Trevor William Church est-il le nouveau messie ? Le nouveau Steven Wilson de la nostalgie, le successeur de Devin Tonwsend dans l’underground ? Personne n’a la réponse à cette question, pas plus les fans de Zappa que les followers de Buckethead, mais admettons-le : l’homme est prolifique et inspiré. Depuis 2015, que ce soit sous la bannière initiale de BEASTMAKER, ou les armoiries de HAUNT, l’homme a mis un paquet de musique sur la table des négociations, et pire que ça, de la bonne. On connaît la propension des boulimiques de la création à proposer sur un plateau tout ce qu’ils cuisinent, sans distinction entre le bon grain et l’ivraie. Mais l’avantage avec Church, c’est qu’on sait qu’on peut avaler goulument des oreilles tout ce que se voient offrir nos tympans. Le musicien est chaleureux, passionné, et surtout, de bon goût, que ce soit en termes de Doom que d’obsessions Hard-Rock estampillées vintage. Le revoici donc en 2020 avec un troisième LP de HAUNT sous les bras, un an après If Icarus Could Fly et deux après l’entame Burst Into Flame. Je vous ai déjà abondamment entretenu de son cas, en bon fan converti, mais je reviens encore vous persuader de l’impossible. Malgré sa prolixité, Trevor n’avait pas dit tout ce qu’il avait à dire, et son troisième album est certainement son meilleur, et pour plusieurs raisons. Sa diversité évidemment, une qualité constatée dès le début de son parcours, mais aussi, une cohésion. Profitant enfin d’un line-up plus stable qu’à l’ordinaire, le leader impose sa vision dans l’harmonie et nous fait voyager dans les arcanes du temps, revisitant à sa sauce les débuts de la NWOBHM, sans oublier pour autant d’où elle vient. Les allusions au Hard-Rock des années 70 sont donc nombreuses, et le verdict est sans appel : Mind Freeze ne gèle pas l’âme et réchauffe le cœur.
Plus que ça, il nous oblige à comprendre que nul n’est tenu d’avoir connu une époque pour en comprendre le fonctionnement et en appliquer les principes. Après plusieurs écoutes, ce troisième chapitre de la saga sonne tellement parfait qu’il pourrait être le meilleur album d’Ozzy jamais enregistré par un autre. Impossible de ne pas penser au prince des ténèbres en écoutant le malicieux et mélodique « Mind Freeze », qui rappelle méchamment sa période Blizzard Of Ozz. Même timbre de voix un peu passé, mêmes harmonies un peu fanées, même façon de rendre le Heavy plus abordable pour lui faire négocier un virage commercial sans le trahir. Mais HAUNT aime à multiplier les allusions et références, et surtout, varier les ambiances. Il y en a pour tous les goûts sur ce disque, pourvu que l’auditeur soit ouvert au passé et à ses souvenirs. Entre RIOT pour les passages les plus rapides, IRON MAIDEN et THIN LIZZY pour la passion des tierces et des harmonies insérées au chausse-pied dans la virilité, ANGEL WITCH pour la patine roots du son, mais aussi quelques BO synth-rétro pour l’utilisation ludique de ces claviers horrifiques, HAUNT fait preuve de bon goût, et négocie ses choix avec flair. Beaucoup d’esthétique donc, de l’exigence, et pour la forme, d’excellents riffs qui pour une fois, ne semblent pas décalqués sur des classiques existant. Espérons donc que ce line-up stable depuis l’année dernière (Trevor William Church - guitare/chant, Daniel "Wolfy" Wilson - batterie, Taylor Hollman - basse et John Tucker - guitare) soit le bon, et que Trevor puisse continuer de composer des morceaux de cet acabit. Car tout y passe, et sans avoir recours à des gimmicks faciles. L’homme jette même un regard amusé sur l’ANWOOEHM (American New Wave of old European Heavy Metal) en combinant les synthés aux cavalcades déchaînées (« Saviors Of Man »), se satisfaisant très bien de quelques arrangements pour suggérer la nostalgie. Nous sommes encore donc loin de l’appropriation sauvage et de la vulgarisation pour les noobs, puisque le compositeur connaît le répertoire et tous les trucs pour le faire revivre. Oui, mais avec franchise et décence.
Dans les faits, l’album se partage plus ou moins en deux sections. La première, la plus fougueuse, qui retrouve l’impulsion du RIOT le plus vif pour nous faire headbanguer sur des rythmiques poussées. On en trouve trace très régulièrement, et c’est aussi efficace qu’un TANK lancé à vive allure sur des routes enneigées, comme en témoigne le survolté « Fight Or Flight » que les RAVEN auraient aussi pu interpréter avec pugnacité. « Hearts On Fire » ne fait pas grand cas non plus de son amour pour la vitesse et nous lâche un beat infernal et un riff génial que Thundersteel aurait pu mettre en exergue. C’est évidemment classique, mais tellement bien fait avec ses chœurs collégiaux qu’on pardonne la facilité, d’autant qu’elle n’est pas si évidente que ça. Car avec HAUNT, on n’a pas l’impression de, on y est, back in 84/85, avec un son qui n’en démord pas et se sent à l’aise dans ses baskets rétrogrades, une interprétation premier degré pour une ambiance qui n’est pas dupe, et c’est ça entre autre qu’on aime tant chez ce groupe unique. Le reste du répertoire est plus modéré, mais pas moins intéressant pour autant. Pas de temps à perdre avec des atmosphères progressives ou autres prétentions évolutives, le but est de frapper fort et immédiatement, et le mid tempo convient parfaitement. Celui de « Light The Beacon », qui après une intro à la slasher des eighties se replonge dans la transition 70/80, avec ce beat syncopé et cette franchise de guitare, qui rappellent le PRIEST, MAIDEN, et tous les acteurs de la NWOBHM. « Mind Freeze », déjà évoqué complète plus ou moins le tableau que le final « Voyager » teinte de nuances en choisissant de ne pas choisir.
Mais décidément, ce sont les envolées les plus musclées qui conviennent le mieux au groupe, et les deux tiers de ce nouveau métrage y sont consacrés. Ce qui n’empêche nullement la finesse au détour d’un break, d’un solo bien placé, ou d’un cortège de chœurs bien agencé. Avec Mind Freeze, HAUNT gagne non seulement sa place de groupe essentiel de la vague rétro US et mondiale, mais prouve aussi que la productivité n’empêche absolument pas la créativité. A l’heure où les fans du monde entier se paluchent sur des créatures un peu plus portées sur l’image que la musique, il est des valeurs qu’il me semble essentiel de rappeler. Alors à l’année prochaine pour la suite des aventures, à moins que Trevor William Church ne revienne encore plus tôt, avec tout un tas de morceaux sous le manteau.
Titres de l’album :
01. Light The Beacon
02. Hearts On Fire
03. Mind Freeze
04. Divide And Conquer
05. Saviors Of Man
06. Fight Or Flight
07. Have No Fear
08. On The Stage
09. Voyager
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31