Night Shift

Nuclear Winter

30/10/2019

Autoproduction

Je ne vais pas le cacher, si je me suis décidé à chroniquer le premier album de NUCLEAR WINTER, ça n’est pas à cause de sa pochette, classique, ni à cause de son nom, délicieusement rattaché à nos bons vieux SODOM. Et encore moins après avoir lu le style pratiqué, qui fait partie de ceux que je fuis avec application. Death mélodique, Mélodeath selon votre préférence, un genre qui tourne en rond depuis les premières exactions d’AT THE GATES, avec toutefois une petite précision concernant NUCLEAR WINTER, qui ajoute un soupçon d’Industriel à son cocktail. Pas de quoi titiller ma curiosité donc, alors jouons la franchise. Ce qui m’a décidé à m’atteler à cette chronique est bien le pays d’où vient ce projet, le Zimbabwe. En effet, un chroniqueur lambda n’a pas souvent l’occasion de s’attaquer à la scène Metal d’Afrique australe, et je serais bien peiné au moment de devoir vous citer des artistes en ayant émergé un jour. Cette curiosité est-elle malsaine, et ce désir d’exotisme est-il répréhensible éthiquement parlant ? Je ne pense pas, il répond juste à une envie de découvrir tout un pan culturel inhabituel et méconnu, et si ce groupe était constitué d’Inuits ou originaire de Micronésie, la curiosité eut été la même…Bref, nonobstant ces précisions géographiques et cet aveu explicite, attachons-nous à décrire la musique proposée par ce nouveau venu sur la scène mondiale, qui ma foi, commence sa conquête du monde de façon modeste et discrète. En parcourant le Net, peu d’informations sont disponibles sur le groupe, et pour cause, il n’en est pas un. Grâce aux moyens de production modernes, un musicien isolé peut tout à fait enregistrer un album entier par ses propres moyens, et c’est donc ce qu’a fait Gary Stautmeister de son Harare natal (capitale du Zimbabwe et anciennement Salisbury). Il nous présente donc le premier jet de sa créature NUCLEAR WINTER, Night Shift, et son tour de garde s’accompagne d’un melting-pot Metal assez complet, et bien plus riche qu’une simple copie Melodeath classique et factuelle.

En regardant les photos de Gary, on l’imagine plus volontiers évoluant dans la Pop ou les relations publiques, tant son sourire éclatant et sa blondeur virginale ne l’affilient pas vraiment de fait à la scène Metal. Avec ce physique à avoir fait partie d’un des premiers boys-band du Zimbabwe, le musicien surprend de sa véhémence, et fait montre de certaines qualités d’agencement et de composition. Bien sûr, et pour rester honnête, ce premier album n’est pas de ceux qui marqueront les esprits. Il est plutôt à envisager comme une démo améliorée, une carte de visite destinée à exposer les possibilités d’un musicien qui n’en manque pas, et qui est capable de se charger de tous les postes, de la guitare au chant en passant par la programmation, les arrangements, et la production, celle de Night Shift étant encore un peu light, mais professionnelle. Le musicien le dit lui-même, son travail se veut « Heavy, mais avec quelques touches plus légères » et cette assertion est certainement celle qui définit le mieux sa musique. On trouve évidemment des traces des mentors du créneau, de AT THE GATES à DARK TRANQUILITY, en passant par SOILWORK ou IN FLAMES, mais aussi quelques réminiscences moins marquées Death comme CREMATORY ou FEAR FACTORY, lorsque le côté mécanique et automatique des compos est plus accentué. En résulte donc ce fameux Death mélodique et subtilement Industriel dont se targue l’auteur, qui malheureusement, et ce malgré un talent indéniable, ne parvient pas encore à nous convaincre totalement. Premier écueil, le son de la programmation, encore un peu trop synthétique, et le second, pas des moindres, l’aspect trop homogène de compositions qui semblent se fondre les unes dans les autres sans réelle différence. Mais lorsque la mécanique est bien huilée et que les thèmes sont accrocheurs, on se laisse amadouer, comme dans le cas du percutant « Fragments of Grandeur », qui suggère une union fugace mais efficace entre le CARCASS des années pré-split et le STRAPPING YOUNG LAD le plus léger.

Pas de chef d’œuvre à attendre donc, mais là n’était pas l’intention. Avec NUCLEAR WINTER et Night Shift, Gary voulait se faire un nom, et montrer ses capacités. La mission est donc remplie, et admettons que l’artiste/instrumentiste parvient souvent à trouver des riffs ou des arrangements vocaux tout à fait persuasifs. C’est spécialement sur la seconde moitié de l’album qu’on remarque ces aptitudes, avec un « Third War » vraiment catchy aux nombreux chœurs enchevêtrés. On regrette principalement que Gary n’ait pas choisi une option plus évolutive, avec des morceaux plus concentrés sur les ambiances, le format restant désespérément classique dans le fond et la forme, et jamais au-delà de trois ou quatre minutes. On sent pourtant que Stautmeister a le potentiel pour faire des choses plus ambitieuses, lui qui ne recule jamais devant une atmosphère savamment travaillée aux synthés, et rappelant clairement les travaux de Burton C Bell et du gros Dino (« The Coming Darkness »). Et bien que l’ensemble soit encore un peu fragile, le potentiel est bien là, et avec quelques années d’expérience en plus, le concept NUCLEAR WINTER pourra et devra devenir plus solide, et moins axé sur des systématismes de jeunesse et des influences trop marquées. On retiendra pour le moment une bonne compréhension du Death mélodique et de ses impératifs (guitares volubiles qui valsent entre riffs charnus et mélodies ténues), une utilisation très fine des couches vocales (la voix du monsieur n’est pas désagréable en clair comme en growls), mais une timidité de composition qui empêche les morceaux de vraiment décoller. On en oublie vite en tout cas que l’intérêt de départ se soit limité à une provenance géographique, et même si Night Shift n’est pas le genre d’album vers lequel on revient souvent pour en percer les secrets, il est bien plus qu’une note d’exotisme remarquée sur une page envahie par les habituelles références suédoises, allemandes ou américaines.           


Titres de l'album :

                           01. The Western Gate

                           02. Down Where We Belong

                           03. Blueshift

                           04. The God Without Shadows

                           05. Life Sick Hearts

                          06. Years Lent

                          07. Fragments of Grandeur

                          08. Third War

                          09. The Coming Darkness

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 22/05/2022 à 18:54
65 %    548

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Seb

Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!

13/06/2025, 00:29

Styx

Bonjour. L'album paraîtra ce vendredi 13 Juin 2025.

12/06/2025, 20:35

Moshimosher

je voulais dire vidéos plutôt que clips...

12/06/2025, 01:07

Moshimosher

En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)

12/06/2025, 01:04

RBD

Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.

11/06/2025, 12:53

michael scott

god no please no lol

11/06/2025, 11:37

Licks0re

Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon ! 

09/06/2025, 21:35

Jus de cadavre

Super report mec ! Le genre de fest qui me plairait de malade !

09/06/2025, 10:53

Salmigondis

  Cry for the fallen trouser ?

08/06/2025, 13:34

ALK putain de POTE

SIDA visuel et auditif

08/06/2025, 10:08

DCD

Le clip du premier single :https://www.youtube.com/watch?v=JSAlEVzLhDc

07/06/2025, 09:18

Arioch91

Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)

07/06/2025, 09:04

stench

J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.

07/06/2025, 08:32

Humungus

On en cause de la chemise trop petite qui laisse dépasser la panse ?

07/06/2025, 07:39

Drina Hex

On se retrouve en live

07/06/2025, 01:23

Moshimosher

Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant  que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)

06/06/2025, 18:05

Moshimosher

je vois pas, plutôt...

06/06/2025, 18:02

Moshimosher

Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...

06/06/2025, 18:02

Humungus

Miam miam !!!

06/06/2025, 11:44

Arioch91

Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !

04/06/2025, 21:00