Now or Never

Supernova Plasmajets

22/10/2021

Pride And Joy Music

Parfois, on se laisse embarquer tout en sachant que, on devine que derrière le décorum se cachent des heures de préparation, que les posters sont neufs, que les accessoires ont été commandés sur Vinted, mais on accepte de jouer le jeu au nom d’une adolescence perdue depuis longtemps. On a beau savoir que le décorum est faux, que les détails sont grossiers, et que les hôtes n’ont pas vraiment connu l’époque qu’ils aimeraient recréer, on danse, jusqu’au bout de la nuit, en se souvenant des gloires anciennes, on se trémousse sur a-HA, BLONDIE, BON JOVI, et on oublie pour quelques instants le poids de l’âge. Mais de temps à autres, très rarement, on se fait vraiment avoir en découvrant une party donnée du côté de l’Allemagne, qui parvient en quarante minutes et quelques à nous replonger dans un passé que l’on pensait enterré, sans avoir besoin de faire un effort de compréhension ou de complaisance.

L’Allemagne de SUPERNOVA PLASMAJETS ressemble à celle de l’Amérique de Reagan, cette Amérique hédoniste qui a donné lieu à toutes les extravagances, malgré le SIDA, malgré l’augmentation du budget de la défense et le renforcement de la pudibonderie ambiante. Elle ressemble à ces clubs bondés et colorés, débordant d’une faune bigarrée à l’attente unique : prendre du plaisir sur les tubes du moment, se déhancher en fluo, et secouer sa tignasse laquée ou lookée sans se soucier du lendemain. Et à juste titre, puisque les lendemains ne furent pas vraiment chantant.

SUPERNOVA PLASMAJETS se compare dans sa bio à des séries nostalgiques comme Stranger Things. D’un certain côté, ils jouent l’honnêteté, mais de l’autre, je ne peux que souligner leurs torts. Aussi réussie soit cette série pour les fans des Goonies et autres teen movies du passé, leur musique est bien plus crédible que les artifices et autres barnums utilisés par les réalisateurs pour nous faire croire que les eighties ne sont pas mortes tant qu’on s’ingénie à les ramener à la vie. Depuis deux albums, les allemands diffusent leur art ludique et leur musique diablement entrainante, et nous entraînent dans un monde fait de néons roses et bleus, à la Michael Mann, sans avoir à forcer leur talent ni leur art de l’imitation.

Cette musique est plurielle, joyeuse, euphorisante et surtout, crédible. A l’image de l’extravagant JOHN DIVA & THE ROCKETS OF LOVE avec lequel ils vont tourner dans les mois à venir, les SUPERNOVA PLASMAJETS ont compris que l’exercice ne repose pas sur des gimmicks, mais bien sur une foi sans faille, et un amour réel pour l’antiquité de qualité. Alors, de fait, Now or Never convainc sans problème l’auditeur qu’il a par inadvertance allumé le bouton d’une FM du passé, et que les tubes qu’il entend sont tous issus du Billboard 100.

Pour peser encore plus lourd dans la balance de la crédibilité, on soulignera que le quintet s’est même fendu d’une reprise très crédible de la scie radiophonique 80’s de Taylor DAYNE, « Tell it to My Heart », qui prend ici un éclairage plus moderne et électrique, mais qui nous ramène droit à ces heures passées près de son radiocassette à traquer le dernier tube à la mode. De fait, ces cinq musiciens nous proposent la séquence de nostalgie la plus crédible du marché actuel, en reprenant à la lettre les composantes qui faisaient de cette époque une ère unique, et un terrain de jeu gigantesque avant la descente aux enfers. Aux commandes, des pseudos très convaincants. Avec Manni McFly (guitare/claviers), Randy Stardust (guitare), et Jennifer Crush (chant), le groupe peut donc s’appuyer sur une triplette d’artistes très expressifs, et rendre crédibles ces t-shirts de MÖTLEY, ces cheveux bleus azur, ces lunettes sorties tout droit de machines à tirettes de frairie, et ces clins d’œil appuyés à une décennie qui n’en finit plus de ressusciter sous les oreilles d’un public avide de sensations datées.

Ces musiciens sont excellents, et parviennent même à damer le pion de leurs homologues suédois, les rois autoproclamés de la photocopieuse temporelle qui marche au plutonium. Ils les battent sur leur propre terrain, parce qu’ils n’en font pas trop, et n’aseptisent pas leur message sous une couche de crédibilité forcée. Les individualités sont notables, et tout le monde s’accordera à reconnaître que la voix de Jennifer Crush, proche de celles de Cyndi LAUPER et Pat BENATAR est absolument fabuleuse, et transforme toutes les chansons en bonbons acidulés et piquants.

La chanteuse est une frontwoman de premier ordre, mais aussi une interprète incroyable de justesse dans le ton de recréation. Ses intonations juvéniles nous ramènent au meilleur du Rock féminin des années 80, sans gommer la patine Pop couchée sur bande par ses compagnons de route. Les riffs sont crédibles, incendiaires mais suffisamment polis pour sonner radio friendly, l’ambiance entre Hard-Pop de stade à la DEF LEP, SLAUGHTER, TYKETTO et Rock durci pour les stars de l’époque (CHER, Pat BENATAR), et les chansons jumpy, plus en tout cas que le registre formaté des THE LOCAL BAND (« Lonely Hearts In The Night »).

Entre synthétique distordu et distorsion sympathique, Now or Never nous lance une injonction qu’on serait inspiré de prendre au sérieux : c’est maintenant ou jamais. Alors que les raisons de faire la fête toute la nuit sont de moins en moins nombreuses, cet album tombe à pic pour retrouver l’essence même de la joie, et la confiance en un avenir que l’on pensait clément et porteur d’espoir

Difficile de résister à ces hymnes à la liberté, à cette basse ronde et jumpy sur le très WINGER/HEART « I’m Not Okay », à cette énergie punky sur le très BLONDIE de « Maria » développée sur le rageur « Fade Away », ou à ce démarquage de « Take on Me » sur « Take Me To The Underground ». Beaucoup de recyclage donc, mais fait avec amour, et le souci de l’authenticité. Un troisième album mature dans l’insouciance, et qui finalement, nous propose une salle des fêtes aménagée avec amour et fidélité. Un film pour les oreilles qui n’a pas oublié que les blockbusters de l’époque étaient encore de l’artisanat peaufiné, et pas une industrie du jeu comme aujourd’hui. SUPERNOVA PLASMAJETS, ou la vraie nostalgie avec fente pour y mettre ses pièces.    

               

                                                                                                                                                                                                 

Titres de l’album:

01. Pretty Bizarre (Intro)

02. Beggin’

03. Take Me To The Underground

04. Now Or Never

05. Deer In The Headlights

06. Lonely Hearts In The Night

07. I’m Not Okay

08. Fade Away

09. Break Me Down

10. Turn Around The Sky

11. Hello

12. Tell It To My Heart


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 06/11/2021 à 17:29
90 %    607

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.

28/03/2024, 16:07

Tourista

L'album de Pâques !  

27/03/2024, 19:56

MorbidOM

Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)

27/03/2024, 00:16

Saul D

Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...

26/03/2024, 13:16

Bulbe

Enorme !

26/03/2024, 08:06

Vivement le prochain Ep. Ça envoie du lourd

Putain c'est vachement bien 

26/03/2024, 00:15

Gargan

Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)

25/03/2024, 20:05

Humungus

C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...

25/03/2024, 09:21

RBD

Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.

24/03/2024, 19:53

Buck Dancer

J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)

24/03/2024, 13:34

Humungus

Je plussoie à mort ta bande son d'after hé hé hé...

23/03/2024, 11:02

Antidebilos suce mon zob

@antidebilos : t'es vexé, sac à foutre.

22/03/2024, 15:49

Oliv

Et le plan r fest ! 

22/03/2024, 15:21

antidebilos

"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules

22/03/2024, 09:04

Ivan Grozny

Tournée vue à Paris, merci pour le report.

21/03/2024, 21:01

Orphan

Tres bonne news des le matin. 

21/03/2024, 08:08

LeMoustre

A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.

20/03/2024, 12:18

Gargan

Ce son de toms n’existe plus depuis schizophrenia

19/03/2024, 22:06

LeMoustre

Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)

19/03/2024, 14:50

LeMoustre

Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)

19/03/2024, 12:13