2025, 11:36