Nous devisions il y a peu sur l’inventivité, le culot et la créativité de la scène BM française, évoquant quelques grands défricheurs de l’extrême, mais se concentrer sur ce pan d’excellence, nous laissait occulter par la même occasion une certaine partie de l’underground national entièrement dévoué à la cause d’un Black Metal farouchement attaché à ses origines. Il existe en effet une myriade de groupes qui refusent encore toute idée d’innovation et d’évolution, et qui préfèrent consacrer leur énergie et leur carrière à faire revivre des sensations ressenties il y a quelques décennies, lorsque le style se voulait foncièrement brutal et sauvage. Nous ne dresserons bien sûr pas ici l’historique d’une branche bâtarde, qui n’aurait pas lieu d’être, mais nous profiterons de cette tribune pour extirper des ténèbres l’un des représentants les plus intéressants de la vague Old School BM française, en l’incarnation des CROC NOIR. Formé en 2016 du côté de Colmar, ce quatuor faussement simpliste mais réellement intrigant (Geist - textes/chant/instruments traditionnels, Morgue - guitare/basse/batterie/piano, Cloporte - accordéon et Maraud - batterie) a déjà publié deux EP remarqués par les webzines spécialisés (Froid en 2016 et Nuit en 2017, regroupés en une compilation la même année), ainsi qu’un split en compagnie des frères d’arme d’AU-DELA, avant de se concentrer sur l’élaboration d’un longue durée suffisamment alléchant pour leur permettre de rester dans le giron du label polonais Wolfspell Records (déjà distributeur des deux premiers EP’s et hébergeur des troupes DEADLIFE, DRUADAN FOREST, HERMOÐR, KALMANKANTAJA, LEK et tant d’autres). Ce premier LP est donc disponible depuis le 21 décembre et s’apprête à célébrer la nativité dans un froid rigoriste, respectant à la lettre les dogmes suivis par les musiciens depuis leurs débuts.
L’intérêt de CROC NOIR et de Mort ? Proposer une musique directe, souvent lourde et oppressante, aux accents gelées et à l’interprétation assez figée. Trouvant leurs racines dans les origines les plus nordiques du genre, tout en admettant des points communs avec la scène canadienne la moins transigeante, ces quatre musiciens se complaisent dans une agression mesurée, qui utilise les codes du Raw Black sans en exagérer les aspects les plus repoussants. D’une part en se laissant doter d’une production sèche mais intelligible, les éloignant du spectre d’une mauvaise démo se voulant plus crédible que la tête de corbeau dans le proverbial sachet de Dead, et d’autre part en agrémentant leurs compositions assez basiques conceptuellement d’arrangements très futés, donnant une dynamique presque Folklorique à leur musique. Pourtant point de Pagan à l’horizon, mais bien un BM très dur, âpre et rêche, se basant sur des riffs monolithiques et acides, une rythmique plurielle, et évidemment un chant très écorché, le tout emballé dans une mystique assez fascinante rendant certaines interventions plus progressives que la moyenne. Progressives, mais pas complexes. Car si les titres sont conséquents, ils n’en sont pas pour autant interminables et arqués sur une approche unique. En acceptant le traditionalisme du BM tout en s’ouvrant à des possibilités d’orchestration classique et régionaliste, les CROC NOIR nous offrent donc une sorte de chanson de geste funeste, à mi-chemin entre un GRIS et la mouvance ancienne des SACRIFICIA MORTUORUM ou SOMBRE CHEMIN. Et si les plans sont évidemment assez similaires d’un chapitre à l’autre, certains se détachent quand même du schéma de leur nostalgie patente, à l’image du pénétrant « Des Feuilles Mortes » qui laisse un accordéon léger intervenir à intervalles réguliers pour aérer cette ambiance moite et macabre à laquelle les alsaciens tiennent tant.
Difficile toutefois de comparer le groupe à des références bien précises, même si l’ombre du DARKTHRONE de légende plane bas au-dessus des nuages sombres, puisqu’en à peine deux ans, ses musiciens ont pris grand soin de développer une identité collective très personnelle. Et si le cahier des charges du BM classique est respecté à l’entrée près, avec cette alternance de passages noirs et lourds et de soudaines accélérations toutefois raisonnables, les constructions montrent un certain panache et une ambition non négligeables, spécialement en fin d’album lorsque le timing se desserre et laisse les minutes s’écouler. Ainsi, « Transi D’effroi », tout en reprenant des recettes déjà utilisées sur les segments précédents apporte une plus-value digne du meilleur BATHORY transposé dans un vocable Nord-Américain, et « Seul », en conclusion n’hésite pas à imposer la mélodie pour offrir un épilogue digne de ce nom à une œuvre finalement riche et digne d’intérêt. Certes, cet ultime instrumental apaisé et ascétique n’en représente pas le point d’orgue de sa guitare un peu trop claire, mais il permet une ouverture sur un champ de possible différent, et prouve que les CROC NOIR ne sont pas que d’imbéciles nostalgiques en mal de mal originel. Et si les titres des chansons en disent long sur les obsessions du quatuor, et si le son des guitares est parfois noyé dans le mix, et si finalement Mort ne s’adressera qu’à la partie la plus puriste des fans de BM, l’emphase dont fait parfois preuve le quatuor, et sa puissance indéniable (« Dans l'Abîme », ouverture dantesque qui développe les concepts globaux en quatre minutes) en font l’un des représentants les plus dignes de cette vague underground attachée au passé. Un passé qui finalement se répète, mais qui est nécessaire pour comprendre les extrapolations des artistes les plus avant-gardistes, qui doivent leur originalité et leur singularité à tous ces défendeurs de tradition qui leur permettent de se souvenir, et de transcender.
On se demande juste ce que CROC NOIR pourra proposer après nous avoir imposé le Froid, fait tomber la Nuit, et constaté la Mort. Espérons qu’ils explorent des Enfers qui promettent de cacher bien des secrets inavouables.
Titres de l’album :
1.Dans l'Abîme
2.Au seuil du trépas
3.Tapis dans l'ombre
4.Égérie funeste
5.Des feuilles mortes
6.Transi d'effroi
7.Seul
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31